28 novembre 2007

J+61-62 / Born to be dust !

Un dernier regard en direction de l’Ethiopie et nous prenons la direction du centre ville, nos semelles battant la poussière. Un rapide coup d’œil sur les bâtiments nous fait comprendre que cette petite bourgade n’est pas là pour accueillir les touristes, mais plutôt des gens en transit en direction de l’Ethiopie ou de Nairobi. Nous trouvons une première guest-house au confort très relatif, bref nous repartons en quête d’un autre hôtel. Nous nous faisons aborder par un jeune homme à l’œil vitreux, la voix engageante et la démarche légèrement titubante, mais il arrivera à nous mener jusqu'à un hôtel où nous trouverons une piaule pour la nuit. Je lui lâche quelques birrs pour le service, il en profite pour m’informer qu’il y a un départ de voiture de l’UN demain pour 500 Ks par personne. Marché conclut, rendez-vous demain 7h.

Une bonne douche au seau d’eau froide dans une cabine en ciment pour nous nettoyer des dernières impuretés que nous avons récoltées ce matin avant notre départ de Dilla. Propres nous nous engageons dans les ruelles sombres, sales et poussiéreuses à la recherche d’un restaurant. Faute d’en trouver un, nous finissons dans une d’auberge où traînent trois tables en plastique et quelques chaises, deux gars dans l’ombre finissent un repas en silence. Nous prenons place et attendons que quelqu’un veuille bien s’occuper de nous, mais personne n’a l’air de s’intéresser à nous. Enfin le tenancier vient nous voir, et nous commandons ce qui est encore disponible, ce sera « Fried meat with bred and two Coca ». Les cocas sont chauds et la viande immonde. Il y a plus qu’à aller se coucher.

Bipbipbip, 6h30. Nous rencontrons notre gars qui a l’air d’aller un peu mieux, il nous présente les gars de l’UN, qui en faite ne sont que des sous-traitants qui vont escorter la voiture de l’UN jusqu'à Marsabit car la zone nord est sujette aux attaques de bandits. Le chauffeur nous donne rendez-vous à la barrière vers 9h, mais quelle barrière pas le temps de lui demander qu’il est parti avec son 4x4 direction la police station pour préparer son voyage. Petit déjeuner au Bagdad-Hotel, finit le café, bonjour le Nescafé. Puis nous attendons sur la place centrale avec notre contact qui nous dit de patiente, il gère. De là nous pouvons voir le bus pour Nairobi, il ne donne vraiment pas envie de s’y installer. Des trucks en train de charger marchandises et passagers ; mais aussi quelques pick-up qui font le plein de personnes. Cela donne l’impression que tout le monde doit partir en même temps, une sorte de convoyage. Enfin notre contact nous fait signe de nous dépêcher, nous le suivons, faisons quelques mètres et nous retrouvons face à la barrière surplombée par une guérite occupée par des militaires qui nous demande de les rejoindre. Contrôle des passeports, quelques questions sur notre destination, ils nous demandent le numéro de la plaque du véhicule qui va nous emmener…nous sommes incapables de répondre. Nous voyons notre voiture passer. Notre contact nous dit de nous presser. Les militaires sont en train de noter des informations dans leur registre, un autre part noter le numéro du véhicule. On nous rend nos passeports, notre contact nous dirige vers une voiture, ce n’est pas celle que nous avons vue ce matin. « How much for Marsabit ? » « One thousand each » « It’s joke, I think five hundreds is a good price » « Ok seven, come on ». On va pour mettre les sacs, et le gars nous dit que finalement son pick-up est plein. Demi tour direction le bus, qui lui ne partira pas aujourd’hui faute de passager. Merde. Cigarette pour décompresser et petit savon à notre gars qui trace sans demander son tips. Lalou ne veut pas rester dans cette ville maudite une minute de plus et prend la direction des trucks, pour 700 Ks nous voilà au sommet d’un truck chargé de ferraille, les passagers doivent s’installer sur les barres de l’armature. A ma gauche un militaire. Le moteur se met en route, chacun s’ajuste sur les barres en fer du camion, un autre militaire grimpe pour vérifier les identités de chacun, la barrière s’ouvre, et nous engageons sur la piste qui domine une plaine immense qui s’étend à perte de vue. Tous les camions partent les uns après les autres, autant dire que nous sommes rapidement dans un brouillard de poussière, malgré le soleil qui cogne déjà bien fort. Le militaire enclenche sa mitrailleuse.

Une demi-heure de trajet, nous nous arrêtons. Contrôle d’identité, tout le monde descend. Nous nous mettons en ligne. Et les uns après les autres nous présentons nos identités, pour les jeunes qui n’en possèdent pas, le militaire vérifie leur bras peut-être cherche t-il des scarifications qui serait signe de majorité ? Nous franchissons la barrière à pied et nous remontons. Se suivront trois contrôles d’identité, cela rythme ce voyage d’une monotonie affligeante, plat pays, piste poussiéreuse et sans virage, aucune habitation. Vers midi quelques montagnes en vue, pause déjeuner, une pluie diluvienne prend la place du soleil. La pause finie, le soleil revient, nous repartons à travers un paysage encore plus désertique, la verdure a disparue et laisse place a quelques rares arbustes qui tentent de survivre dans la caillasse volcanique. En route nous récupérons quelques passagers supplémentaires victimes d’une panne de voiture, nous sommes chanceux car c’est le véhicule que nous aurions du prendre ce matin. Nous en chargeons d’autres dans un petit village, le confort devient de plus en plus précaire. Laetitia commence avoir sérieusement mal au bras qu’elle s’est blessé au départ de Dilla.

Enfin nous arrivons à Marsabit, le soleil se couche. On ne propose un bus pour Nairobi, encore 13 heures de voyage, la réponse est non. Après 5 jours sur les routes, il faut que nous reposions sinon nous ne tiendrons pas la cadence et puis nous avons grand besoin d’une bonne douche, nous sommes couverts de cette poussière rouge qui s’immisce partout. Nous choisissons le Jey-jey Hotel, le meilleur de la ville selon le guide.