28 juillet 2008

J+251-254 / Derniers jours en Colombie

Carthagène des indes, vieille cité post colombienne, qui vit de nombreux galions venant d´Espagne y mouiller pour décharger les esclaves et charger l´or. Nous venons à Carthagène pour son histoire et sa beauté mais aussi pour trouver un moyen de rejoindre le Panamá tout proche. Nous avions exploré la piste aéronautique mais elle s´est révélée assez chère pour une heure et demie de vol. Il nous reste encore deux solutions: un, longer la côte en bus jusqu´à Turbo pour s´approcher le plus près possible du Panamá puis prendre une multitude de petits bateaux afin de rejoindre Colón au Panamá ; cela nous prendrait quatre ou cinq jours. Deux, trouver un voilier qui rejoint Colón directement de Carthagène, avec une halte dans l´archipel de San Blas. Nous espérons trouver la réponse dans les rues de Carthagène où il y aura certainement des personnes pour nous renseigner, ce passage est une question en suspend depuis notre départ, car aucune route ne relie la Colombie au Panamá. Il n´y a qu´une forêt inhospitalière et tropicale, refuge de nombreux trafiquants, guérilleros et autres personnes plus ou moins fréquentable selon le degré d´aventure que l´on veut introduire dans son voyage.
A la faveur de la nuit nous débarquons près des remparts de la vieille ville. Avec nos sacs à dos nous la traversons, la semelle claquant le pavé et le nez en l´air en admirant les beaux hôtels dans lesquels nous ne dormirons pas. Nous ressortons par la grande porte et nous nous dirigeons vers des quartiers plus populaires. Nous arrivons dans une rue bien vivante, musique salsa venant de petites échoppes, des trottoirs encore plein de monde en train de discuter et d´autres à tituber ou déjà écroulés auprès de leur chère et tendre bouteille de rhum. Nous sommes bien loin des rues du centre historique déjà désertées par les vendeurs en tous genres, où seuls quelques touristes passent encore sous la lumières des réverbères. Sans problème nous trouvons notre hostel de voyageurs. A peine avons nous eu le temps de lancer un "buenas noches" que la réceptionniste nous renvoie un "hello, do you need a room?". Avec humour on aurait pu lui répondre "Yes, if we can pay in dollars?". J´aime pas beaucoup que l´on nous réponde en anglais alors que l´on a entamé la conversation en espagnol. Nous aurons l´occasion de rediscuter de cette forme d´impérialisme culturel dans un autre épisode. Revenons à Carthagène. Une fois posé nos affaires dans notre chambre sans fenêtre, nous repartons en quête de notre pitance quotidienne. En passant nous voyons sur le comptoir de l´hôtel une annonce pour un bateau qui part pour le Panamá dans deux jours. Nous appelons et prenons rendez-vous pour le lendemain avec un certain Marco à l´accent bien québécois. Nous grignotons quelque ACPM (Arroz Carne y Papas Maduras c´est à dire le plat typique colombien, riz, viande et bananes mûres) dans un petit resto à la lumière crue. Une petite promenade pour faire descendre et admirer les belles demeures qui hantent la vieille ville et nous nous jetons sous les draps.
Vers midi nous retrouvons comme prévu Marco dans le hall de l´hôtel en discussion avec un type à l´anglais teinté de vocalise post soviétique qui est aussi intéressé : Slava. Tous ensembles nous prenons la direction du port, nous embarquons sur un petit canot à moteur pas bien vaillant pour rejoindre le voilier, un douze mètres. Il ne faut pas bien longtemps pour nous décider pour la solution croisière sur les Caraïbes et abandonner celle de la baroude via la forêt du Darien. Rendez-vous avec Capitaine Marco dans deux jours sur le quai à quelques coudées de son voilier.
Nous occupons ces deux jours comme il se doit pour toute personne en voyage en pays étranger. Visite de la vieille ville, marche le long des remparts face à la mer, passage par un musée d´art contemporain à vomir. Lors d´un petit déjeuner dans un endroit où l´on sert autre chose que du ACPM dés le matin, nous rencontrons naturellement deux touristes et une nouvelle fois nous nous rendons compte qu´il est plus facile de créer des liens avec les autres voyageurs qu´avec les gens du pays. Entre touristes nous avons des histoires communes, nous butinons les mêmes lieux et nous nous recroisons parfois ; tandis que pour les gens du pays nous ne sommes que des gens de passages, ici pour trois ou quatre jours tout au plus. Alors au delà du "de quel pays venez-vous?" et autres formules de politesses, il ne reste plus grand chose à dire, parfois avec chance on peut discuter un peu de politique ou de football parfois même de Sarkozy !!! Et encore, la Colombie est peut-être le pays dans lequel nous avons crée le plus de liens avec les gens du pays. Même en essayer de passer un peu de temps dans certains endroits, on voyage trop vite, il faudrait pouvoir rester au minimum une dizaine de jours pour commencer à s´immiscer dans la vraie vie du pays et passer cette couche superficielle à laquelle nous nous arrêtons le plus souvent. Donc comme prévu nous nous lions avec quelques voyageurs en transit éphémère et nous nous retrouvons le soir sur une petite place où des gamins jouent au "futbal", tandis que les plus vieux discutent assis sur les bancs au pied de l´église. Une petite épicerie permet à tous de se pourvoir en boissons et autres friandises. Nous ferons de nombreux aller-retour pour nous charger de cette divine boisson qui délie les langues depuis des milliers d´années.
Et inéluctablement le temps vient pour nous de partir pour le port de plaisance. Nous retrouvons Slava et nous embarquons dans un petit taxi qui nous dépose près du ponton. Quatre autres personnes attendent, nous les saluons, nous nous présentons. Rapidement Morgan le Mousse de Marco (un français de Montpellier) arrive avec le canot et charge nos affaires pour les déposer sur le voilier. Quant à nous, nous restons à quai en attendant Capitaine Marco pour aller acheter de quoi vivre sur le bateau pour cinq jours. Nous remplissons deux bons chariots, je passe les détails des courses, votre imagination sera assez fertile pour en imaginer le contenu. Nous embarquons les uns après les autres sur le petit canot pour rejoindre le voilier. Capitaine Marco, Morgane, Slava le russe, deux colombiennes qui partent vivre au Panama, Erik l´américain, Kalin et Jason les british et nous deux digne représentants de la République Française. Nous levons l´ancre et prenons cap plein ouest.
Adieu Colombie bien aimée.

20 juillet 2008

J+246-251 / Les voyageurs des Caraïbes

Pas de répit, le paradis nous attend. Avant de partir nous dégustons un bon café moka avec le café que Rafael nous a préparé et nous mangeons des mangues que Victor nous a cueillies dans le jardin. Nous laissons le gros de nos affaires dans la maison, ne prenons que nos petits sacs à dos avec trois fois rien dedans et prenons un microbus pour le centre ville, avant que nous montions Victor s´assure que le chauffeur nous dépose bien au marché d´où nous pourrons prendre un autre bus pour l´entrée du parc. Nous arrivons au coeur du marché encore sale de la veille, avec la chaleur les odeurs montent, le purgatoire avant le paradis ? Le bus est là, sagement nous attendons qu´il se remplisse. Une vingtaine de minutes à mijoter dans la moiteur du bus et enfin nous quittons le purgatoire, le vent s´engouffre par les fenêtre grandes ouvertes et rafraîchit rapidement l´air ambiant. Nous traversons les zones un peu troubles qui bordent toute ville. Petit à petit les maisons de parpaings disparaisent, les chaussées se font plus propres et verdoyantes, les arbres font leurs apparitions. Sur notre gauche la jungle, sur notre droite la Sierra Nevada. Trente kilomètres plus loin le bus nous lâche, ça y est nous y sommes. Encore quelques pas, quelques pesos et nous aurons notre ticket pour les cocotiers, le sable blanc et la mer turquoise. Nous déboursons notre droit d´entrée beaucoup plus élevé pour les étrangers, on nous donne un joli bracelet à garder le temps de notre séjour. Mais avant de passer la barrière nous devons ouvrir nos sacs, comme le couple juste devant nous. Pour nous ce sera rapide, pour eux c´est plus problématique, le jeune homme est colombien, fabrique de l´artisanat et possède un bon stock de bracelets, chapeaux et autres babioles que vous retrouvez sur tous lieux touristiques qui se respecte. Le gardien lui fait remballer sa camelote, lui signifiant l´interdiction de vente sur le site qui se situe dans un parc national. Notre artisan argumente qu´il n´est pas là pour vendre mais pour préparer un festival. Rien à faire ses babioles et son matériel devront attendre sa sortie du parc.
Encore 10 kilomètres avant la plage, deux solutions : marcher le long d´une route bitumée dans la chaleur lourde et humide de la jungle ou bien payer un taxi pour nous emmener jusqu´au bout de la route. Nous choisissons le taxi ; un vieux pick-up datant de l´entre deux guerres arrive pétaradant et fumant. On charge les sacs, le chauffeur redémarre sa vieille guimbarde au fil, nous partons avec un joli vrombissement de diesel et une belle volute de fumée noire. Nous finissons le chemin à pied par un chemin très boisé aux sons variés de la forêt, des souvenirs d´Amazonie reviennent. Le pas léger et le dos suant nous arrivons enfin en bord de mer juste à temps pour le coucher de soleil. Pas de chance nous sommes orientés plein est et le soleil est déjà derrière la montagne. Nous retournons au camping le plus proche –il n´y qu´un hôtel de luxe dans le parc- et trouvons deux hamacs pour la nuit, nous déposons nos affaires et retournons sur la plage pour profiter des dernières lueurs du jours en amoureux, main dans la main, les pieds dans l´eau, écoutant le bruit des vagues en perdant notre regard dans le ciel étoilé. Nous touchons un coin de paradis ; mais le bonheur est de courte durée, nous avons faim... Notre estomac nous ramène jusqu´au restaurant de la plage. Nous rencontrons Florent et Hélène, des vacanciers français très sympas. Repus nous allons nous balancer dans nos hamacs et rêver de sable chaud et blanc mais avec l´idée de se réveiller à l´aube pour admirer le lever du soleil, n´ayant pu profiter de son couché. Il est 4h30 et nous sommes de nouveau les pieds dans le sable blanc pour un lever de soleil digne des plus beaux posters à l´affiche chez le premier tour opérators le plus près de chez vous. Après autant d´émotions nous retournons nous coucher.
Je vous passerais les détails de ces deux jours d´intenses activités dans cet endroit où l´eau turquoise vient se mêler au sable blanc en léchant d´immenses rochers ronds émergeants des bancs de sable sur fond de forêt vierge. De plus pour ne rien gâcher cette ambiance, les plages sont désertes. On trouvera un autre endroit pour balancer notre hamac chez des vieux de la vieille qui ce sont installés là depuis de longues années. Ils étaient bien pénards les frangins avant que le gouvernement colombien ne laisse la gérance à une compagnie privée et que s´installent d´autres propriétaires de camping à coup de bakchich. Peut-être vivons nous les derniers années de ce paradis bientôt perdu... Leur camping n´est pas très entretenu mais cette petite famille un peu loufoque est vraiment sympa. Le dernier jour un des frères apprendra quelques pas de salsa à Laetitia pendant que nous attendons qu´une pluie tropicale et diluvienne cesse. Même au paradis le ciel a ses caprices, cela donne une vision alternative interéssante à notre paysage de rêve ; mais nous empêchera d´explorer la jungle. La pluie durera trois bonnes heures et de promenade nous devrons nous contenter de la marche de retour que nous ferons avec Marielle, une française expatriée au Québec. Nous reprenons un vieux taco pour rejoindre la route principale, de là un bus qui nous dépose au marché de Santa-Marta.
Le temps de faire quelques courses en ville, de quoi manger et de quoi boire, ce soir Marielle et Florent viennent manger à la maison. Le temps de nous installer, Victor nous apprend que ce soir c´est son anniversaire. Nous préparons la tambouille et invitons Victor et son pote à partager le repas avec nous. Marielle et Florent arrivent chacun de leur côté. Une bonne soirée à faire plus ample connaissance et nous trinquons aux 50 ans de Victor. Il ne restera pas longtemps avec nous. Tranquillement la conversation suit son cours et arrive d´elle même sur le sujet favori des expatriés - Marielle depuis 5 ans, Florent depuis plus de 15 ans et nous depuis seulement 10 mois - Notre chère et tendre patrie que nous avons tous quittés depuis un bon moment. Le résultat est que la France vue de loin n´est pas aussi belle et romantique que les touristes étrangers veulent nous le faire croire ! Surtout quand on aborde le côté star-système et néo-capitaliste de notre nouveau super président et de son gouvernement. Bref entre gauchistes et après de nombreuses cervezas, nous sommes d´accord la France, l´Europe et le Monde vont mal. Sur ce constat nous allons nous coucher et rêverons nous peut-être d´un monde moins égoïste, consumériste et m´as tu vu et peut-être d´une nouvelle révolution inutile...
La journée du lendemain, nous la passons à nous ballader en ville, manger des glaces en bord de mer, errer dans les magasins à touristes, aller de musée en musée : tous fermés ce dimanche et oublier nos bonnes résolutions révolutionnaires de la veille. Retour à la maison le panier chargé de commissions. Nous discutons de tout et de rien en nous balançant dans les hamacs. Pendant ce temps Marielle nous prépare un bon petit plat aux fruits de mer que nous dégustons autour d´une bouteille de blanc bien fraîche. Bonheur et satiété.
Vient le temps des séparations, petit à petit la maison se vide. Florent repart pour le sud continuer son séjour de plusieurs mois en Colombie, Marielle part plus au nord peut-être la retrouverons nous sur la route en Amérique centrale. Il est midi, nous attrapons un bus qui part en direction de Cartagène. C´est pas la première classe comme bus, mais il avance et on en demande pas beaucoup plus.

14 juillet 2008

J+242-245 / En voiture pour les Caraïbes

Une accolade chaleureuse et rapide à Tomas qui est très en retard pour chercher son fils pour le déposer à son match de foot. Un dernier baiser à Olga les cheveux tout ébouriffés et encore toute endormie. Un sac devant, le gros derrière et nous fermons la porte sur Bogotá. Petite pluie fine. Au portail nous saluons le gardien, sautons dans un taxi. Quinze minutes plus tard nous sommes à la porte numéro 5 de la gare de Bogotá. Une semaine s´est passée. Nous décidons de faire un stop à mi parcours dans la petite ville de San Gil. Rapidement nous trouvons un minibus, à peine le temps de fumer une clope que nous sommes en route. Nous remontons toute la zone nord de Bogotá à la recherche d´autres passagers. Une fois plein nous prenons notre vitesse de croisière. Après quelques heures de route, nous arrivons à la nuit dans la petite bourgade. Nous trouvons un hôtel dans nos moyens, cette nuit notre chambre aura vue sur parking. Un tour en ville, resto et papotage qui nous apprend qu´il y a un charmant village qui s´appelle Barichara à visiter dans les environs, parfait nous avons notre programme pour le lendemain.
Le jour se lève, les voitures démarrent dans notre parking, ça nous réveille mais pas pour longtemps, nous nous rendormons jusqu´aux environs de midi. Un mauvais café et de bonnes pâtisseries et nous nous rendons dans la petite station de minibus qui desserre les pueblos avoisinants. A peine rentrés dans l´enceinte que nous sommes hélés et dirigés vers le bon bus. Il est presque plein et ne tarde pas à démarrer. Une demi-heure de petites routes sinueuses et montagneuses et nous arrivons dans un sympathique petit village, où immédiatement une envie de flemme et de bon vivre vous envahit. Nous nous dirigeons vers le café le plus proche, histoire de planifier cette éprouvante journée de tourisme qui nous attend. Résultat, nous allons visiter le village. Comme d´habitude, nous passons par les églises, le mirador de la ville, le cimetière, le petit musée local, le cimetière, quelques photos. Dans une des églises nous admirons un saint étonnant, pour commencer il est noir, jusque là rien de grave mais c´est plutôt ce qu´il tient dans la main qui nous surprend. Une autre particularité de la région, les ormigas culonas. Presque toutes les petites épiceries avaient des affichettes annonçant qu´elles en avaient à vendre. On a mis un moment à comprendre de quoi il s´agissait. En espagnol, una ormiga est une fourmi et on ne voyait pas le rapport. En fait ce sont de grosses fourmis, culonas ça veut dire avec un gros cul et elles sont grillées et vendues au poids pour être mangées à l´apéro comme des cacahuètes. On a testé mais pas approuvé, le gout est un peu fort et en fait on préfère les cacahuètes. Voici la triste et dure journée d´un touriste. Après cette éprouvante après-midi nous retournons dans notre hôtel avec vue sur parking souterrain.
Le lendemain matin nous visitons l´étonnant parc de la ville et ses arbres envahit d´un parasite fait de milliers de filaments végétaux vert clair qui pendent des branches jusqu´au sol. Nous récupérons nos affaires et sautons dans le premier bus direction Bucaramanga. De là nous réservons un bus pour Santa-Marta. Départ vingt-trois heures. Cela nous laisse le temps de découvrir la ville qui n´aura pas grand chose de spécial. Retour à la station de bus, nous claquons quelques pesos dans une machine à sous, qui sont omniprésentes dans toutes la Colombie à l´instar des casinos. Puis patiemment nous attendons l´heure d´embarquement en regardant la télé dans la salle d´attente. Le bus ni neuf, ni vieux entre sur le parking. Nous payons notre taxe de gare et passons le portique. Sacs en soute nous prenons place et nous endormons très rapidement. Réveil à l´aube, nous sommes à l´approche de Santa-Marta. Choc de température quand nous sortons du bus. Nous avons bien gagné dix degrés depuis Bogotá. Il est 6 heures dans une gare vétuste, un café et nous appelons Susana la personne qui s´occupe de la maison. Elle arrive dix minutes plus tard. Grand sourire, peau colorée par le soleil, habillée de blanc. Pas de doute nous sommes aux Caraïbes. En quelques minutes le taxi nous dépose à la maison familiale de Tomàs. Susana nous laisse entre les mains de Victor le gardien et nous dit de l´appeler si on a besoin de quoi que ce soit. Victor qui semble très sympas nous accueille, nous fait visiter la petite propriété, nous montre notre chambre, nous monte des hamacs sur la véranda, nous apporte des mangues et finit par nous accompagner jusqu´à la plage qui est toute proche. Ce n´est pas une plage de rêve, coincée entre les immeubles en constructions et les forages pétroliers au large, mais c´est suffisant pour y passer l´après-midi au soleil. Le paradis est prévu pour dans demain où nous prévoyons de nous rendre dans le parc de Tayrona.
La maison étant un peu éloignée de la ville, en fin d´après-midi nous reprenons un bus pour le centre. Le bus fait un crochet par un barrio, bien loin du paradis. Route cabossée et maisons en parpaings à peine recouverts de peinture, toits en taule. Nous nous promenons dans Santa-Marta à la recherche de notre pitance, en profitons pour découvrir la cité et prenons bien garde de ne pas rater le dernier bus pour la maison. Onze heures nous nous endormons à quelques blocs de la mer des caraïbes, mais demain nous foulerons le sable du paradis.

12 juillet 2008

J+235-242 / Incroyables colombiens Episode III suite

Dimanche 5 mai, 11 heures Bogotá s´éveille. Nelly, leur dame de maison nous apporte café, jus d´orange, tartines : pas si mal de vivre dans l´aisance ! C´est le jour de la fête des mères en Colombie. Rapidement Olga nous laisse pour rejoindre sa famille, il y a une bonne trentaine de personnes attendues. Tomàs traîne un peu avec nous le temps de me donner deux nouvelles leçons d´échecs et de partir à son tour et en retard pour rejoindre sa famille. Quelques dizaines de minutes plus tard nous sommes dans les rues de Bogotá, direction le marché aux puces ; de marché aux puces il n´a que le nom, c´est plus tôt un marché artisanal, cela nous va très bien pour occuper ce dimanche ensoleillé. Après ce premier aperçu de jour, nous ne pouvons pas dire que Bogotá soit une belle ville, mais plutôt une capitale à vivre. Entourée de montagnes, d´immenses artères la traversent où à toutes heures circulent bus, motos, voitures, dont beaucoup de nos légendaires R12, la Colombie est l´autre pays de la Renault 12, comme le Maroc est la contrée de la 504, le Mexique celui de la Coccinelle. Les bus il y en a de toutes sortes, des récents, des vieux, des customisés, des petits, des grands et des très très grands appelés "Transmilenio" ; ils fonctionnent comme des métros, ils traversent la ville sur des voies dédiées cela permet d´admirer la ville sans perdre trop de temps dans les embouteillages, regarder les graphitis qui font leur retour. Depuis Rio de Janeiro nous n´en avions plus vus d ´intéressants. On peut se demander si le graf est signe d´une société industrialisée. Dans ces bus ultramodernes, une chose étrange nous a frappés, des pancartes donnant la priorité aux enfants pour les sièges et Laetitia en a été victime lorsque qu´un jeune père de famille lui a demandé de se lever pour laisser place à son morveux de 6 ans. L´enfant roi, un scandale, par contre, les vieux peuvent rester debouts.
Nous passons une semaine à Bogotá, nous pensions passer un peu moins de temps mais Olga et Tomás n´ont pas voulu nous laisser partir avant que nous ayons fait la fête le samedi suivant. Bogotá, une capitale plus près des étoiles, un titre un peu usurpé selon nous après être passés à La Paz qui frise les 4000 mètres d´altitude alors que Bogotá atteint un petit 2000. Enfin nous sommes suffisamment près de la voie lactée et des nuages pour nous habiller chaudement contre le froid et nous protéger de la pluie. Nous occupons notre semaine à ne pas nous lever trop tôt, visiter les lieux que nous ont préconisés Olga et Tomàs. Errer dans la ville entre les immeubles, déambuler dans les boutiques, notament la mémorable librairie française. Nous passons plus d´une heure à choisir des ouvrages, nous arrivons à la caisse avec notre pile de livres entre les bras, satisfaits de notre choix. La dame prend le premier livre, annonce sans autre mot "45 mile cada" "45?" "si 45" "porque, no es 22 mile per libro" la réponse est "45" le ton monte devant tant d´ammabilité et si peu d´explications. Nous comprenons par nous même que l´étiquette sur les livres ne sont qu´un code, nous comprenons aussi pourquoi ces livres prétendus neuf ont l´air aussi vieux et poussiéreux. Nous reposons la pile de livres sur le comptoir et gagnons la rue où l´atmosphère est beaucoup plus sympathique malgré la pluie. Nous sautons dans le premier bus direction le centre ville où nous parcourons toutes les boutiques de livres d´occasions, avec toujours la même phrase en bouche "Tiene literatura francesa en frances?" dans 80% des cas les réponses sont négatives, mais nous finissons par trouver notre bonheur: que du classique, mais dans des genres assez variés, science-fiction, polar, romantique... Après cette bien palpitante aventure il est l´heure de se restaurer un peu. Nous gagnons "La Fausse Porte" un petit restaurant qu´Olga nous a conseillé près de la place Simon Bolivar où s´agitent au son de la fanfare un bon millier de soldats. Nous y mangeons un tamal, une préparation de viande et de légumes enrobée dans de la feuille de banane, typique et très bon. En sortant du restaurant nous admirons quelques minutes les soldats en fumant une cigarette ; il n´est pas possible de fumer dans le resto, mais je vous rassure cela reste possible dans la plupart des endroits en Colombie car c´est le propriétaire des lieux qui choisit sa politique nicotique. Bref on peut choisir, pas comme dans certains pays ; c´est peut-être cela la démocratie. A moins que la démocratie ne soit plus qu´un masque pour une minorité bien pensante et dirigeante où seule la consommation et le profit doivent régner tout en préservant l´apparence d´un être bienveillant pour la plèbe - aujourd´hui sommes nous autre chose qu´une plèbe portant nos élus et nos patrons tel des pharaons - qu´elle cesse d´écouter de jours en jours. Fin de la parenthèse. Sur ce nous partons de la place pour prendre un bus direction le casino, nous aussi ce soir nous allons brûler de l´argent sur les autels du dieu dollar. Nous déboursons notre droit d´entrée pour la partie de poker, 30 mille pesos pour 20 jetons, c´est tout. On s´installe, la partie commence : les blindes sont à 1 et 2, la déprime ça sent l´arnaque ce tournoi. Dix minutes plus tard les blindes passent à 2 et 4. Cinq minutes plus tard Laetitia se fait sortir, très très déçue, avec son As-Dame ; quant à moi je tiens une heure de plus et me fait sortir deuxième de la table finale. On prend un taxi, qui démarre pied au plancher direction l´appartement. Sur les artères désertes à cette heure, il fonce à plus de 100 kilomètres heures en ralentissant à peine au feu rouge, préférant jouer du klaxonne. Arrivés à destination il nous allège de 20 mille pesos de plus. Il y a des jours meilleurs que d´autres. On rejoint nos petits lits d´enfants (nous occupons la chambre de Matéo le fils de Tomàs) et nous nous endormons.
Nous nous apercevons que notre visa n´est que de trente jours, et quatre semaines pour la C
olombie c´est peu. Nous demandons à Tomàs où se trouvent les bureaux de l´immigration pour que nous allions le prolonger. Pas de problème pour lui il nous donne rendez-vous dès le lendemain à son cabinet pour nous y conduire. L´histoire ne sera pas aussi simple qu´il y parait et nous devrons le priver d´un temps sans doute précieux en errant d´administration en administration avant de trouver le bon bureau. Au passage il nous offre un très bon restaurant italien. Notre visa est en tout cas prolongé de deux semaines.
Une autre promenade nous emmènera au jardin botanique, où la plupart des climats colombiens sont reproduits : désert, montagne, jungle...puis nous gagnons "la city" quartier de buildings au pied d´un des coteaux de Bogotá, au sommet quelques 500 mètres plus haut domine un petite église toute blanche qui prend magnifiquement la lumière du soleil en ce jour d´orage. Arrivé au sommet après avoir emprunté le téléphérique, nous pouvons admirer la ville qui s´ettend sous nos yeux dans son voile de brume. La petite église qui était si belle d´en bas perd rapidement de son charme à la voir de plus près mais cela n´empêche pas quelques fous de course à pieds de la rejoindre en moins de 20 minutes en partant du bas de la montagne. Retour à la ville basse par des moyens plus économiques en calorie et en sueur. Nous passons par une maison qui fut habitée par Simon Bolivar fondateur de la grande Colombie et libérateur d´une bonne partie de l´Amérique Latine du joug de la couronne d´espagne. Simon ne devait pas avoir la vie désagréable quand il séjournait dans cette maison de plain pied entourée d´un charmant jardin des plus fleuris. Un dernier passage par le coeur de Bogotá et ses buildings d´affaires et nous rejoignons l´appartement d´Olga et Tomàs. Ce soir nous faisons une partie de poker tout les quatre, Tomás en fin stratège comprend rapidement les principes du jeu et de mises mais cela n´empêchera pas Olga de ramasser le pot final avec un style plus que déconcertant.
Le lendemain et dernier jour pour nous dans la capitale. Tomas part s´occuper de l´anniversaire de son fils et nous partons nous promener avec Olga, profitant de ce samedi chômé pour elle pour traîner et déguster un café dans un troquet de luxe Juan Valdez. Comme il se doit, nous clôturons notre séjour en sortant tous les quatre dans une Rumba. Nous buvons, nous dansons en écoutant les dernières chansons de La 33, un groupe de Salsa en pleine ascension et qui dépoussière l´esprit de cette musique bien souvent un peu conservatrice.
Le lendemain nous prenons notre baluchons direction le nord pour Santa Marta au bord de la mer où Tomás nous prête sa maison de famille pour quelques jours, ils sont vraiment incroyables ces colombiens...

6 juillet 2008

J+234 / Incroyables colombiens Episode III

Y´a de la rumba dans l´air
Midi. Bogotá. Fatigués, nous appelons Olga. Elle nous dit de l´attendre devant la porte numéro 5 de l´immense station de bus, elle ajoute que ce sera facile de la reconnaître puisqu´elle sera avec son mari noir dans une Chevrolet rouge ! Un peu d´info à propos d´Olga. Jeune femme d´une trentaine d´années qui a étudié le français il y a six ans à la Sorbonne. C´est là qu´elle s´est liée d´amitié avec Paula qui elle aussi étudiait le français dans cette vénérable institution. Paula est mariée avec Arnaud, le cousin de Laetitia. Paula sachant que nous passions par Bogotá, a appelé Olga pour savoir si elle pouvait nous aider lors de notre passage dans la capitale colombienne. La réponse d´Olga a été très claire : non seuleument elle veut nous rencontrer, mais nous héberger chez elle pour les quelques jours que nous passerons à Bogotá. Fin de la parenthèse. Alors que nous commençons à nous endormir en station debout, un klaxon nous sort de notre torpeur et Olga débarque tout sourire. Effectivement son mari Tomàs est noir, grand et lui aussi grand sourire, il y a aussi un petit Matéo, le fils de Tomàs à l´arrière de la voiture, lui aussi est très souriant. Débarqués à l´appartement, nous prenons place dans la chambre de Matéo qui dort en ce moment chez sa mère. On discute autour d´une assiette. Tomàs doit nous quitter pour rejoindre un ami pour un billard français, je lui demande si je peux me joindre à lui. Affirmatif, pendant ce temps les filles partent faire du shopping. Me voilà avec Tomàs et un de ses amis dans une immense salle de billard français. Ce type de billard est une institution en Colombie, vous pouvez en trouver dans à peu près n´importe quel bled paumé du pays. Résultat l´ami de Tomàs marque 100 points, Tomàs 85 et moi un superbe 20 points et j´ai aussi beaucoup appris sur la façon de jouer. De retour à l´appartement, je vois un jeu d´échecs, je lui propose une partie. Je me prends une rouste en moins d´un quart d´heure, il faut dire que j ´ai pas beaucoup dormi !!! Je lui promets la belle dès demain quand je serais en forme...
Nous discutons de la suite de la soirée, ils nous proposent un Bogotà by night. Parfait. Une micro-sieste et nous repartons tous les quatre pour visiter la ville. Nous passons par les hauteurs pour manger sur le pouce des épis de maïs en regardant briller les lumières de la ville en contrebas, nous redescendons dans le vieux Bogotá, nous faisons une petite pause dans un petit troquet où s´enchaînent de petites pièces éclairées à la bougie, la nuit va être longue, alors avec Laetitia on se commande un café, stimulant léger pour palier à notre manque de sommeil. On remonte en voiture direction une rumba, lieu où l´on danse la salsa. Arrivés dans le lieu, Tomàs donne une accolade par-là, une poignée de main par-ci, bref il est comme un poisson dans l´eau. Sauf qu´ici ça sent plus le Rum que l´eau minérale. "Alors les Muchachos, vous buvez quelque chose ?" Tomas ne nous laisse pas le temps de répondre "Je suis sûr qu´une petite bouteille de Rum, vous ferais le plus grand bien ahahaha!!!" "Bien entendu" - Quelques minutes plus tard la bouteille, le seau à glace et les citrons sont là. Les verres sont remplis et nous trinquons. Olga, Laetita et moi trinquerons beaucoup plus souvent que Tomas qui joue la carte de la prudence et de la sagesse du haut de son mètre 90 et de ses 50 ans. C´est lui qui conduit et en bon connaisseur des lois - monsieur tient un cabinet d´avocat - il préfère s´abstenir de trop boire, par contre cela ne l´empêche pas de remplir nos verres dès qu´il s´aperçoit malgré l´obscurité de ce lieu chaud et humide que le niveau de nos verres semble en zone rouge. Sur la piste de danse les couples enchainent les pas de danse comme nous les verres de Rum. Avec Laetitia nous sommes un peu timides devant tant de virtuosité. Tous les couples sur la piste dancent la salsa avec une telle aisance que nous hésitons à nous joindre à eux. Nous finissons par nous risquer sur la piste de danse, en espérant que personne ne fera attention à notre piètre prestation. La bouteille touche à sa fin, les signes de la fatigue commencent à se faire sentir. Nous tentons de glisser un billet pour payer la note, mais Tomàs n´a aucune intention de nous laisser faire et règle la note. Moteur direction la maison. Je crois que notre séjour à Bogota s´annonce bien, nous nous entendons très bien avec Olga et Tomàs. Rideau. Envoyez les plumards et faite tournez les ronfleurs.
Nous avons une bonne semaine à passer à Bogotá, Olga et Tomàs nous ont préparé un programme de visite avec les points inévitables : l´église Montserrate et son point de vue incroyable sur la ville, le musée Botero, la place Simon Bolivar, le petit resto "La fausse porte", le musée de l´or, le marché aux puces, le jardin botanique...
Suite dans le prochain épisode

5 juillet 2008

J+233-234 / Interlude : nuit blanche pour un café noir

Après trois heures de bus dans la cordillère colombienne avec un chauffeur pied dedans, dépassant voitures, camions et tout autre obstacle entravant sa route. Sains et saufs, nous arrivons à Ibague. Rendez-vous avec Rafael même heure, même endroit au kiosque à café du terminal de bus. Il nous rejoint, franche embrassade. Quelques minutes plus tard nous sommes dans son appartement où nous voyons trôner sur la table du salon une machine aux chromes rutilants. Fièrement Rafael nous explique qu'il vient de ramener cette machine à torréfier le café de Minneapolis et qu'il n'a pas encore eu le temps de l'essayer. Nous posons nos affaires et nous partons pour un restaurant 100 "% Carne. Chacun raconte ce qu'il a vécu ces dix derniers jours. Ana-Lucia le mariage de ses amis avec qui nous avions été au concert, Rafael son voyage à Minneapolis et nous notre kidnapping par les colombiens de Santa-Rosa. De retour à l'appart, je demande à Rafael s'il n'a pas envie de tester son nouveau jouet ; petit sourire. Il prend le bébé dans ses bras et le transporte sans tarder dans la cuisine. Il sort un bon kilo de café vert de derrière les fagots, feuillette la notice que rapidement nous abandonnons, notre niveau d'anglais mutuel étant trop faible, pour explorer par nous-mêmes les possibilités de la machine. La première torréfaction qui prend une bonne vingtaine de minutes sera une foirade complète, malgré la douce odeur qui se dégageait de la machine le café est brûlé. Rafael prépare une nouvelle dose de café vert pendant que la machine refroidit. Il modifie ensuite quelques courbes de températures et de temps et nous renouvelons l'opération. Cette fois le café sera à peine bruni. Nouvelle dose, cette fois Rafael à l'air plus satisfait du résultat, mais apparemment ce n'est pas suffisant. Il est deux heures du matin et nous nous levons tous demain vers six heures trente. Rafael et Ana-Lucia ont plus de trois heures de route pour rejoindre la famille de madame, quant à nous, nous devons prendre un bus pour Bogotá où nous devons retrouver Olga avant midi. Nouvelle torréfaction, il n'est toujours pas satisfait. Laetitia me remplace un peu auprès de Rafael pendant que je vais me détendre sur internet en jouant au poker. J'ai le temps de jouer une heure et de revenir que Rafael n'est toujours pas content du résultat. Nous restons avec lui jusqu'à 5 heures du mat. Quand enfin il se retourne vers nous et nous annonce qu'il a fini par trouver le bon réglage et qu'il va maintenant pouvoir nous torréfier une sélection des deux meilleurs cafés qu'il a noté la semaine dernière lors d'une catation qui opposait plus de quinze cafés différents. Encore une petite demi heure et nous nous couchons fatigués mais avec la fierté du travail bien fait, surtout Rafael !!! Je vous ai menti un peu dans le titre à propos de la nuit blanche, mais c'était pas loin. Nous dormons à peine une heure et demie et nous voilà à nouveau dans la cuisine pour moudre le café et le mettre en sac. Bien sûr Rafael prépare sa machine à Expresso pour la sanction finale. Verdict, ce café est 100 % pur, 100 % fuerte, 100 % black et nous réveille donc à 300 % et on en a besoin !
Adios y Muchas gracias Rafael y Ana-Lucia, nos vamos à Bogotá.