27 janvier 2008

J+98-101 / Au pays des pousse-pousses et des pirogues

L´heure de quitter Tolongoina est venue, direction Manakara sur la côte est et terminus de la ligne de chemin de fer. Un dernier regard vers les montagnes et nous prenons le chemin de la gare. Nous croisons le Général et Mariette venus au village pour la veillée du corps du défunt, un jeune homme qui a eu un accident de voiture sur l´une des routes les plus dangereuses de Madagascar qui va de Tamatave à Tananarive, les camions venant du port le plus important de l´île roulent à tombeau ouvert en direction de la capitale pour livrer leurs diverses marchandises. La sinuosité de cette route explique le très grand nombre d´accidents sur ce trajet. A Masdagascar, lorsqu´un décès survient dans un village, tout les habitants participent à la veillée funèbre qui peut durer plusieurs jours. Nous remettons à Mariette une enveloppe à l´attention de Jean-Baptiste en remerciement de son aide et repartons pour la gare. Nous n´avons pas longtemps à attendre avant que le petit train des montagnes entre en gare. Il y aL´heure de quitter Tolongoina est venue, direction Manakara, sur la côte est, au bout de la ligne de chemin de fer. Un dernier regard vers les montagnes et nous prenons la direction de la gare. En chemin nous croisons le Général et sa femme, venus au village pour la veillée du corps du défunt. C´est un jeune homme qui a eu un accident de voiture sur l´une des routes les plus dangereuses de Madagascar qui va de Tamatave à Tananarive. Les camions venant du port le beaucoup moins de monde et nous trouvons facilement une place pour nous asseoir. Le voyage se passe à merveille, il y a même un service glacière avec jus naturels et yaourts. Plantations de riz aux creux des montagnes, forêt à perte de vue mais nous pouvons y voir de nombreuses parcelles brûlées par les paysans pour cultiver le manioc. Le rendement est bon pendant quelques années puis décroît très rapidement, la friche laissée sur ces collines n´intéresse même pas les zébus, de plus elle est rapidement dévastée par les pluies torrentielles lors de la saison des pluies ce qui laisse présager des déserts à venir dans cette région du monde. En discutant un peu avec les gens nous apprendrons que ce n´est pas le seul facteur de déforestation. Il y a aussi l´action du président qui brade sa forêt aux pays riches, Europe, Etats-Unis et bien entendu la Chine, ce nouveau super-prédateur de ressources naturelles, tout cela pour quelques marchés plus ou moins juteux. Cette absence de gestion forestière est un fléau dévastant la forêt et qui menace l´économie du pays sur le long terme, fin de cette parenthèse politico-écologique. Le train peut continuer tranquillement. Petits arrêts dans les villages, passages de tunnels, le tout baigné de la lumière généreuse du soleil. Petit à petit les montagnes disparaissent et laissent place au relief plat de la côte est. Il est 15 heures, le train s´immobilise, nous sommes à destination. Tout juste le temps de mettre les pieds en dehors de la gare que les pousse-pousses se précipitent sur nous pour nous charger jusqu´à l´hôtel de notre choix, nous décidons de faire le chemin à pied. Nous nous installons « Aux Flamboyants » un petit hôtel tenu par Lionel, un vazaha, ancien entraîneur de boxe installé sur l´île depuis une dizaine d´années. Très rapidement nous sympathisons avec ce bonhomme très prolixe en paroles et anecdotes sur son ancien boulot, la culture japonaise et la politique malgache.
Nous prenons contact avec un guide régional que nous conseille Lionel : Musa. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin pour pagayer sur une petite portion du canal des Panganales. Ce canal de plus de 600 km qui longe l´océan aménagé durant la colonisation, servait pour le transports des biens le long de la côte est quand la saison des cyclones rendait trop difficile la circulation par voie de mer ; mais faute d´entretien, depuis plusieurs dizaines d´années sa fonction commerciale a disparue. Le soir nous irons déguster de la langouste à un prix défiant toute concurrence dans un petit restaurant tenu par une des nombreuses jeunes malgaches qui ont trouvé l´amour dans le porte-monnaie de vazaha quinquagénaires tombés amoureux de cette île aux charmes innombrables. Le lendemain huit heures, deux pousse-pousses nous attendent pour nous emmener au point de départ des pirogues. Drôle de sensation que d´être transportés par des hommes suant et la plupart du temps courant pieds nus et tout cela pour un salaire de misère ; nous devons mettre de côté notre ressentiment quant à leur situation et comprendre que c´est pour nourrir leur famille que ces hommes transpirent. Arrivés à bon port, nous retrouvons Musa et ses deux piroguiers et partons pagayer gaiement sur le canal. Quelques minutes plus tard nous nous arrêtons dans le village de pêcheurs où habite Musa et son jeune fils nous rejoint avec un poulet bien vivant dans le cas où nous ne trouverions pas de poissons à acheter pour le déjeuner. Trois heures de rame plus loin nous débarquons sur la berge du canal, nous nous rendons dans un village et les étales sont pleins, il y a même de petits requins ; mais c´est sans doute trop cher et Musa préfère prendre un gros poisson-chat, plusieurs poignées de crevettes et un fond de Tokagasy, un rhum des plus illégal puisque son degré d´alcool dépasse largement les 70...nous ajoutons quelques noix de coco et repartons à pied pour la réserve des lémuriens. Pendant une heure nous usons nos tongs sur la piste. La réserve est un peu loin de ce que nous imaginions : nous sommes dans un immense hôtel sans client, tenu par une riche famille chinoise de Manakara qui pour agrémenter leur parc y ont ajouté un mini-zoo. Petite anecdote, dans ce lieu il est interdit -« fadhi » en malgache- de porter du rouge -en souvenir de la guerre d´indépendance qui donna lieu à une bataille des plus sanglantes sur ce bout de plage- et de manger du porc par respect pour l´ancien propriétaire sans doute. Malgré le contexte nous apprécions ces jolis petits lémuriens mais tout cela manque un peu d´exotisme. Un bon repas, du bon rhum et nous repartons sur le canal où nous pouvons admirer les oiseaux : hérons, cardinaux, martin-pêcheurs, coucous malgaches, aigrettes...Une belle promenade au rythme paisible de la pirogue que nous finirons en amoureux en admirant le couché de soleil en se délectant de jus naturels, avant de s´attarder sur une superbe entrecôte de zébu dans une petite guinguette de bord de fleuve.
Le lendemain nous récidivons, toujours avec Musa pour guide, avec trois passagers supplémentaires en la personne du consul honoraire des Seychelles, sa femme et leur fille. Cette fois nous prenons la direction du sud du canal. Hier nous avions aidé pour ramer mais aujourd´hui nos petits muscles de vazahas sont trop courbaturés, nous nous contenterons de regarder le paysage. Au programme le Trou du commissaire, seul endroit ou l´on peut se baigner sans crainte dans la région puisque il est protégé des requins par une petite barrière de corail. Nous déjeunons sur une assiette géante constituée d´une feuille de l´arbre du voyageur, s´en suit une bonne sieste à l´ombre des cocotiers. Sur le trajet du retour nous visitons une plantation de vanille à l´agonie en raison du manque cruel de pluie. Au passage Musa et son frère nous montrerons différentes plantes médicinales que beaucoup de malgaches de la région utilisent encore, ce qui leur permet d´économiser le coût des médicaments qui restent très chers pour une grande partie de la population. Nous verrons aussi un plant de café solitaire, il est un peu chétif, à l´image de l´économie caféière de l´île. De retour sur la terre ferme le consul nous dépose à la gare routière où nous réservons nos places pour le lendemain pour Antsirabe, malheureusement il n´y a qu´un trajet journalier qui part à 16 heures avec une arrivée prévue à 4 heures du mat. Le soir nous retournons déjeuner « Chez Tina » à la lumière des chandelles car comme tous les soirs il y a coupure d´électricité sur Manakara, pour des raisons qui prêtent à débat chez les locaux. Le patron nous offre le digestif, un petit rhum arrangé au quat des plus fameux qui nous aidera à nous endormir comme deux souches après ces deux jours de pirogues bien sympathiques. Le lendemain petit bavardage avec Lionel et Philippe, un autre client de l´hôtel qui connaît bien Madagascar, nous leur faisons goûter le café éthiopien d´Harrar, une autre qualité que le Robusta local torréfié façon « ça va comme ça vient ». Seul petit bémol, c´est que l´eau du robinet, tirée du fleuve, est salée à cause du manque de pluie, et le café salé c´est pas terrible. En début d´après-midi nous prenons la direction de la gare routière à bord de nos pousse-pousses. Un dernier regard à cette plate bourgade. Une heure plus tard nous sommes projetés sur les routes à fond les manettes direction le nord. Impossible de fermer l´oeil dans ce cercueil roulant, tanguant, hurlant et crissant. Deux heures du matin nous sommes déposés à Antsirabe, deux heures plus tôt que prévu. Pas le tant de souffler qu´une bande de pousse-pousses se précipite sur nous. « moi c´est Jean, numéro 4 » « Baptiste, numéro 12, bon prix » « Roberto, numéro 5, bon prix » « Pousse-pousse numéro 8, chez Billy » « Chez Billy » résonne dans nos petites têtes saturées par tous ces gens qui veulent absolument que l´on monte à bord de leur pousse-pousse. A Manakara, Philippe nous avait aussi parlé de cet hôtel ; alors puisqu´il faut en choisir un ce sera celui-là. Petite discussion sur le prix du trajet et nous embarquons avec le 8 et le 11. Un quart d´heure plus tard les pousse-pousses réveillent le gardien, qui réveille un autre gars à l´intérieur et nous voilà dans un bon lit dans une des villes les plus froides de Madagascar, Antsirabe la Vichy malgache. Après demain nous serons en 2008.

26 janvier 2008

J+95-97 / Le Noël malgache (en tongs)

Pendant que nous prenons notre petit déjeuner devant le chalet, le Général et Mariette arrivent précédés de Jean-Baptiste. Ils ont eu notre message et viennent à notre rencontre. Ils doivent se rendre à 45 km de piste pour une visite et nous proposent de revenir nous chercher en fin de journée et de nous emmener à Ambohimisaf, le village où ils ont une petite maison. Ils nous demandent ce que nous avons prévu pour Noël, la réponse étant « absolument rien », ils nous invitent à passer les deux jours chez eux. Nous sommes ravis de passer Noël dans une famille et dans un village, loin des Noëls que nous connaissons. Nous profitons de cette journée pour essayer de rencontrer l'oncle de Dinh – M. Armand - qui possède une plantation de café pas très loin. Encore une fois, c'est Jean-Baptiste qui va nous servir de guide. Il est accompagné du petit-fils de M. Armand et ils vont tous deux nous conduire à la plantation. M. Armand est absent pour quelques jours mais sa fille nous accueillera. Nous empruntons un chemin aux milieu de rizières, magnifique. Jean-Baptiste qui connaît bien la faune et la flore locale nous donne les noms des plantes et des arbres et nous montre nos premiers caméléons. La famille de M. Armand ne parle pas français et c´est Jean-Baptiste qui fera la traduction pour lui expliquer qui nous sommes et pourquoi nous sommes là. Nous voilà en route pour la plantation. Pour l´atteindre il nous faudrait presque une machette ! Les caféiers, que nous avons du mal à repérer au milieu de toute cette végétation sont plantés à flanc de montagne sous des bananiers, jacquier et autres arbres tropicaux. La période de la récolte est passée, le lieu n´est entretenu que deux fois par an et comme nous sommes en saison des pluies la végétation à très vite repris ses droits. Le propriétaire n´étant pas là nous n´aurons pas d´explications sur la façon dont on cultive le café dans cette région de Madagascar. Nous apprenons tout même que la culture du café sur l´île va mal pour plusieurs raisons. D´abord à cause de la chute des cours mondiaux du café dans les années 90 et de la concurrence de plus en plus rude de pays comme le Vietnam, le Brésil, l´Indonésie ou la Côte d´Ivoire. Un autre problème auquel est confrontée la production locale est que le Robusta qui représente la quasi totalité de la production n´intéresse pas les pays occidentaux qui sont parmi les plus gros consommateurs de café au monde. La chute du cours du café couplé à l´inflation sur l´île font que les plantations sont à peine entretenues, que les paysans ne se donnent plus beaucoup de peine pour les entretenir, qu´ils ne renouvellent pas les plants donc il y a moins de rendement et que parfois ils préfèrent ne pas se donner la peine de ramasser les baies... la production ne sert donc plus quasiment que pour la consommation locale et très peu à l´export où le café de cette qualité s´est vendu en 2007 pour environ un dollar le kilo alors que des Arabicas de très bonne qualité peuvent monter jusqu´à 150 dollars. Nous quittons cette famille de fermier avec le secret espoir que les cours du café vont remonter et leur permettre de pouvoir sortir de ce cercle vicieux.
Sur le chemin du retour, nous croisons d´autres fermiers et à la vue de leurs bicoques on se rend vite compte que la situation n´est pas beaucoup plus brillante. Pendant que nous discutons, un témoin de Jéhovah nous aborde pour nous compter la bonne parole de ce Dieu si généreux qui fait tant pour la misère du monde. Il n´y a qu´à voir la prolifération des sectes dans ce petit village d´à peine 5 000 habitants, où la plupart des gens se font exploiter par des commerçants peu scrupuleux et souffrent d´illettrisme et vous comprendrez qu´un des seuls espoirs est de pousser les portes de ces sectes qui vont sans aucun doute les aider à sortir de la misère... Au moins en priant on pense à autre chose et on peut espérer que la vie sera meilleure quand notre âme ira rejoindre le ciel, là-haut le soleil brille...Sur ce je renvois ce saint homme vers des âmes plus à même de comprendre la sainte parole du Fils de Dieu.
A la nuit tombée le Général et son épouse sont de retour et nous partons aussitôt pour le village d´Ambohimsafy. Le village est encore plus petit que le précédent, une cinquantaine de maisons au bord du fleuve, face à une majestueuse montagne qui prête à la méditation quand la nuit s´éclaire d´étoiles. La maison du général se situe en hauteur par rapport au village et donne une bonne vue d´ensemble sur celui-ci. Pas de confort superflu, une cahute avec un trou pour les toilettes, un seau et un pichet d´eau chaude pour la salle de bain, trois pièces plus une petite cuisine au charbon de bois et un groupe électrogène, le seul du village. Nous sommes huit à loger pour les fêtes chez le Général, la femme du Général, sa soeur et son bébé, deux neveux et nous-même. Le Général débouche une THB de bienvenue, le neveu fait une rapide prière et nous pouvons commencer le repas tout en discutant de la politique locale et nationale. Mariette a perdu aux dernières élections de députation il y a quelques semaines de cela.
Le lendemain veille de Noël, nous aidons Mariette à finir de préparer des petites pochettes remplies de sucreries qu´elle distribuera à la sortie de la messe de Noël. Tous les ans elle en confectionne plus de mille ! Mariette et le Général ont beaucoup d´idées pour aider les habitants du village et surtout ils les mettent en place. Je part ensuite avec Roseline, une amie de la famille qui rigole tout le temps, pour décorer le sapin de Noël au temple lutherien du village. Elle ne parle pas français et moi le malgache mais pas besoin de parler pour accrocher des boules et des guirlandes. Des enfants amusés de ma présence sont là et jouent en attendant que le sapin soit prêt. Dans l´après-midi tout le monde se prépare pour la veillée, notamment les fillettes et les femmes qui se font de jolies coiffures nattées. La veillée commencera vers 20h au temple et se terminera vers 1h du matin ! Ce soir tous les enfants du village et de ceux des environs vont présenter les chants et les poèmes qu´ils ont appris ces dernières semaines. Lorsque nous entrons dans le temple, il est plein à craquer, les adultes occupent les bancs et tous les enfants sont assis par terre. Trois chaises nous ont été réservées. Les groupes d´enfants défilent les uns après les autres et tous semblent très fiers de chanter devant leur famille. C´est un peu long mais très agréable de voir toute cette communauté heureuse de partager ce moment.

Le lendemain, ça y est, c´est Noël. Les gens se font tout beaux pour se rendre au temple pour la messe. Encore une fois les chants emplissent le lieu et la joie semble au rendez-vous. A la sortie de l´office, Mariette distribue ses friandises aux enfants qui l´attendent. Tous repartiront avec leur petit sachet, pour certains c´est peut-être le seul cadeau qu´ils recevront. Après un très bon déjeuner et une petite sieste, le Général et Mariette nous ramènent à Tolongoina. Le lendemain nous avons rendez-vous avec Jean-Baptiste pour deux jours d´excursion dans la région. Malheureusement dés notre arrivée au village, il nous apprend qu´il y a eu un décès dans sa famille et qu´il ne pourra pas honorer sa promesse. Bien-sûr nous comprenons et décidons donc de quitter le village le lendemain.

19 janvier 2008

J + 90-94 / Qui voudra des vazahas pour Noël ?

Dans une dizaine de jours c'est Noël. Nous sommes en T-shirt, les tongs battent le bitume de la capitale ; nous déambulons dans les rues au gré du soleil et des averses. Découverte des marchés, des gargotes, d'un restaurant en bord de rizières, des quincailleries malgaches ; mais aussi la rencontre de différents membres de la famille de mon ami Dinh et Dieu seul connaît l'importance de la famille à Madagascar ! Au programme pour ces premiers jours : dégustation des produits gashs : yaourts frais, poulet, tilapia (un poisson d’eau douce), jus naturels, moufgasi (des gâteaux à base de farine de riz), litchis (en comparaison, ceux que l’on mange en France n’ont rien à voir) , mi-sao (un plat d’origine asiatique), steaks de zébu, le bonheur du palais. Après trois mois d'ascèse alimentaire imaginez le bonheur que nous avons pu éprouver à notre premier coup de fourchette. La Rue de Tana est très vivante, ça se bouscule entre piétons, voitures et marchés improvisés dès qu'un bout de trottoir est libre. Comme sur le continent la misère est très présente, beaucoup d'enfants et de femmes avec leur bébé mendient quelques Ariary la monnaie locale, nourriture, stylos, cahiers, bonbons. A coté de cette mendicité beaucoup de gens subsistent de petits boulots, vente de tabac de contrebande, borne téléphonique, revendeur de briquets, voitures miniatures et autres babioles « Made in China », cordonniers et cireurs de chaussures. Un autre élément important de la rue tananarivienne ce sont les taxis pour la plus part des 4L ou des 2CV, parfois de vieilles Peugeot 203 de couleur beige pour les officiels. La nuit le paysage change, des rues mal éclairées, peu de monde à part quelques badauds à la démarche plus ou moins sûre, parfois des filles faisant des allers et venus de façon suggestive, quelques flics qui contrôlent le vazaha espérant lui soutirer quelques thunes dans le cas où celui-ci aurait eu le malheur d'oublier son passeport à l'hôtel…heureusement nous l'avions avec nous.
Pendant quelques jours nous prenons la température de la ville, nous rencontrons quelques membres de la famille de Dinh. Philibert, un des oncles de Dinh que nous connaissons de la métropole et qui vient préparer sa retraite à Madagascar avec sa femme Clémentine, nous aidera à organiser la suite de notre séjour. Il nous prépare notre rencontre avec son ami le Général dans la région sud-est où se trouve un autre oncle qui tient une plantation de café. Il nous accompagnera jusqu'à la station de taxi-brousse pour acheter notre ticket. A peine a-t-il mis les pieds dans la station qu'une nuée de rabatteurs l'entoure pour essayer de l'attirer vers leur coopérative de mini-bus, mais tonton Toubib connaît son histoire et ne s'en laisse pas compter et va directement à la coopérative de son choix. Quelques minutes plus tard nous avons notre ticket pour Fianarantsoa, ville où nous devrons prendre le train pour Tolongoina. De là, il nous faudra prendre contact avec le propriétaire d'une gargote qui enverra un émissaire dans le village du Général qui habite dans un petit village perdu dans la montagne à 15 kilomètres de là. Ayez en tête que ces villages se situent dans la forêt primaire de l'est de Madagascar qu'il n'y a ni électricité, ni eau courante et que nous sommes en saison des pluies ; l'autre moyen d'y accéder sont des pistes qui ne sont pas toujours dans leur plus bel état en cette saison.
Le lendemain un petit déjeuner rapide dans un boui-boui de bord de route et nous embarquons dans taxi 4L direction la station de taxi-brousse au sud de Tana. La ville est prise dans les embouteillages et notre taxi, comme tous ses collègues, coupe le moteur à chaque arrêt même si ça ne doit durer que quelques secondes. Il faudra trois bonnes heures avant que notre taxi-brousse décolle enfin de Tana sous une pluie torrentielle. Sorti des embouteillage de la ville le chauffeur met le pied au plancher, enchaîne les clopes et les appels de phares, les virages se succèdent au son des crissements de pneus qui laissent une douce odeur de gomme dans le mini-bus, Espérons que l'un d'eux n'éclatera pas en route. Heureusement ce ne sera pas le cas et une heure après le levé du soleil nous sommes arrivés à destination. Sans perdre de temps nous nous rendons à la gare où déjà une bonne centaine de personnes attendent pour acheter leur billet de train. Nous voyons débarquer nos amis Maya, Michael et Fabien, une bonne surprise. Ils ont déjà leur ticket de première classe. Il y a beaucoup de monde, dans trois jours c'est Noël et les gens vont retrouver leur famille pour les fêtes, nous ne sommes pas sûrs de pouvoir embarquer. Finalement nous réussirons à acheter nos billets. La compagnie rajoutera trois wagons supplémentaires aux trois déjà accrochés à la locomotive et tout le monde pourra embarquer. A chaque nouveau wagon accroché c'est la ruée, nous devons nous battre pour réussir à monter et trouver une place debout entre les paniers, les valises, les poulets, sans compter toutes les personnes qui s'entassent tout naturellement comme des sardines. Avec à peine deux heures de retard le conducteur du train siffle le départ, doucement nous arrivons à notre vitesse de croisière qui doit s'approcher des 35 km/h. A chaque arrêt des gens montent et descendent, des revendeurs de tous âges passent sous les fenêtres pour vendre fruits, légumes, écrevisses, poulets, lapins... Nous retrouvons nos amis quelques stations plus loin et décidons de squatter leur wagon de première, histoire de papoter et de profiter du confort relatif de la première classe. 13 heures, arrivée à Tolongoina. Nous descendons tandis que eux continuent vers Manakara. Tolongoina est un village au cœur de la montagne, petites maisons de bois et de terre aux toits de branches, de paille ou de taule, pas une voiture ; les gens circulent à pied ou en charrette à zébus, tout le long de la rue principale des étales marchandes. Ambiance western malgache.
Nous trouvons rapidement notre premier contact, Monsieur Salala, mais il est trop alcoolisé et ne parle pas un mot de français, difficile pour nous aider d'une quelconque façon. Heureusement Jean-Baptiste un guide local vient à notre secours pour trouver une estafette piétonne qui part sur le champ pour le village d'Ambohimisafy à 15 kilomètres afin d'avertir le Général. Retour à la gargote pour patienter en attendant l'éventuel arrivée du Général si le message lui parvient ce soir et qu'il est au village avec son épouse Mariette. Nous devons aussi organiser notre rencontre avec un autre oncle de Dinh qui tient une plantation de café robusta près du village, gentiment Jean-Baptiste nous propose son aide. Pour patienter nous allons jouer au casino qui se trouve juste en face de la gargote de Monsieur Salala sur la place : une roue de bicyclette, une planche avec quelques numéros pour miser et voilà vous pouvez jouer à la roulette dans une ambiance improbable. Avec Laetitia nous sommes très émus, c'est la première fois que nous allons au casino. Entre temps Monsieur Salala viendra pleurer à notre table… La nuit arrive, pas de nouvelle de l'émissaire, nous avons perdu toute notre fortune de petits billets. Sur les conseils de Jean-Baptiste nous passerons la nuit à Tolongoina dans un petit chalet face à la montagne.
Après-demain c'est Noël.

15 janvier 2008

J+ 89 / Bienvenue à Antananarivo

Tous les quatre dans le taxi ; sans attendre la ville se découvre à nous, petites maisons en briques rouges de deux étages aux détails de façade tout en finesse. Nous nous émerveillons à chaque virage, à chaque franchissement de colline. Dans le haut se niche les maisons et dans le contre bas les rizières. Arrivés dans le centre les rizières ont disparues, elles ont laissé place aux marchés et à la vie commerçante et bouillonnante de cette cité aux 24 collines et ses deux millions d’habitants.
Arrivé dans le quartier d’Isoraka chacun prends ses quartiers de vacances. Nous nous retrouvons pour une petite promenade direction le palais de la reine qui domine toute la ville. En dégustant quelques litchis dans la cour d’une église, nous regardons la fin d’un match de foot qui a lieu dans le stadium un kilomètre en contre bas. En écho le grondement des supporters nous indique le résultat des penaltys. La nuit tombe c’est l’heure de l’apéro où nous nous abreuvons de la bière star, la THB ; puis du resto où nous dévorons notre premier steak de zébu arrosé d’un millésime malgache. Un ami de nos expatriés sud-africain nous rejoint, il arrive tout juste de la Réunion. Pour fêter ça nous prenons la direction d’un bar, où la THB continue à couler à flot. L’alcool faisant son office, nous nous lançons dans un karaoké endiablé, tout simplement sublime. Nous enchaînons par un billard sans queue ni tête… sans qu’aucun de nous ne s’en offusque le jour se lève, qu’importe il y a des coups à jouer et à boire. Mais tout chose ayant une fin, deux heures plus tard il faut bien fermer le claque. Bras dessus, bras dessous le patron du bar nous emmène au palace de la ville « Le Colbert » pour déguster les meilleurs croissants de Tana.
Il est 8 heures, une bonne heure pour se coucher.

Information générale

5 janvier 2008

J+87-88 / Une nuit aéroportée

Dernières heures sur le continent, 35° avec un taux d'humidité à peine supportable, sacs à dos sur les genoux, coincé sur les fauteuils d'un dala-dala qui fonce vers l'aéroport international de Dar-Es-Salaam. D'ici après demain nous mettrons pied sur l'île de beauté de l'hémisphère sud : Madagasdcar. Laetitia commence à être impatiente de découvrir sa rivale du sud, et de se rendre compte si Madagascar peut rivaliser avec sa Corse natale, cela est sans doute possible car une partie de la famille Guerini a déjà investit dans les casinos et les grands hôtels malgaches, et c'est sans compter tous ces corses qui ont choisit de prendre le maquis gash pour se lancer dans la production de charcuterie. Un autre point commun entre ces deux îles c'est le sanglier…
Une fois les deux fouilles effectuées et après avoir patienté gentiment dans le hall, les portes s'ouvrent et nous pouvons embarquer. Un vol sans difficulté, bref rien à raconter. Nous atterrissons trois heures plus tard à Johannesbourg, changement d'ambiance radical. Un aéroport immense, une infrastructure très occidentale, un parc automobile récent. Tous les produits de consommation sont victimes du suremballage. La nuit va bientôt tomber, notre avion pour Antananarivo décolle demain matin très tôt. Les seuls hôtels proches de l'aéroport sont hors catégorie pour notre budget et l'aéroport est loin de la ville qui est immense ; nous décidons de dormir dans l'aéroport. Première partie de soirée dans le bar fumeur autour d'une pizza et de soda made in Coca-Cola en regardant les employés de l'aéroport enchaîner les parties de billards avec une dextérité à peine croyable, pas plus de 10 minutes par partie. 10 heures, le bar ferme, nous voilà dans le hall principal à déambuler à la recherche du lieu propice pour passer la nuit. Petit à petit les lieux se vident, nous finissons par poser nos sacs dans le « Bay View » seul endroit où nous avons trouvé de la moquette. Seul inconvénient le bruit infernal que de la climatisation et les gens qui passent encore par là pour admirer les derniers avions atterrir en attendant sans doute que leurs familles débarquent. Nous nous endormons et profitons de ce sommeil très peu reposant avant d'être réveillés à peine quelques heures plus tard par l'équipe de nettoyage. Nous sommeillons encore un peu avant de prendre la direction des toilettes de la mosquée pour faire nos ablutions buccales. Après cette toilette des plus sommaires nous sommes maintenant en pleine forme pour attaquer la deuxième partie de notre vol pour Madagascar.
A peine arrivés à l'enregistrement, un malgache nous aborde et nous demande si on ne pourrait pas charger trois valises pour lui, car sa soeur n'a pas pu les prendre hier à cause de l'excédant de bagages. Pas encore très réveillés nous acceptons. Déjà l'embrouille commence, nous nous retrouvons avec trois étiquettes à notre nom, alors que nous n'avons que deux bagages. Laetitia n'aime pas ça ; mais le gars de l'enregistrement nous dit qu'il n'y a pas de problème qu'ils font ça souvent. Rassurés nous allons régler deux trois affaires, mais le doute persiste ; nous nous allons discuter avec le responsable de la compagnie qui immédiatement se rend auprès de la personne qui a enregistré les bagages ; il se fait passer un sérieux savon et part immédiatement remonter nos affaires. Trois quart d'heure plus tard les sacs sont de retour. Roberto le malgache n'a pas perdu son sourire et nous assure qu'il n'y a pas de problème qu'il trouvera quelqu'un d'autre. En remettant nos bagages sur le tapis roulant nous constatons tout de même que les étiquettes de nos sacs n'étaient pas à notre nom. Après un rapide petit déjeuner nous passons les sas anti-terroristes de l'aéroport puis abordons la zone de Duty-Free qui s'étend sur plusieurs centaines de mètres. De là nous rejoignons le bus qui nous amènera à l'avion. Nous faisons connaissance avec un jeune couple d'expatriés, Maya et Michael, qui bossent en Afrique du Sud. Une fois installés à nos places, nous attendons le départ et faisons connaissance avec Mathieu, autre français arrivant d'Australie. Dehors la pluie commence à tomber de plus en plus fort ; c'est avec une heure de retard nous décollons et petit à petit nous nous détachons du continent africain qui s'amenuise peu à peu avant de disparaître complètement sous les nuages. Nous voilà au cœur des cieux, parmi les nuages baignés de soleil…quelques heures plus tard nous replongeons. Par le hublot se découvre la grande île de Madagascar, une terre rouge parsemée de petites taches d'un vert très tendre - les plantations de riz -, traversée par des fleuves ocres jaune.
Nouveau changement de décor quand nous atterrissons à l'aéroport de Tananarive, beaucoup plus petit, pour ceux qui le connaisse, il ressemble à celui d'Ajaccio. Nous passons rapidement les formalités douanières et récupérons nos bagages. Nous partageons le taxi avec Maya et Michael pour rejoindre le centre ville et découvrir la ville aux 18 collines et ses petites maisons de briques.

J+81-88 / Zanzibar, l'île aux épices

C'est de Dar Es Salaam que nous prenons le bateau pour Zanzibar, l'île mythique. Zanzibar fait partie de ces endroits qui font rêver et ça y est, nous y allons.
Plusieurs compagnies assurent la liaison avec l'île et c'est bien sûr la moins chère, donc celle qui prend le plus de temps que nous choisissons. Il faut quatre heures au lieu d'une et demie et c'est la compagnie que choisissent aussi les locaux. Nous payons notre billet en dollars et à un prix nettement plus élevé que les tanzaniens mais du coup nous avons droit à la salle « vip » ! Le bateau est assez chargé et avant qu'il ne quitte le port c'est le seul endroit encore tranquille et surtout c'est le seul qui a la clim. Nous montons sur le pont pour profiter du départ et quand nous redescendons le carré vip a été envahit !
Nous nous calons dans des fauteuils en attendant l'arrivée à Zanzibar Town. Le premier aperçu est très prometteur, bâtiments coloniaux, petit port, eaux turquoise. Cette île, aussi appelée l'île aux épices (cannelle, cardamone, clous de girofle, muscade, cumin…), fait partie de la Tanzanie depuis 1964. La vieille ville de Zanzibar Town, Stone Town inscrite au patrimoine mondial par l'Unesco est la seule médina au sud de l'équateur. Elle est un mélange d'Afrique, d'Orient et d'Arabie.
Nous avons passé 3 jours à déambuler dans la ville, le plus sûr moyen de la découvrir en nous « perdant » dans les ruelles de ces quartiers. Nous y avons un peu retrouvé l'ambiance du Yemen et avons pu y admirer les fameuses portes en bois sculptées. Ici aussi le café se boit dans la rue et nous n'avons pas manqué de nous arrêter pour en déguster un assis sur le trottoir, d'ailleurs cette tradition vient d'ici. Au début elle était pratiquée par des immigrés peu argentés qui en faisait un moyen de subsistance, petit à petit c'est rentré dans les mœurs, puis dans les traditions avant de s'exporter vers le continent et même vers la grande île rouge.
Mais Zanzibar ce sont aussi les plages de rêves. Comme la plupart des touristes vont sur la côte nord, nous décidons de nous rendre sur la côte est, nous avons envie de calme et de farniente et la côte est est tout aussi paradisiaque. Après une heure et demi de dala-dala nous arrivons à Bwejuu, un village de pêcheurs au bord de l'océan. Un passager nous conseille le Makuti avec ses bungalows les pieds dans l'eau. Nous serons les seuls clients, un seul bungalow est prêt, les autres sont toujours en construction. C'est parfait pour nous, nous sommes sur la plage et au calme. Pour commencer doucement, le programme de la journée sera plage, nous avons cinq mètres à faire pour poser nos serviettes et contempler l'océan. Seule ombre au tableau, nous sommes en pleine saison des algues et le bleu turquoise est très légèrement perturbé par celle-ci, rassurez-vous rien de grave. Le service de ce petit hôtel est parfait, vers 17 heures le propriétaire vient nous voir avec le menu pour que nous puissions passer commande afin qu'il fasse les courses et que notre dîner soit prêt à l'heure que nous souhaitons. Ce programme nous convient parfaitement.
Pendant trois jours l'emploi du temps de variera pas beaucoup. Le matin la marée basse nous permettra de découvrir les femmes qui partent récolter, dès l'aube, les algues dans des petits champs qui se découvrent quand l'eau se retire vers la barrière de corail. Cette production est destinée au marché japonais qui est très friand de ces végétaux marins. Nous irons aussi nous promener le long de cette plage au sable blanc bordée de cocotier qui s'étend sur des kilomètres se terminant par un lagon, où se trouvent les grands hôtels à 1000 dollars la nuit, mais aussi les vendeurs de souvenirs monopolisés par les Masaïs de cocotier.
Nous serions bien resté quelques jours de plus mais nous avons un avion qui nous attend à Dar-es-Salaam.
De retour à Zanzibar Town, nous achetons notre billet de retour pour le lendemain, le trajet se fera de nuit avec une arrivée prévue à l'aube dans le port de Dar. Nous profitons de cette dernière soirée pour déambuler sur les quais où s'installent dès la nuit venue plein de petis étales où des vendeurs proposent des brochettes de la mer, des pizzas zanzibarites et autres petites choses qui ravissent le palais. Le lendemain nous passons par le marché couvert pour acheter quelques épices avant de préparer notre colis pour la France. Nous prenons un touc-touc direction la grande poste qui se situe en dehors de la ville ; nous nous présentons au guichet pour les colis, l'homme nous envoie au service des douanes de la poste. Nous cognons à la porte, personne ne répond. Nous ouvrons, là nous surprenons le responsable de la douane en pleine ouvrage : affalé sur la table en train de dormir, il se réveille grand sourire et nous prie de nous installer. Le colis préparé et placardé de timbres, nous payons et regagnons la ville pour une dernière petite marche sur le front de mer avant de récupérer nos affaires à l'hôtel. La nuit tombe, nous gagnons le port pour prendre place à bord du Flying Horse dans l'espace VIP où des matelas ont été installés au sol pour que nous puissions passer une bonne nuit entre mzungu ! Les moteurs se mettent en marchent, les amarres sont larguées et doucement notre bateau se détache du quai. Adieu Zanzibar.