21 décembre 2007

Joyeux Noël

Nous sommes à Madagascar depuis dimanche et hier, le 19 nous avons fêté nos 3 mois de voyage !
Nous ne savons pas encore où nous serons pour le réveillon de Noël mais probablement dans un endroit ou nous n'aurons pas internet. C'est donc avec un peu d'avance que nous vous souhaitons à tous de très bonnes fêtes.
Avec ce soleil nous avons un peu de mal à réaliser que c'est dans 4 jours, d'autant qu'ici nous sommes loin de la frénésie des achats de Noël que nous connaissons habituellement.
Nous sommes carrément en retard sur le blog, il nous reste à vous raconter quelques journées de notre séjour en Tanzanie et notamment les 6 jours passés à Zanzibar avant de passer au récit de la Grande Ile.

J+78-80 / Le café le plus haut d'Afrique !

De retour à Moshi avec un jour d'avance, nous retrouvons notre petit hôtel luthérien où pour le même prix que nous avions payé deux jours plus tôt on nous propose une suite... c'est pas le grand luxe, mais nous disposons d'un salon, d'une cuisine, douche et toilettes séparés, un réfrigérateur pratique pour garder l'eau au frais par ces grosses chaleurs. Nous y déposons notre baluchon.
Avant de partir nous avions vu qu'ils s'organisaient un Coffee Tour pour découvrir les plantations du Kilimanjaro, il était un peu cher, mais puisque nous n'avons pas tout dépensé lors de notre petit safari pourquoi pas en profiter. Le lendemain matin après quelques démarches nous finissons par rencontrer le responsable, il nous organise la petite excursion pour l'après midi. Rendez-vous est pris vers 15 h avec un guide qui nous attend dans le village d'Uru. Nous avons plus d'une heure de retard, quand nous sommes arrivés au Dala-dala, il était vide et nous avons dû attendre une petite heure qu'il se remplisse, puis qu'il traverse comme il pouvait une piste des plus caillouteuses jusqu'au village, une petite heure de plus. Notre guide nous attend à la sortie du bus et nous emmène jusqu'à la ferme, la pluie commence à tomber, avec le soleil toujours présent, cela donne une atmosphère étrange à cette randonnée à travers les caféiers du Kilimanjaro. Notre guide nous propose une petite halte pour prendre un café à la coopérative et la pluie cessant nous repartons à travers des petits sentiers qui nous emmènent jusqu'à une petite bicoque qui appartient à l'un des fermiers de la coopérative. Celle-ci vend sa production dans le cadre du commerce équitable, tous les fermiers qui sont adhérants touchent un peu plus d'argent ce qui leur permet de vivre un peu mieux et notamment d'envoyer leurs enfants à l'école au lieu de les garder aux champs. Josephat, notre guide nous installe deux petits tabourets dans la cour et commence son explication sur le cycle de production du café d'Uru.
D'abord planter la petite graine face plate contre terre, dans des petits pots à la terre enrichie. Quand la jeune pousse atteint le stade de 7 paires de feuilles, environ 7 mois, c'est le moment pour qu'elle soit repiquée en terre dans un trou de 30 cm d'arête en mélangeant la terre extraite du trou additionnée à de l'humus. Les plants de café sont espacés de 8 pieds les uns des autres. Pendant un an ils plants ont encore besoin de soins particuliers et surtout d'eau et deux ans plus tard les fermiers peuvent commencer à récolter les baies et cela pour les dix années à venir, après cette date la production et la qualité du plant vont décroissants. Il faut savoir qu'un caféier peut vitre une cinquantaine d'années ; parfois quand un plant n'est plus utilisé pour ses baies il peut l'être pour son bois de bonne qualité pour la marqueterie. La récolte des baies dans cette région à lieu presque toute l'année ; la floraison a lieu entre novembre et décembre. On peut parfois trouver sur une même branche, des fleurs, des jeunes baies qui mettront quelques mois à mûrir et les baies prêtent à la récolte, ce qui implique une récolte manuelle. Une fois les baies récoltées les fermiers les passent immédiatement dans une machine pour en extraire les grains qui tremperont trois jours, ce sont les cafés « washed » ; puis ils seront posés sur des tamis à quelques centimètres du sol et à l'abri du soleil - contrairement à l'Éthiopie - ce qui en améliore la qualité. La période de séchage dure une quinzaine de jour. C'est à ce moment de la production que le café est acheminé vers des places de vente aux enchères. Les fermiers en gardent une partie pour leur consommation personnelle. Josephat nous emmène derrière la ferme où un petit feu nous attend, une petite marmite en terre y est disposée, il pose les grains, puis remue doucement pendant une quinzaine de minutes. Petit à petit les grains commencent à prendre une couleur « robe de moine », une agréable odeur de café commence à se dégager. Ensuite il transfert les grains fraîchement torréfiés dans un pillon ; le grain se fait poudre et enfin il passe l'eau chaude dans une passoire pour remplir trois bonnes tasses de café que nous dégustons ensemble. Le meilleur café que nous ayons bu. Nous n'avons participé à aucune cérémonie du café en Éthiopie, mais cette visite en possède presque toutes les qualités! Heureux nous reprenons le chemin de la coopérative, où un homme nous attend pour nous redescendre à Moshi, mais avant cela Josephat nous invite à boire une bonne bière « Kilimanjaro » au pied du sommet du même nom, parfait. De retour en ville nous allons nous régaler d'une bonne pizza tanzanienne.
Le lendemain, nous sommes en place dès 9h30 devant l'office de booking « Dar Express » à 9h45 le car pour Dar-es-Salam entre en scène, le plus beau bus que nous ayons vu depuis longtemps, nos bagages sont mis en soute et nous prenons place sur nos sièges numérotés. À 10 heures le car se met en route pour la capitale tanzanienne. Comme prévu nous arrivons à 18 heures ; autant de ponctualité dans une même journée, décidément nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec l'Afrique. Sans trop de difficultés nous trouvons un hôtel, malheureusement sans climatisation ; c'est beaucoup trop cher pour notre budget. Nous passons cette soirée dans la moiteur en attendant de prendre le bateau le lendemain pour Zanzibar...

14 décembre 2007

J +76-77 / Chasse à la girafe

Il est venu le temps du safari. Nous avons quitté la petite ville de Moshi où nous avons fait un tour dans le marché couvert pour acheter de quoi subvenir à nos besoins alimentaires pendant deux jours. Au menu : mangues, bananes, fruits de la passion, tomates, boite de thon, riz et deux œufs durs que nous avons dérobés à la cantine de notre hôtel. Premier objectif le « Colobus Moutain Lodge » à l’entrée du Parc d’Arusha, au pied du Mont Meru, qui était le plus haut sommet d’Afrique il y a quelques millions d’années. Je vous épargnerai les détails du voyage jusqu’au lodge, si ce n’est le dernier où nous avons été pris en stop par une camionnette d’assistance d’une course de voitures genre Bullit qui avait lieu dans la région.
Arrivés au lodge, nous sommes confortablement installés dans un bungalow genre hutte tanzanienne version luxe. Murs blancs, toit de paille, lit à baldaquin et ce petit nid d’amour prend place dans un jardin à la végétation fleurie et luxuriante. Le décor est planté. Demain nous partons au petit jour pour découvrir les merveilles de ce petit parc que nous pouvons explorer en partie à pied, retour au lodge prévu dans deux jours. Nous avons rendez-vous le lendemain avec un ranger qui sera notre guide et le soir nous prévoyons de dormir dans un refuge au cœur du parc.
Ce jour tant attendu par Laetitia arrive, chaque nuit elle rêvait de girafes, d’éléphants, de zèbres et autres bestioles qui habitent l’imaginaire des mzungus - étrangers en Swahili - que nous sommes…cela devenait cauchemardesque pour moi, alors j’ai sorti les dollars et je lui ai offert son safari à ma petite chérie. Nous prenons un petit déjeuner très consistant dans l’immense salle à manger du lodge. Ce décor nous change de nos habituels lieux de gîtes qui au mieux possèdent une douche et des toilettes fonctionnelles. Nous sommes en plein luxe et c’est le lodge le moins cher que nous ayons trouvé. Je m’égards, revenons à nos girafes. Nous sommes à l’entrée du parc et réglons les formalités administratives, en dollars bien entendu ; et nous nous mettons à la recherche d’une voiture qui pourrait nous emmener au centre du parc, point de départ des randonnées. Cela ne prendra pas longtemps car en Tanzanie on ne laisse jamais un mzungu seul dans la jungle, bref nous voilà à bord d’une superbe Subaru 4x4 sans âge sur une piste caillouteuse. Au premier virage un peu sec, nous voyons apparaître sur notre gauche le long coup de dame girafe. Laetitia est aux anges. Notre chauffeur réattaque en première, prend le virage suivant comme il peut, nous manquons de rester coincés dans une ornière bien trop haute pour notre voiture de course plus adaptée au rallye sur route qu’à la piste pleine de nids de poules que nous sommes en train d’emprunter. Heureusement ça passe et nous découvrons à la sortie du virage une petite savane où nous retrouvons notre girafe accompagnée d’autres dames girafes, de zèbres et de buffles courrant dans le lointain. Quelques minutes plus tard nous arrivons au poste de ranger, où nous attend Naceri, ranger armé comme il se doit, que nous avions contacté l’avant-veille et qui avait eu la gentillesse de réserver pour nous une hutte dans le lodge car nous n’arrivions pas à joindre l’hôtel. Nous commençons notre randonnée direction le mont Meru chargés de nos sacs remplis de victuailles pour les deux jours. Après quelques minutes de marche nous découvrons encore une petite savane où paisse un troupeau de buffles, tandis que des phacochères gambadent joyeusement. , dominant la situation, quelques girafes traversent avec élégance cette scène des plus africaine. Pendant que nous commençons l’ascension, Naceri nous apprend qu’il n’y a qu’un chemin de promenade et que le reste du parc doit se faire en voiture…espérons que nous pourrons trouver quelques touristes pour parasiter leur voiture, ce qui nous éviterait d’avoir à en louer une, payer l’entrée de la voiture et celle du chauffeur, ce qui nous ferais une dépense supplémentaire de 120 dollars sans compter nos entrées à 35 dollars par tête !
En attendant profitons de la grimpette. La savane laisse place petit à petit à la jungle. Une végétation plus dense, de plus en plus de lianes, des arbres gigantesques chargés de mousse, tandis que d’autres laissent tomber leurs racines aériennes vers le sol… Des cris de singes dans le lointain, sifflement d’oiseaux. Quel délice de plonger dans cette anarchie tropicale. Après une heure de marche nous arrivons à l’arbre sacré du Mont Meru, il forme une arche tellement grande que les éléphants peuvent passer en dessous. Cet arbre est sacré pour les Masais, quand les pluies se font rare, ils viennent y prier pour invoquer la pluie salvatrice. Le pente devient de moins en moins ardue, nous laissons sur notre gauche un marais de montagne, quelques torrents forestiers et devant nous les arbres deviennent plus rares pour laisser place à un panorama exceptionnel : à 50 kilomètres de nous se dessine le plus haut sommet d’Afrique, le Kilimandjaro. Comme à son habitude il a la tête dans les nuages ; cela n’enlève rien à sa majesté volcanique. C’est l’heure de la redescente, retour dans la forêt par un sentier encore plus petit que celui que nous avons emprunté à l’aller. Nous découvrons dans la canopée quelques singes Colobus, très proches de ceux que nous avions vu lors de notre promenade au « point zéro du café » en Ethiopie. On pourrait qualifier ces Colobus de royaux par rapport à leurs cousins d’Ethiopie qui ont le poil plus court. Sur le chemin nous découvrons quelques crânes, dont un qui est celui d’un buffle qui a blessé un ranger lors d’une randonnée. Il est midi l’heure de la pause déjeuner au cœur de la forêt, nous nous installons sur un tapis de mousse et nous régalons de notre repas très frugal. Quelques minutes plus tard nous débouchons sur une étendue de sable noir, laissé la il y a quelques millions d’années lors de l’irruption du mont Meru. Sur ce sable quelques arbustes essayent de survivre, cet espace est traversé par un torrent, nous le remontons et arrivons au pied d’une falaise qui se resserre pour finir au pied d’une chute d’eau de plus de 50 mètres. Nous sentant très petit nous faisons demi tour et retrouvons la savane où nous avions abandonnées nos girafes, buffles, phacochères il y a quelques heures. Nous longeons la rivières les regardant brouter paisiblement. Il est 14h30, de retour à la porte des rangers, nous essayons de nous organiser pour le lendemain ; rapidement nous arrivons à la conclusion que nous ne pourrons pas continuer notre safari sans louer de voiture. Le chauffeur du matin qui travaille dans le parc, flairant la bonne affaire nous propose de faire le tour du parc avec sa Subaru avant que le parc ne ferme ses portes. Il nous demandes 70 dollars, après une courte réflexion nous acceptons, un safari en voiture de course cela ne se refuse pas, même si celle-ci est hors d’âge. Nous repartons à l’assaut des pistes accidentées du parc, et même si la voiture est une quatre roues motrices, elle du mal à franchir les obstacles qu’un Land-Rover passerait sans peine. Nous complétons notre paysage animalier : dik-dik – une sorte de mini gazelle - , gazelles des eaux, hyènes, hippopotames, singes bleus et babouins Gellada. Pour achever ce « game drive », le chauffeur gare sa voiture au sommet d’un cratère de plus de deux kilomètres de diamètre ; celui-ci s’est formé lors de l’irruption du mont Meru à 10 kilomètres de là ; cela donne la mesure de la force de l’irruption. Notre très sympathique et très malin chauffeur qui a aussi été un bon guide nous dépose au lodge, nous lui laissons notre nourriture que nous ne pourrons pas utiliser puisque nous n’aurons plus de cuisine à disposition avant longtemps. Notre safari est écourté d’une journée, mais nous avons tout de même pu voir l’essentiel du parc à l’exception des éléphants qui sont cachés dans la montagne en cette saison. Heureux, nous retrouvons notre petite hutte de luxe, une bonne douche et nous prenons place dans l’immense salle à manger du lodge que nous avons pour nous tous seuls, la saison touristique n’est pas commencée et les safaristes sont encore rares.

J+69-75 / Un camion pour Tanga

Nous n’avons que quelques mètres à parcourir depuis notre « border hôtel » pour passer la frontière kenyane. Les formalités de sortie d’un pays sont toujours assez rapides, surtout quand on a un visa en règle. Juste avant de passer la barrière, j’interpelle un routier pour lui demander le taux de change des shillings kenyans en shillings tanzanien et il nous conseille de faire notre transaction du côté tanzanien, plus avantageux. Il y a une zone d’une dizaine de kilomètres avant la Tanzanie et le village de Horo Horo où se trouve le poste frontière, nous les parcourons en matatu, sûrement le plus pourri de tout le pays, d’ailleurs il faut le pousser pour le démarrer et il n’est visiblement pas capable de faire un autre trajet que l’aller retour entre les deux postes frontières. Une autre preuve en est que contrairement à tous les autres minibus que nous prenons, ils ne le chargent qu’à moitié de peur qu’il tombe en poussière. Horo Horo est déjà très différent de son voisin kenyan de Lunga Lunga. La route d’asphalte est devenue piste, et oui, encore, et l’ambiance n’est pas du tout la même. Nous nous arrêtons boire un petit café en espérant que ce ne soit pas de l’instantané mais on nous sert du thé ! La serveuse enverra quelqu’un acheter un sachet de café en poudre en voyant notre déception ! Décidément les anglais ont eu une bien mauvaise influence sur la consommation de café des kenyans et des tanzaniens… Pendant que nous discutons avec un gars originaire de la région du Kilimandjaro, région d’origine du café, nous retrouvons le routier qui nous a renseigné sur le taux de change et il nous propose de nous emmener jusqu'à notre prochaine étape Tanga. Lui va à Dar Es Salaam mais c’est sur la route. Nous acceptons la proposition et nous retrouvons à partager la cabine avec 7 autres personnes. Et oui, à 9 ça rentre ! John, le chauffeur n’en fini pas de nous vanter les qualités de son beau semi-remorque Scania, et de faire rugir le moteur pour nous faire apprécier son doux bruit. Une demi heure plus tard, c’est la première panne. Super ton camion John ! Les deux mécanos descendent voir ce qu’il se passe. Que ce soit en Ethiopie, au Kenya ou en Tanzanie, les routiers sont toujours accompagnés d’un ou deux mécanos, vu l’état des routes c’est plus prudent, les pannes et surtout les crevaisons ne sont pas rares. Un coup de tournevis et ça repart, ouf. La piste n’est pas des plus facile et elle grimpe, ce qui n’arrange probablement rien. Sous son grand sourire, nous sentons John inquiet côté mécanique. D’ailleurs une nouvelle pause s’impose et nous devrons tous descendre en attendant que la réparation se fasse. John nous dit que ce n’est rien que son camion c’est le meilleur et que tout va bien. Nous ne demandons qu’à le croire et remontons dans la cabine mais nous sentons bien que l’engin peine et John a un peu perdu de sa bonne humeur. Et comme, jamais deux sans trois, un nouvel arrêt et cette fois ça a l’air sérieux. Nous nous installons à l’ombre et les deux mécanos galèrent sur une pièce qu’ils ne parviennent pas à démonter. Ils n’ont pas le bon outil. Stan leur propose d’utiliser son Lethermann et visiblement c’est ça qui va leur permettre de finir leur réparation proprement. Ca fait beaucoup rire tout le monde et pour fêter ça, John va nous trouver des mangues, des bananes et des noix de cocos. Ces fruits tombent à point, il est dans les 14h et nous n’avions pas déjeuné, nous nous régalons pendant que la réparation avance dans la bonne humeur. Il est encore tôt mais nous nous demandons si nous arriverons à Tanga avant la tombée de la nuit. John prévoyant et voulant nous faire une démonstration de la gentillesse et de la solidarité des tanzaniens arrête les camions qui passent pour leur expliquer qu’il est en panne et qu’il ne sait pas quand il pourra reprendre la route et il récupère une bouteille d’eau et un dîner dans sa petite boite hermétique. Il est très fier de lui et ses mécanos rigolent de ses bonnes blagues, et nous aussi d’ailleurs.
Finalement, le moteur repart mais n’a pas l’air au top et nous finirons les quelques kilomètres jusqu'à Tanga avant la fin de la journée. Jonh décidera d’y passer la nuit parce qu’il est trop tard pour aller jusqu’ à Dar Es Salaam et que son camion a besoin d’être plus sérieusement réparé. Avant de partir il nous donne ses coordonnées pour que nous essayions de nous revoir. Un sacré phénomène, ce premier contact avec les tanzaniens est très positif. Tanga est une agréable ville sur la côte est tanzanienne qui a eu ses heures de gloire en faisant le commerce du sisal. Malheureusement le port n’est maintenant plus aussi actif mais la ville a gardé son charme. Nous y resterons 3 jours pour nous imprégner de l’ambiance et aller voir les ruines de Tongoni, ancienne mosquée datant l’occupation arabe de la région, à quelques kilomètres. Elles se trouvent dans un petit village de pêcheurs face à l’océan indien et près d’une très belle mangrove. C’est aussi à Tanga que nous goûterons une spécialité musulmane, la pizza. Rien à voir avec l’italienne que l’on connaît. Celle-ci vient de Zanzibar et est une sorte de galette carrée fourrée de viande, légumes et œuf et cuite sur une plaque chaude, un régal ! Nous y apprendrons également qu’en Tanzanie il y a du vrai café, quand même, cela nous rassure. Il se trouve dans la rue où des vendeurs en proposent de petites tasses et il se boit assis sur le trottoir accompagné de croquants aux cacahuètes. On les trouve plus facilement dans les villes à majorité musulmane et c’est très agréable à déguster dans la rue à l’ombre. Après ce sympathique et reposant séjour, nous prenons la route pour Moshi, au pied du magique Kilimandjaro. Là-bas nous attendent deux missions : rejoindre le Parc National d’Arusha pour faire enfin notre safari et trouver les plantations de café. Dès notre arrivée, le plus haut sommet d’Afrique s’impose à nous, nimbé de son voile nuageux. En fin de journée, nous pourrons en admirer le sommet enneigé, éclairé par le soleil couchant. Impressionnant.

6 décembre 2007

J+66-68 / Kenya Express

Le camion file sur la piste direction Isiolo. Nous sommes bien contents d’être dans la cabine, niveau confort c’est incomparable ! Sur le toit, quelques passagers, que nous plaignons à chaque trou ou bosse, et un militaire armé, comme à chaque déplacement de camion, en tout cas dans le nord du Kenya. Visiblement des bandits attaquent parfois les camions, il y aurait eu deux attaques la veille dans la journée. Quand les camions sont escortés cela dissuade, forcément, et cela nous rassure. La piste que nous empruntons traverse en partie le parc national, nous avons d’ailleurs l’occasion de voir quelques animaux, un éléphant, deux hyènes, un chacal, des antilopes, un zèbre et beaucoup d’oiseaux, comme un échantillon de safari ! Le chauffeur connaît chaque difficulté de la route. Nous apprenons qu’il fait l’aller-retour vers Isiolo trois fois par semaine depuis 15 ans ! Il nous faudra huit bonnes heures dont six de nuit pour que notre chauffeur nous dépose à Isiolo. Il est minuit, heureusement il a ses habitudes dans un hôtel de la ville et il nous trouve une chambre facilement en passant par le veilleur de nuit. Nous sommes nous nous couchons sans manger, de toute façon, à cette heure-ci impossible de trouver quelque chose d’ouvert. Le soleil se couchant vers 18h30, les gens mangent en général vers 19h et souvent à 20h tout est déjà fermé. Isiolo ne présente pas vraiment d’intérêt. Nous n’y restons donc pas plus que la nuit que nous venons de passer et dès le lendemain nous décollons, direction Meru d’où nous pourrons prendre un bus pour Mombassa. Nous pourrions descendre tout droit pour rejoindre la Tanzanie mais près de Mombassa, à Diani Beach, nous devons passer voir des connaissances pour les saluer et récupérer la carte bleue de Stan qu’une amie a déposé pour nous une quinzaine de jours plus tôt. De toute façon nous ne pourrons malheureusement pas rester très longtemps au Kenya. Nous avons un vol de Dar Es Salam en Tanzanie, pour Madagascar le 15 décembre et nous n’avons pas pu le décaler à cause des vacances de Noël. Comme nous ne voulons pas louper le Kilimandjaro (La région du café) nous avons décidé de privilégier la Tanzanie.
Meru qui se situe à quelques kilomètres de l'équateur est la capitale kenyane du qat qui ici s’appelle le mirra. Nous avons constaté que le qat et le café sont souvent plantés au même endroit. Dès notre arrivée en ville nous demandons donc si il y a des caféiers dans le coin. Apparemment oui, on nous indique la direction et on nous conseille de prendre un taxi pour y aller. Le bus pour Mombassa part à 18h, nous avons le temps. Nous déposons nos gros sacs dans a l’office du bus et nous montons dans le taxi. A peine 5 minutes plus tard, nous nous retrouvons devant une grille qui s’ouvre sur la cours d’une usine ! Des caféiers, ici ? En fait il s’agit d’une société qui exporte du café ! Nous, c’était des arbres que nous voulions voir, mais pourquoi pas. Un gars au volant de son 4X4 tout neuf est planté au milieu de la cour, c’est le manager. Génial, il va pouvoir nous faire visiter l’usine. Il nous apprend que nous sommes dimanche, et oui, nous avons un peu tendance à ne pas forcément savoir quel jour nous sommes, donc l’usine est fermée ! Il nous donnera quand même quelques infos sur le café kenyan, comme par exemple que l’Arabica et le Robusta sont cultivés dans le pays et que le Robusta sert à faire le café instantané, que le café exporté est un mélange des différents cafés du pays et qu’au Kenya c’est surtout autour du Mont Kenya que les plantations se trouvent. Le déplacement n’aura donc pas servi à rien mais maintenant il est trop tard pour sortir de la ville pour voir des caféiers, le bus part dans 2 heures. Nous aurions pu rester une journée de plus mais nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous. A 18h, le bus part. Le toit est chargé de sacs de mirra et de fruits et de légumes pour les marchés de Mombassa. 12 heures et donc la nuit dans le bus pour rejoindre la deuxième ville du Kenya. C’est dans une chaleur étouffante chargée d’humidité que nous abordons la ville. Le bus débarque directement dans le marché ! Des dockers déchargent les sacs de mirra un à un au pied du bus. Des dizaines de gens qui semblaient attendre leur livraison avec impatience se précipitent et la récupèrent. Ils payent leur du pour le transport à un homme qui se retrouve rapidement les mains pleines de billets. Les bottes de qat seront ensuite vendues au détail sur le marché au consommateur final. C’était assez étonnant de voir ce bus entrer dans ce grand marché où se vendent toutes sortes de choses, des fruits, des légumes, des vêtements, des ustensiles de cuisine, des chaussures et du mirra. Diani Beach est à seulement une vingtaine de kilomètres. Nous devons d’abord prendre un bac pour passer sur l’autre rive. De là un matatu, minibus kenyan, nous emmène jusqu'à Diani. Nous avons prévenu de notre arrivée et nous avons rendez-vous dans un bar. Nous sommes un peu crevés après cette nuit passée dans le bus, nous avons enchaîné pas mal de déplacements depuis quelques jours et il fait très chaud. Et là nous aurons la démonstration que « les amis de tes amis ne sont pas forcément tes amis ». L’échange durera une minute chrono. Nous leur proposons de boire un verre mais ils refusent presque poliment : monsieur serait sous antibiotique, moi aussi et je ne la ramène pas… Ils nous donnent notre carte bleue, nous souhaitent bonne route et s’en vont. Nous n’en revenons pas et mettrons quelques minutes à réaliser. Le plus drôle c’est qu’en plus la banque de Stan n’a pas fait ce qu’il fallait et que la carte bleue ne nous est d’aucune utilité ! L’endroit ne nous plait pas tellement. Trop de touristes, et pas du genre de ceux avec lesquels nous pourrions sympathiser. Nous avons vu une femme accompagnée de son boy pour porter son chien-chien ! De plus, les prix sont assez élevés puisque l’endroit est touristique, nous décidons donc de passer la frontière tanzanienne dès le lendemain. Nous aurons toutes les plages que nous voudrons à Zanzibar. C’est à Lunga Lunga que nous devons nous rendre. Un matatu nous y emmène rapidement et nous voila dans un très joli village. Des baobabs et des cocotiers ont remplace les acacias et la vie ici semble paisible. Coté hôtel, c’est vite vu, il n’y en a qu’un et pas des plus chics mais cela fera l’affaire. Une petite ballade dans ce joli village pour imprimer dans nos mémoires quelques images supplémentaires du Kenya et demain nous changeons de pays, il nous suffit de passer la frontière et de parcourir la dizaine de kilomètres pour rejoindre le village tanzanien de Horo Horo et de transformer nos shillings kenyans en shillings tanzaniens grâce aux magiciens du black-marcket. L’aventure kenyane aura été de courte durée mais riche en événements et en rencontres et nous a donné envie de revenir pour une visite plus approfondie.

J+63-66 / Marsabit la maudite jamais tu ne la quittes

Toc toc toc… Mmmm Grrrrr…Toc toc toc. Laetitia se lève. “Yes ?” “If you want there’s a departure to Nairobi” “No thanks, we take time to have a rest” “Ok no problem”. Il est 6 heures du matin, Laetitia se recouche pensant que c'est du bus dont on lui a parlé. Nous nous rendormons aussitôt. Pendant que Laetitia s’accorde une grâce mat bien méritée, je prends mon petit-déjeuner en solo et je pars explorer le bled. Et là je découvre le premier héritage que les anglais ont laissé aux kenyans : le brouillard. Je ne vois pas à dix mètres. Rapidement je découvre le deuxième, la pluie. Les gens apparaissent et disparaissent tels des fantômes. Il est 7 heures, tout le monde vaque à ses occupations, toutes les petites échoppes sont ouvertes, certains poussent des brouettes de nourriture vers la petite halle du marché en évitant les grandes flaques de boue. Les bouchers dépècent les bêtes et balancent les restes au milieu de la place où les chiens attendent comme nous le ferions au restaurant quand un plat tarde à venir. Vers 10 heures, le voile de brume se lève et laisse place au soleil, un changement de décor radical, de la Grande-Bretagne, téléportation immédiate vers le Kenya. Quand le soleil se pointe c’est l’heure de sortir Laetitia du lit, car contrairement aux british, le brouillard ce n’est pas sa tasse de thé. Enfin nous arrivons au troisième héritage de nos amis d’outre-manche : le thé…A Marsabit il n’y aura pas de vrai café, mais que du Nescafé. Espérons que cela changera quand nous descendrons plus au sud du Kenya.
Avant de partir en promenade dans les alentours de la ville, nous faisons un petit tour à la banque pour changer nos derniers birrs, mais la banque refuse notre monnaie éthiopienne et nous renvoie vers le marché noir du village ! Nous supposons que l’Ethiopie est un pays trop pauvre et sa monnaie trop instable. Nous voilà à négocier nos restes de birrs, mais nous y perdons. D’un taux de 7 nous passons à 6, par rapport à ce que nous avions changé à Moyale ; nous allons de vendeur en vendeur, et toujours le même taux, on nous propose même de nous les acheter à 5…nous finissons tout de même après une âpre négociation à obtenir 6.05 et ce sera leur denier mot. Bien dégoûtés nous partons découvrir la région, terre rouge-orange qui se détache de façon très nette sur la végétation d’un vert flamboyant. Le tout agrémenté de cônes volcaniques qui ressemblent à des pyramides et des cratères ; comme si les égyptiens étaient passés dans la région pour préparer leurs prototypes il y a quelques millions d’années de cela. De retour de ballade, nous regardons si le bus pour Isiolo est arrivé. Il n’est pas là. Nous glanons quelques informations à propos de la ligne de bus Moyale-Isiolo et nous apprenons que ce n’est absolument pas une ligne régulière comme indiqué dans notre guide, mais que les bus partent quand ils sont plein, mais que personnes ne veut les emprunter vu leur vétustés ! Les passagers préfèrent trouver une voiture personnelle ou monter sur le haut des camions pour les moins fortunés. Donc ce bus journalier se transforme la plupart du temps en bus hebdomadaire, et nous ne l’avons pas pris alors qu’il était là le soir de notre arrivée ; sans commentaire. Nous serons peut-être plus chanceux demain. Le soir à l’hôtel, nous apprenons que la personne qui nous a réveillé le matin venait pour nous proposer de nous emmener à Nairobi ! Voilà ce que c’est de ne pas poser de questions quand on n’est pas réveillé ! Nous avons loup é une super opportunité de quitter le village…
Le lendemain au réveil, le bras de Laetitia a doublé de volume, sans doute le voyage en camion et les 8 heures de poussière sans discontinuer. Heureusement un médecin tient un cabinet dans le même bâtiment que notre hôtel. Rapide diagnostique, infection et elle confirme que la poussière en est sûrement la cause : antibiotiques, anti-inflammatoires, et désinfectant « Sphinx » dont la formule n’est pas indiquée sur la bouteille ; sans doute une préparation d’un rebouteux local ! Nous finissons la journée à vous préparer des textes pour agrémenter le blog, et prier pour que le bus arrive ce soir, car même si ce petit oasis de verdure est très sympathique, nous de l’avons pas prévu au programme et notre avion pour Madagascar décolle le 15 décembre, nous sommes le 22 novembre, soit trois semaines pour visiter le Kenya et la Tanzanie, alors que nous avons passé six semaines en l’Éthiopie. Le compte à rebours est lancé. 18 heures et aucun bus à l’horizon. Demain nous nous lèverons à 6 heures, et passerons en mode auto-stop, car nous ne voulons pas renouveler l’aventure sur le sommet d’un camion, surtout que le bras de Laetitia ne s’est pas encore rétabli.
Petit déjeuner : café, œuf sur le plat, Nescafé et mandazi : pâtisserie locale délicieuse. Toilette au chant du coq, et nous nous enfonçons dans le brouillard direction la station service, le meilleur spot pour catcher des voitures. Au bout d’une heure et demi pas de voiture partant pour le long court, que de la desserte locale. Un jeune homme que nous avions vu l’avant-veille vient nous voir, nous annonçant qu’il a un plan dans un camion, je vais voir au cas ou il y ait de la place en cabine. Faux plan, le camion ne part pas aujourd’hui. Je rejoins Laetitia qui est restée en poste pour guetter les voitures, en chemin je vais voir les voitures à tout hasard. J’arrête un 4x4 flambant neuf, la vitre s’ouvre, je reconnais le gars que nous avions croisé la veille à l’internet et qui galérait comme nous avec la connexion super bas-débit. « Jambo, how are you? » « Fine, did you manage yesterday with your gmail” “Yes I did, with time its’always possible” “So, what do you want?” “ May-be you go to Isiolo” “Not today” “mmm” ‘ But, I leave Marsabit tomorrow to Nairobi, if you’re interested” “Yes, of course !” “ 7AM, tomorrow morning” “Great, how much” “It’s free” “Really ? Asanti sana, see you tomorrow then”. J’annonce la bonne nouvelle à Laetitia, fier comme un pécheur qui ramènerait une prise exceptionnelle à sa femme, de quoi nourrir le foyer pendant plusieurs jours. Sur ce, nous retournons à l’hôtel poser nos affaires. Cela fait sourire l’organisation de l’hôtel. Nous décidons d’occuper notre journée en partant à la découverte de la nature, direction l’entrée du parc, pour voir si nous ne trouvons pas un petit chemin de traverse qui pourrait nous emmener dans cette forêt semi tropicale, et nous le trouvons. Il nous permet de nous engager sur les coteaux de cette montagne volcanique, nous découvrirons des babouins Geladas pas farouches et une végétation luxuriante comme dans les films de Tarzan avec la couleur, l’odeur et les bruits en plus…c’est génial nous sommes en plein film d’aventure. Au sommet nous rebroussons chemin direction la civilisation. Arrivés au village, un homme nous accoste et nous apprend que la personne qui devait nous emmener le lendemain matin a été appelée en urgence, qu'il nous a cherché, mais nous ne trouvant pas il est parti il y a deux heures environs. Il 15 heures, on a les boules. Nous reprenons notre bâton de galérien et allons de voiture en voiture en espérant en trouver une pour le lendemain. Au bout d'une heure nous nous résignons, nous préparant psychologiquement à nous lever une nouvelle fois à l'aube pour affronter le brouillard dans l'espoir de trouver un véhicule, à moins que le bus n'arrive ce soir ; ce ne sera pas le cas. Nous méditons sur notre sort dans le restaurant désert de l'hôtel ; à déguster le même menu que la veille et l'avant-veille...
5 heures, réveil. 5h30 Nescafé et oeufs sur le plat. 6h, douche. 6h30 nous sommes sur la piste jouxtant la station service avec la ferme intention de quitter cette maudite ville de Marsabite. Un trucker nous propose de monter sur le sommet de son camion pour à peine le double du prix normal, nous ne demandons même pas pour la cabine. Deux heures plus tard le brouillard commence à se lever et nous n’avons pas bougé d'un centimètre. Un petit jeune vient nous voir et nous propose de chercher un plan pendant que nous tentons le stop. Une heure plus tard, il revient avec un embryon de solution, un camion doit partir dans l'après-midi pour Isiolo et pour un bon prix il pourrait nous faire monter en cabine. Marché conclut, il est 10 heures. Au cas ou le camion ne partirait pas nous continuons à demander à toutes les voitures qui passent. Il est 13 h pas de nouvelles du routier. Le jeune reste dans les parages et en discutant il nous apprend qu’ici un père peut marier sa fille en échange de 10 vaches. C’est ce qui est arrivé l’année dernière à sa sœur de 16 ans. Elle faisait des études qu’elle a du arrêter pour être mariée a un homme qu’elle ne connaissait pas. Aujourd’hui ils sont sépares et elle se retrouve sans rien et avec un bébé. Comment gâcher la vie de sa fille pour 10 malheureux bovins…14 heures nous regardons toujours les mouches voler, et les voitures électorales faisant le tour de la ville pour vanter les mérites de leur candidat et dispenser de l’argent à qui voudra bien voter pour eux, il s’agit de la campagne présidentielle. La démocratie s’achète 200 shillings kenyans la voix. 16 heures, le jeune homme revient et nous annonce que le camion ne devrait pas tarder à se mettre en route, le chauffeur est parti chercher des militaires pour l’escorte. Nous nous regardons avec Laetitia, nous demandant si c’est bien vrai que nous allons pouvoir enfin quitter Marsabit la Maudite...

28 novembre 2007

Une petite sélection de photos d'Ethiopie

La connexion tanzaniene ne nous permet pas d'en mettre en ligne autant que nous voudrions mais en voici quelques-unes.


La suite, demain

Comme promis...


Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.

J+61-62 / Born to be dust !

Un dernier regard en direction de l’Ethiopie et nous prenons la direction du centre ville, nos semelles battant la poussière. Un rapide coup d’œil sur les bâtiments nous fait comprendre que cette petite bourgade n’est pas là pour accueillir les touristes, mais plutôt des gens en transit en direction de l’Ethiopie ou de Nairobi. Nous trouvons une première guest-house au confort très relatif, bref nous repartons en quête d’un autre hôtel. Nous nous faisons aborder par un jeune homme à l’œil vitreux, la voix engageante et la démarche légèrement titubante, mais il arrivera à nous mener jusqu'à un hôtel où nous trouverons une piaule pour la nuit. Je lui lâche quelques birrs pour le service, il en profite pour m’informer qu’il y a un départ de voiture de l’UN demain pour 500 Ks par personne. Marché conclut, rendez-vous demain 7h.

Une bonne douche au seau d’eau froide dans une cabine en ciment pour nous nettoyer des dernières impuretés que nous avons récoltées ce matin avant notre départ de Dilla. Propres nous nous engageons dans les ruelles sombres, sales et poussiéreuses à la recherche d’un restaurant. Faute d’en trouver un, nous finissons dans une d’auberge où traînent trois tables en plastique et quelques chaises, deux gars dans l’ombre finissent un repas en silence. Nous prenons place et attendons que quelqu’un veuille bien s’occuper de nous, mais personne n’a l’air de s’intéresser à nous. Enfin le tenancier vient nous voir, et nous commandons ce qui est encore disponible, ce sera « Fried meat with bred and two Coca ». Les cocas sont chauds et la viande immonde. Il y a plus qu’à aller se coucher.

Bipbipbip, 6h30. Nous rencontrons notre gars qui a l’air d’aller un peu mieux, il nous présente les gars de l’UN, qui en faite ne sont que des sous-traitants qui vont escorter la voiture de l’UN jusqu'à Marsabit car la zone nord est sujette aux attaques de bandits. Le chauffeur nous donne rendez-vous à la barrière vers 9h, mais quelle barrière pas le temps de lui demander qu’il est parti avec son 4x4 direction la police station pour préparer son voyage. Petit déjeuner au Bagdad-Hotel, finit le café, bonjour le Nescafé. Puis nous attendons sur la place centrale avec notre contact qui nous dit de patiente, il gère. De là nous pouvons voir le bus pour Nairobi, il ne donne vraiment pas envie de s’y installer. Des trucks en train de charger marchandises et passagers ; mais aussi quelques pick-up qui font le plein de personnes. Cela donne l’impression que tout le monde doit partir en même temps, une sorte de convoyage. Enfin notre contact nous fait signe de nous dépêcher, nous le suivons, faisons quelques mètres et nous retrouvons face à la barrière surplombée par une guérite occupée par des militaires qui nous demande de les rejoindre. Contrôle des passeports, quelques questions sur notre destination, ils nous demandent le numéro de la plaque du véhicule qui va nous emmener…nous sommes incapables de répondre. Nous voyons notre voiture passer. Notre contact nous dit de nous presser. Les militaires sont en train de noter des informations dans leur registre, un autre part noter le numéro du véhicule. On nous rend nos passeports, notre contact nous dirige vers une voiture, ce n’est pas celle que nous avons vue ce matin. « How much for Marsabit ? » « One thousand each » « It’s joke, I think five hundreds is a good price » « Ok seven, come on ». On va pour mettre les sacs, et le gars nous dit que finalement son pick-up est plein. Demi tour direction le bus, qui lui ne partira pas aujourd’hui faute de passager. Merde. Cigarette pour décompresser et petit savon à notre gars qui trace sans demander son tips. Lalou ne veut pas rester dans cette ville maudite une minute de plus et prend la direction des trucks, pour 700 Ks nous voilà au sommet d’un truck chargé de ferraille, les passagers doivent s’installer sur les barres de l’armature. A ma gauche un militaire. Le moteur se met en route, chacun s’ajuste sur les barres en fer du camion, un autre militaire grimpe pour vérifier les identités de chacun, la barrière s’ouvre, et nous engageons sur la piste qui domine une plaine immense qui s’étend à perte de vue. Tous les camions partent les uns après les autres, autant dire que nous sommes rapidement dans un brouillard de poussière, malgré le soleil qui cogne déjà bien fort. Le militaire enclenche sa mitrailleuse.

Une demi-heure de trajet, nous nous arrêtons. Contrôle d’identité, tout le monde descend. Nous nous mettons en ligne. Et les uns après les autres nous présentons nos identités, pour les jeunes qui n’en possèdent pas, le militaire vérifie leur bras peut-être cherche t-il des scarifications qui serait signe de majorité ? Nous franchissons la barrière à pied et nous remontons. Se suivront trois contrôles d’identité, cela rythme ce voyage d’une monotonie affligeante, plat pays, piste poussiéreuse et sans virage, aucune habitation. Vers midi quelques montagnes en vue, pause déjeuner, une pluie diluvienne prend la place du soleil. La pause finie, le soleil revient, nous repartons à travers un paysage encore plus désertique, la verdure a disparue et laisse place a quelques rares arbustes qui tentent de survivre dans la caillasse volcanique. En route nous récupérons quelques passagers supplémentaires victimes d’une panne de voiture, nous sommes chanceux car c’est le véhicule que nous aurions du prendre ce matin. Nous en chargeons d’autres dans un petit village, le confort devient de plus en plus précaire. Laetitia commence avoir sérieusement mal au bras qu’elle s’est blessé au départ de Dilla.

Enfin nous arrivons à Marsabit, le soleil se couche. On ne propose un bus pour Nairobi, encore 13 heures de voyage, la réponse est non. Après 5 jours sur les routes, il faut que nous reposions sinon nous ne tiendrons pas la cadence et puis nous avons grand besoin d’une bonne douche, nous sommes couverts de cette poussière rouge qui s’immisce partout. Nous choisissons le Jey-jey Hotel, le meilleur de la ville selon le guide.

J+61 / Ouverture du festival de la Loose pour nos deux mois de voyage !

Nous sommes le 19 novembre, cela fait donc 2 mois que nous avons quitté Paris. Au programme aujourd’hui, rejoindre Moyale, passer la frontière et rejoindre le Kenya. Nous avons nos billets en poche pour le bus qui part à 6 heures. Nous devons être à 4h45 devant le bus, nous prenons donc le chemin de la gare routière toute proche. A cette heure, il fait nuit noire et la ville ne dispose bien sûr pas d’éclairage public. C’est donc presque à tâtons que nous marchons sur le chemin de terre où nous faisons notre maximum pour éviter les bosses. Nous discutons de savoir si il vaut mieux être à droite ou à gauche dans le bus, rapport au soleil qui tapera fort quand il se lèvera, quand dans un cri je tombe droite comme un piquet dans une tranchée d’1 mètre cinquante de profondeur pleine d’eaux boueuses ! Stan enlève ses sacs et s’approche pour voir comment me sortir de là, après bien sûr s’être assuré que je n’avais rien de cassé, non, tout à l’air d’aller, et en traîtresse, la tranchée dont les abords sont irréguliers l’avalent à son tour. Il s’en sort comme il peut, trempé et pour ma part je m'en extrais grâce à l’aide de deux personnes qui avaient du assister à la scène. Ils sont désolés. Pas autant que nous. Nous sommes trempés de ces eaux usées. En effet, de nombreux trous jalonnent les rues de ce pays et maintes fois nous nous étions dit que c’était super dangereux. La preuve ! Evidement, rien ne signale ces gouffres ou en empêche l’accès. Ils doivent servir à se évacuer les eaux et les touristes ! La scène a du être assez drôle à voir de loin et heureusement je me suis juste explosée le coude droit, ça saigne et c’est assez profond mais rien de cassé. Je n’ose même pas imaginer la suite de l’aventure si je m’étais cassé un truc. Nous nous changeons avant de monter dans le bus parce que 8 heures dans un bus en Ethiopie ce n’est déjà pas la joie mais dans des fringues mouillées et dégueulasses c’est inenvisageable. Nous nous installons juste au moment où je me fais une petite baisse de tension sûrement due à la chute et nous voilà partis direction le Kenya. Le voyage est long et fatiguant comme toujours mais nous arrivons à Moyale avant la nuit. Nous nous installons pour déguster un dernier café éthiopien et en profitons pour changer nos birrs en shillings kenyans, au marché noir, ici les banques ne font pas le change du Birr vers une quelconque monnaie ! Le taux n’est pas super intéressant par rapport à l’officiel mais nous n’avons pas le choix, nous gardons tout de même la moitié de nos birrs au cas où nous trouverions un meilleur taux. Nous allons vers les services de l’immigration éthiopienne. Nous savons dores et déjà que nous allons galérer. Deux jours plus tôt nous nous sommes rendus compte que le visa était d’un mois alors que nous le pensions de trois comme la plupart et cela fait presque 6 semaines que nous sommes dans le pays. C’est vrai que nous avons fait l’erreur de ne pas vérifier et maintenant nous nous retrouvons au pied du mur. Les douaniers se rendent tout de suite compte du problème, et nous donnent la solution, retourner à Addis pour obtenir la prolongation ! Génial ! Au ton que prend la discussion nous sentons bien qu’il va y avoir une autre solution, moins légale. Apres avoir parlementer longuement nous leur proposons 600 birrs, eux demandent 1000. En sachant qu’à Addis le visa coûte 360 birrs et qu’il faut au moins quatre jours aller-retour plus ce que cela nous coûterait en déplacements, hébergements et nourriture, si ils acceptent nous nous en sortons bien. La discussion se prolonge et ils finissent pas trouver notre proposition honnête et apposent enfin le tampon de sortie du pays. Ouf ! L’idée de devoir retourner à Addis nous rendait dingue, c’est quand même pas la porte à coté. Soulagés nous nous dirigeons maintenant vers les autorités kenyanes où les choses se passeront beaucoup mieux. Contre 100 dollars nous avons 3 mois de visa pour visiter le pays. La tuile c’est que nous n’avons pas tout ce temps ! Premièrement notre visa tanzanien pris à Paris sur les conseils de l’Ambassade tanzanienne expire le 14 décembre et deuxièmement, notre vol pour Madagascar initialement prévu le 14 décembre ne peut être décalé, la faute aux vacances de Noël. Nous avons donc jusqu'à cette date pour « visiter » le Kenya et la Tanzanie, autant dire mission impossible vu la taille de ces pays. Nous allons devoir faire une sacrée sélection sur les endroits où nous allons et croiser les doigts pour que les transports ne soient pas trop lents ! Un festival je vous dis !

Le bitume Moyale-Ethiopie prend fin, et nous voilà sur les routes de terre de Moyale-Kenya…

24 novembre 2007

J+58-60 / En route pour le Kenya

Réveil à Sodo, dans un hôtel en rénovation. Une ville où beaucoup de routes arrivent et partent : Direction Addis Abeba, Jima, Arba Minch, Awassa…une ville qui existe pour sa position stratégique, bref une ville où le touriste ne fait que passer, et surtout ne s’y arrête pas, nous n’avons donc rien a faire ici. Alors nous nous rendons sans tarder à la gare routière. Nous trouvons facilement un bus pour Chachemene, d’où nous devrons trouver un autre bus pour Awassa. En dehors d’une petite crevaison, rien de bien palpitant à raconter sur cette petite bourgade poussiéreuse où le quartier de la gare sent les eaux usées. A noter aussi que le Rastafari Haile Sellassie dans sa grande générosité a accordé quelques centaines d’hectares pour que les Rastamans candidats au retour pour la terre promise puissent s’installer non loin de là.
Une pause de deux nuits à Awassa, petite ville sympathique bordant un lac où se débattent hippomanes, pélicans, calaos et autres bestioles fort exotiques pour les farenjis.
Après cette petite pause dans ce recoin de paradis, nous reprenons nos baluchons pour la ville de Dilla, dernière grosse ville avant Moyale qui borde la frontière avec le Kenya. Apres trois petites heures de bus nous arrivons à Dilla en début d’après-midi. Nous déposons nos affaires dans un hôtel non loin de la gare routière, le départ pour Moyale se fait le lendemain à l’aube. Nous profitons de notre temps libre pour découvrir un site néolithique, où des menhirs ont été élevés il y a plus de 4 mille ans. Pour changer nous serons escortés par une garde rapprochée de youyou.
De retour nous prenons nos tickets de bus pour le lendemain, nous dînons et nous couchons…

J+56-57 / En route pour Sodo !

Petit déjeuner face à la piscine et quelques longueurs, nous sommes prêts pour la traversée d’ouest en est par 150 km de piste récemment créée pour éviter de remonter plus au nord ce qui obligeait à un détour de plus de 300 km. Objectif, la ville de Sodo, ce soir si possible. A la gare routière nous nous renseignons. Plus de bus pour Sodo, ni pour Waka, les prochains sont demain matin à l’aube ; la destination la plus proche est Sheki. Pas le choix, nous embarquons. Le temps de remplir le bus et nous quittons Jima dans un nuage de poussière, au son des imams appellant à la prière du sommet de leur minaret en tôle ondulée.
Trois quarts d’heure plus tard nous arrivons à Sheki. Nous sommes en plein marché, odeur d’épices, de terre, de biquettes, étales colorés…on aurait envie de s’y arrêter et de flâner, mais notre équipement et l’attention générale que nous suscitons nous décide à rapidement prendre la tangente pour la sortie de la ville, accompagnés de notre cortège habituel de bambins, scandant leur « you, you » « Farangi » « Money, give me money ! » et autre « What’s your name ». A ces questions nous dispensons nos réponses habituelles « Yo, yo » « No money » « My name is Joe ». Après une petite heure de marche, nous trouvons un endroit ombragé où nous posons nos paquetages en attendant le premier véhicule pour tendre le pouce. Trois quarts d’heure se passent, toujours pas de véhicule. Nous avons le temps de faire connaissance avec quelques personnes, qui nous disent que le mieux serait de retourner à Jima et de prendre le bus du lendemain matin…sans commentaire. Une petite clope pour faire venir un hypothétique véhicule, mais cet appel reste sans réponse. Encore trois quarts d’heure d’attente, et enfin le doux bruit d’un moteur ; puis de la poussière et enfin se dessine la silhouette d’un Isuzu ! Nous balançons nos sacs dans la benne, et nous grimpons. Une centaine de mètres plus loin premier arrêt. Le cauchemar commence, une cinquantaine de personnes nous rejoignent à l’arrière. Coincés sur nos sacs, voyant à peine le jour, nous sommes prêts à repartir ; le ticket man ramasse les birrs, on charge les retardataires et nous partons, heureusement car la chaleur commençait sérieusement à monter dans cette cage à bestiaux. Bosses, poussières, écrasement de pieds et coups de coudes dans les virages. Une heure et demi de ce traitement avant d’être déchargés dans un village sans hôtel, ni électricité.
Il est 17h30, nous avons parcouru à peine 50 km. Nous nous renseignons immédiatement pour savoir si un hébergement serait possible au cas où nous ne pourrions décoller d’ici avant la nuit, sachant qu’elle arrive dans une heure. Une femme nous présente le directeur de l’école, qui parle un anglais parfait. Il est prêt à nous laisser dormir dans l’école. Un brouhahas coupe notre conversation, une nuée de youyouyouyouyouyoyuou pique droit sur nous, malheur c’est la sortie de l’école, à peine le temps de réaliser que nous sommes déjà encerclé. Je dégaine mon diabolo, c’est l’explosion quand les enfants le voient monter dans le ciel. Imaginez la scène : soleil couchant éclairant des huttes qui se dessinent sur la crête qui se détache sur ce ciel crépusculaire, une centaine d’enfants, chèvres et vaches paissant tranquillement et vous serez proche de la réalité…Nous sommes interrompus dans cette douce ambiance bucolique par le ronflement d’un moteur Isuzuesque. Les sacs chargés dans la benne, nous grimpons à notre tour. La piste serpente à travers la montagne tout droit en direction du soleil couchant. Rapidement le soleil fait place à la nuit. Notre vue se limite maintenant à l’éclairage des phares et à quelques feux qui éclairent la montagne de temps à autre. Nous arrivons dans un village, où nous trouvons le gîte et le couvert. Rien de sensationnel : hôtel cellule et Injera avec un peu de fromage de chèvre local, rien à voir avec un Saint-Maure ou un petit Picodon.
Le lendemain, après s’être rincé la figure et avalé un café sur un tas de parpaing, nous repartons accompagnés d’une escorte bambinesque. Une heure plus tard, bruit de moteur dans le lointain, à la sortie du virage un bus. Il s’arrête, nous reconnaissons le Ticket Man de la veille. On embarque, on lâche 40 birrs pour un trajet jusqu'au village où nous pourrons changer de bus direction Sodo. Après une bonne heure de piste nous arrivons. Parfait le bus pour Sodo est là ; nous avons même la chance de trouver une bonne place, il n’y a plus qu’à attendre que le bus soit plein. Il est 11 heures, nous devrions arriver à Sodo avant la nuit. Une heure plus tard, pas plus de monde dans le bus. Laetitia s’endort, je fais un petit tour dans la gare routière, et j’apprends que notre bus est en panne et que nous attendons la pièce de rechange qui est en route… Voilà qui me laisse le temps de faire un tour au marché qui se tient tout près. Quelques personnes possèdent un étale, mais la plupart sont installés à même le sol, regroupés par marchandises : fruits, légumes, viande, tissus, épices, ustensiles…retour à la gare, la pièce n’est toujours pas arrivée. A l’ombre d’un arbre nous attendons. Un bus arrive, et le peu de passagers de notre bus remonte à bord, il ne faudrait pas que l’on nous prenne nos places. Un quart d’heure plus tard on nous fait descendre du bus, en nous annonçant que nous devons prendre un autre bus…une fois installés, nous apprenons qu’il ne va pas à Sodo, et que nous devons remonter dans le bus dans le quel nous étions. Mais la pièce n’est toujours pas arrivée, cela fait trois heures que nous sommes dans cette putain de gare. On prend nos clics et nos clacs et on s’arrache pour taper le stop. A peine sortis du village nous sommes pris par un 4x4, installés confortablement à l’arrière, le bonheur sera de courte durée, au village suivant nous sommes déposés. Direction la sortie du village, accompagnés par quelques badauds attirés par le teint clair de notre peau, puis par une nuée d’enfants rapidement chassés par des adultes. Une heure se passe, un Isuzu arrive. Il est vide et il se rend à Sodo. Nous chargeons quelques personnes en route, qui lâchent quelques Birrs, le Ticketman nous fait signe que ce n’est pas la peine pour nous. Peu avant le couché du soleil nous arrivons dans un village, tout le monde descend, le propriétaire du camion nous fait signe de passer à l’avant du camion. Pendant que nous attendons, des hommes chargent le camion de sac de farines, apparemment une partie du chargement vient d’une aide internationale. Quelques stops supplémentaires dans le village, et à la nuit tombée nous partons. Arrivée prévue vers 22 heures. Même si nous sommes à l’intérieur de la cabine, on ne peut pas dire que se soit le grand confort, quatre à l’avant dans une cabine qui peut accueillir au plus trois personnes, chauffeur compris. A 21h30, nous stoppons dans un hangar où une partie de la marchandise est déchargée. Deux hommes postés sur le haut du camion déposent un à un des sacs d’une bonne cinquantaine de kilos sur les épaules d’un homme qu,i tête recourbée sous le poids du sac, fait des allers-retours entre le camion et le hangar.
Le vent se lève, nous retrouvons enfin le bitume, comme on revoit un ami après de longs mois d’absence. Dans une demi-heure nous serons à Sodo. Le vent souffle de plus en plus fort, heureusement que nous sommes à l’abri dans notre cabine. Petit à petit les lumières de la ville font leur apparition ; puis les maisons, enfin le camion s’arrête devant un immeuble, le ticketman fait un rapide aller-retour et vient nous chercher. Nous pourrons dormir dans cet hôtel, si on le souhaite. On débarque nos affaires, le conducteur nous demande 100 birrs : « Sorry, but it’s just fifty by bus… » « Yes, but with me, it’s one hundred » « You can do a little price » « No ». On lâche les 100, et nous nous dirigeons vers l’hôtel, chambre pourrie, pas d’eau, pas de chiottes et c’est 70, et pas moyen de négocier. Nous faisons demi-tour, heureusement les gars du camion ne nous lâchent pas. Nous faisons le tour des hôtels en cametar. Le ticketman, courrant d’hôtel en hôtel pour voir si il y a de place. Teddy le ticketman, fini par nous trouver un hôtel à 50, nous prenons nos sacs, et nous le suivons. Nous passons le portail, nous voyons la tête du gardien changer au moment où il se rend compte que nous sommes des farengis. S’en suit une discussion en amharique, pour nous ce sera 80, notre chauffeur a beau défendre notre cause, il y a rien a faire. Fatigués, nous acceptons.

J+53-55 / Nous avons découvert le point zéro du café !

Jima se trouve dans la région de Kaffa, d’où d'ailleurs viendrait le mot café et où nous a-t-on dit nous pourrons trouver des forêts et semi-forêts de caféiers. Nous nous rendons au "Coffee Plantation Development Entreprise" où après avoir expliqué à un responsable ce que nous faisons dans le coin et dans le pays, il nous dit où aller pour trouver des caféiers mais surtout nous apprend qu'à quelques kilomètres se trouve ce que nous avons appelé le « point zéro du café », le présumé premier endroit où du café a été découvert ! Il est trop tard pour y aller mais ce sera le programme du lendemain. Nous décidons d'aller au palais d'Abi Jafar qui selon le guide ne se trouve pas très loin. C'est le palais du dernier roi Oromo avant sa réunification au royaume éthiopien par l'empereur Haile Selassie. Nous pensions faire une ballade digestive et c'était une véritable ascension qui nous attendait ! La piste n'en finit pas de grimper et nous n'avons aucune idée de la distance qu'il nous reste à parcourir. A chaque tournant nous espérons voir apparaître le palais. Quand nous y arrivons enfin, nous sommes un peu déçus, nous avions imaginé quelque chose de plus prestigieux que cette maison en bois aux toits en tôle ondulée ! La visite sera rapide, d'autant que les pièces sont vides, tous les meubles sont exposés dans le musée en ville !
Le jour de la mission « point zéro du café » est arrivé. Nous prenons un premier minibus pour rejoindre le village le plus proche de notre objectif. De part et d'autre de la route nous apercevons les caféiers et devant les maisons, des baies sèchent au soleil. Pas de doute nous sommes bien dans la bonne région. Le minibus nous arrête à un embranchement et nous commençons à marcher sur cette route ne sachant pas si des bus l'empruntent ou non. La ballade est agréable et nous rencontrons de nombreuses plantations de caféiers dans lesquelles les paysans récoltent les baies mures, celles qui sont rouges. Un bus nous amènera jusqu'au village suivant. Après une pause Coca-Cola où pratiquement tous les enfants du village se sont massés devant nous, un truc impressionnant ! Nous reprenons la piste à la recherche du « point zéro ». Nous entrons dans une forêt de caféiers à l’ombre d’arbres plus grands. Nous sommes entourés de ces arbres dont la récolte est en train de se faire. Les baies mures sont ramassées par les paysans qui malheureusement ne parlent pas anglais. Dans les grands arbres nous voyons des singes ! De grands singes noirs et blancs avec une longue queue se terminant en plumeau blanc lui aussi. Ils sont difficiles à prendre en photos, ils sont farouches et très rapides. Coté bestioles, il y a aussi les araignées. Elles sont assez grosses et tissent leur toile entre les caféiers au dessus du chemin, heureusement pour nous, assez haut pour que nous ne tombions pas dans leurs filets. Le petit chemin bifurque sur la gauche et s’élargit. Nous arrivons enfin sur ce qui nous a été annoncé comme l’endroit où ont été trouvés les premiers caféiers en Ethiopie, donc les premiers plants au monde ! Un truc énorme ! Comme l’Ethiopie n’est pas les Etats-Unis, pas de tickets d’entrée, pas de pancarte qui clignote ou de musique. Juste une hutte, vide et une stèle récemment posée. L’endroit est tranquille et même si ce n’est peut-être pas ici qu’on poussés les premiers plants de café c’est agréable d’y croire. Pendant que Stan immortalise cet instant par un dessin, je pars à la chasse aux singes. Avec un peu de patience et de silence je parviendrais à prendre quelques photos avec mon modeste zoom. Une petite photo pour se souvenir de cet instant important dans notre tour du monde et nous reprenons la route. Nous croisons des personnes qui nous parlent de la culture des caféiers…, en amharique. Voici ce que nous avons compris mais c’est bien sur sans garantie. Il semblerait que pour multiplier les plants, quand l’arbre a bien produit et qu’il arrive en fin de vie, il soit coupé à sa base. Des rejets poussent à partir de ce moignon de tronc et ce sont ces rejets qui seront bouturés pour donner de nouveaux pieds. Intéressant non ? Nous reprenons un pick-up chargé de sacs de baies rouges et ensuite un minibus pour retourner à Jima, contents de notre journée qui marque un point important de notre tour du monde…

23 novembre 2007

Information Générale

Ca y est, nous sommes au Kenya depuis 3 jours. Nous allons decouvrir une nouvelle population, une autre culture, une langue encore differente...
Tout va bien et les textes manquants vont être mis à jour très bientôt (encore merci à Dinh pour son intervention).
Nous avons enfin pu nous connecter au blog après 6 semaines, bien que ce soit très difficile, c'est pour ca que c'est Dinh qui mettra en ligne pour nous les autres textes plus longs. Merci à tous pour vos commentaires, c'etait sympa de vous retrouver. Continuez comme ca ! Bisous à tous.

17 novembre 2007

J+45-52 / Poussières, asphalte et pneus usés…

4h30 du matin, l'heure de quitter Lalibela et de prendre le bus direction Addis Ababa, avec une étape pour dormir à Dessie. Nous arrivons à la gare routière à 5 heures du matin, pensant devoir attendre une bonne demi-heure avant que les autres passagers se présentent mais, malgré la pluie ils sont déjà là installés dans le bus et ont déjà pris possession des bonnes places, il s'en est fallut de peu pour que nous ne soyons pas assis l'un à côté de l'autre. Patiemment nous attendons le départ ; pendant ce temps des enfants montent dans le bus et proposent mouchoirs, soft drink, biscuits, des "prêtres" donnent une bénédiction contre quelques birrs, et des mendiants font la charité. Le moteur démarre, le ticketman commence à récolter l'argent du voyage, vérifie que le bus est complet, ferme les portes et c'est le départ pour la longue course qui va nous emmener jusqu'à Addis Ababa. Levé de soleil sur des montagnes encore brumeuses, poussière des camions que nous doublons, secousses incessantes sur cette piste plus que défoncée, odeur de vomi de notre voisine, musique éthiopienne volume maximum, et soyez heureux si les enceintes sont en bonne état…C'est le même programme à chaque voyage avec quelques variations, on peut parfois ajouter une ou deux crevaisons, ce qui permet de fumer une cigarette. Très peu d'éthiopiens connaissent le plaisir de l'intoxication pulmonaire, il n'y a donc jamais de pause cigarette lors des voyages en autocar, tout au plus une pause pipi, ce qui ne laisse jamais le temps de se fumer une bonne "Nyala" ; la plus longue pause que vous pouvez avoir, c'est la pause déjeuner qui se situe entre 10h et 12h selon la position du relais routier sur le parcours et elle dure rarement plus de 20 minutes. Voilà pour l'ambiance d'un voyage en bus. Après ce petit intermède d'information routière, la nuit s'approche il est donc temps pour notre caravane de trouver un endroit pour la nuit. Le bus entre en gare de Dessie, et là c'est la cohue des rabatteurs hôteliers pour ramener du client. Nous finirons avec d'autres éthiopiens dans un hôtel dans une chambre-cellule (une enfilade de chambres pourvues seulement d'un lit, d'une bassine et d'une bouteille d'eau pour la toilette) avec vue sur "gare routière", tout cela pour 20 birrs, parfait.
Le lendemain 5h, nous sommes avec tout le monde en train d'attendre l'ouverture des grilles. Quand elles s'ouvrent nous nous engouffrons tel un torrent dans la gare, chacun rejoint le bus qui l'emmènera vers d'autres horizons. Cinq minutes plus tard nous sommes dans le bus, même scène que la veille, départ 6 heures. Les paysages défilent, enfin de l'asphalte, mais faux espoir l'asphalte est pleine de trous, donc les secousses continuent. Vivement que la période des grands travaux soit terminée, d'ici trois ans peut-être.
Vers 15 heures nous arrivons à Addis Ababa, nous débarquons à Macanania, sans doute la plus grosse station de bus urbains de la ville, une bonne centaine de bus, taxis et d'autocars s'y croisent dans une sorte de chaos que seuls les conducteurs peuvent déchiffrer. A l'écoute du nom de notre destination scandée par les ticketmen à l'affût de clients, nous finissons par trouver notre minibus qui nous emmène jusque chez Nardos, où nous pensons restez un jour ou deux avant de repartir pour Kaffa, dans le sud-ouest. Mais c'était sans compter sur la force de persuasion de Nardos. Nous resterons finalement 5 jours dans ce petit Neuilly Addis Ababien. Nous en profiterons pour affiner notre connaissance de la capitale. Nous prenons contact avec Jean-Paul, un contact français que nous avait donne une amie, qui nous fait découvrir les plaisirs de la vie nocturne d'Addis. On commence soft par un bar-restaurant de musique traditionnelle pour finir dans un bar à la lumière tamisée, avec des chanteuses aux tenues très suggestives…
Nous passerons aussi à la "Coffee and Tea Autority", nous y glanerons quelques informations à propos du café. Nous apprenons qu'il se classe en cinq qualités de 1 a 5, et en Washed et Unwashed. Les meilleurs cafés sont en général les Washed, mais il faut une exception puisque le meilleur café d'Ethiopie est le Harrar, qualité 2 et Unwashed ; en effet, il est récolté avec tellement de soin qu'il ne nécessite pas de lavage ; le deuxième meilleur café d'Ethiopie est le Yarga Cheffe classe 4, Washed. On ne lave que les cafés qui permettent d'avoir une plus-value. Si cela continue nous allons devenir des experts…
Vendredi départ pour Jima, 350 km plus au sud, nous décidons de partir vers midi, pour Walkite ville moyenne sur la route de Jima. Après trois heures de bus sur un asphalte parfait, et un changement à Waliso, nous arrivons. Nous trouvons à nous loger dans un motel, au passage j'apprendrais les règles du billard éthiopien. Un savant mélange entre le snoocker, la pétanque et le bowling. Dès le lendemain matin nous repartons pour Jima. Etant donné les prix du bus, qui ont doublés par rapport à la partie nord du pays nous choisissons l'option autostop. A peine le temps d'arriver à la sortie du village qu'un truck s'arrête et nous embarque pour notre destination finale. Nous surplombons la route, avec une vue à 180 degrés sur les montagnes, Laetitia sur un siège à suspension, le bonheur du voyageur éthiopien ! Nous serpentons pendant une bonne heure, et nous prenons une pause dans une ancienne base datant de l'occupation italienne, le chauffeur se chargera au Tchat pour se remettre de sa cuite au Whisky. Il nous apprend qu'il se rend à la frontière soudanaise pour livrer du matos et que la route peut être dangereuse la nuit, il en profite pour nous montrer son 7.65 made in USSR. Heureusement qu'il nous avait dit avant qu'il est routier pour l'UN et qu'il va livrer du matériel de construction pour un camp de réfugiés…Nous reprenons la route où l'asphalte se dégrade de plus en plus. Le soleil descend lentement et nous ne sommes toujours pas en vue de Jima ; le soleil finit par se coucher, un pneu du camion en profite pour éclater. Nous voilà à changer une roue dans la nuit noire. Pendant que le mécano s'occupe de refroidir l'essieu le chauffeur remonte dans sa cabine et ressort avec son flingue, petit moment d'angoisse quand il le pointe vers moi. Heureusement il le retourne et me dis de faire attention car il est chargé. De voyageur, je suis promu garde du corps… La roue changée, nous repartons ; trois quarts d'heure plus tard nous arrivons enfin. Le chauffeur nous déposera devant l'hôtel principal et refusera tout dédommagement. L'hôtel est plein, nous nous en rendons dans le plus proche qui est plein aussi. Le réceptionniste nous apprend que le lendemain a lieu la remise des diplômes à l'université de Jima et que tous les hôtels de la ville sont complets. Il est 22h30. Deux personnes de l'hôtel partent explorer la ville pour nous, ils reviennent bredouilles. Le frère du patron de retour de Seattle, nous propose de dormir à même le sol dans un des bureaux, nous acceptons sans hésitation. Enfin nous pouvons utiliser nos sacs de couchage!



8 novembre 2007

J+40-42 / Pèlerinage en auto-stop!

Cinq heures trente, je me lève pour m’entraîner dans une salle de Taekwendo, avec des éthiopiens qui ont bien voulu d’un Farenji pendant leur entraînement. De retour à l’hôtel, nous prenons notre petit déjeuner et nous quittons Bahar-Dar pour nous rendre à Lalibela, ville aux 11 églises creusées à même la roche. Elle se situe à plus de 300 km à l’est du Lac Tana, perchée à 2800 m, le seul moyen d’y accéder est d’emprunter la piste chinoise. Comme à notre habitude nous perdons un peu de temps et nous ne quitterons la ville qu’en début d’après-midi à bord d’un bus qui nous déposera à Wareta. Il est trop tard pour aller plus loin et c’est là que nous passerons la nuit. Le premier hôtel propose un prix aussi attractif que les toilettes sont répulsifs ; nous irons finalement au Paradise Hôtel. Le lendemain nous décidons de continuer notre chemin en auto-stop, nous nous rendons à pied à la sortie de la ville sous un soleil brûlant. Un long ruban d’asphalte se déroule devant nous. Nous croiserons quelques vautours en train de finir de dépecer une vache sur le bord de la route. Arrivés à la bifurcation pour Lalibela nous nous installons et attendons notre première voiture. Nous n’aurons pas longtemps à attendre au bout d’un quart d’heure le premier 4x4 arrive et nous charge ainsi que nos sacs. Puis ce sera au tour d’un bus, et pour terminer notre journée nous finirons à l’arrière d’un camion où nous pourrons apprécier le goût de la poussière que chaque véhicule laisse derrière lui.

Il est 17 heures, la nuit tombe sur Gayinet nous devons trouver un hôtel dans cette ville à l’ambiance farwest avant que nous ne soyons dans une totale obscurité. Nous visiterons quatre hôtels avant de trouver le bon. Ce sera un petit « hôtel cellules » au confort rudimentaire, où nous croiserons un médecin de l’United Nation qui y passe également la nuit. Il nous invitera à dîner dans un petit restaurant perdu dans des ruelles sombres en raison d’une coupure d’électricité. A 19h30 retour dans notre cellule éclairée à la bougie.

Nous serons réveillés le lendemain par l’hôtelier qui tambourine à la porte nous faisant comprendre que nous devons plier bagages avant 8 h. Le petit déjeuner avalé, nous nous mettons en marche direction la sortie de la ville pour taper le stop. Une heure plus tard et quelques paysages plus loin un camion s’arrête, nous ferons un bout de piste avec lui, puis nous finirons dans un semi-remorque qui nous déposera à l’embranchement pour Lalibela. Pour quelques birrs nous prendrons un déjeuner local, suivit de deux excellents cafés. Et nous repartons sous le soleil, au bout de quelques minutes nous quittons le plateau pour plonger dans une vallée magnifique d’où les montagnes s’étendent jusqu'à la limite de notre vue. Une nouvelle fois ce sera un routier qui nous sortira de cette piste poussiéreuse. Apres deux heures de poussière, de cailloux et de virages, nous arrivons enfin à Lalibela. Sans soucis nous trouvons notre hôtel qui est parfait, cour fleurie, décoration agréable, eau chaude, toilettes en bon état et un prix tout à fait raisonnable.

Demain nous pourrons allez donner nos offrandes monétaires à l’entrée des églises de Lalibela.

J+37-39 / A la source du Nil bleu

Bahar Dar n’est pas une ville exceptionnelle mais elle a l’avantage d’être extrêmement bien située, au bord du Lac Tana, le plus grand lac d’Ethiopie, 3500 km2, sur lequel se trouvent une trentaines d’îles qui abritent des monastères, et à proximité des Chutes du Nil et de la source du fleuve du même nom. Dès que nous sortons de notre hôtel on nous propose des ballades en bateau à tous les prix et nous décidons d’attendre un peu de voir quelles sont les possibilités. Pour la première journée, nous décidons d’explorer la région à vélo. Contrairement aux autres villes éthiopiennes, Bahar Dar et ses environs sont totalement plats et beaucoup de monde utilise ce mode de transport. Nous louons donc deux bicyclettes tout a fait identiques et partons et allons jusqu’au pont qui enjambe le Nil. Il est gardé par deux soldats, un à chaque bout comme sur chaque pont d’Ethiopie, pour assurer la sécurité et empêcher les gens de prendre des photos. Nous ne verrons pas les hippopotames et les crocodiles dont parlait le guide mais c’est tout de même impressionnant de se retrouver au dessus d’un des deux plus grands fleuves du monde. Nous rejoignons des chemins qui s’enfoncent dans les terres où se mêlent habitations, cultures et forêt. Nous atteindrons les bords du lac Tana où des enfants se lavent et se baignent, parfait pour une petite pause. Nous aurons l’occasion de voir des pêcheurs partir sur leur tankwa, une embarcation traditionnelle ressemblant à une pirogue, faite de papyrus et datant des temps pharaoniques. Nous reprenons nos vélos et nous laissons guider sur les chemins caillouteux avant de rejoindre la route principale. C’est vraiment agréable de se balader sur ces routes avec si peu de circulation, les paysages sont magnifiques et nous parcourons de bonnes distances sans nous en rendre compte. De retour à l’hôtel, nous rencontrons un jeune homme qui nous propose une sortie en bateau le surlendemain pour visiter les monastères. Sa proposition nous intéresse mais nous avons un doute quant à son honnêteté. Nous refusons tout d’abord de lui verser les arrhes, il ne peut nous fournir de reçu, nous lui donnons rendez-vous le lendemain matin et nous laissons la nuit pour réfléchir. Ce soir c’est mon anniversaire, puisque nous sommes en 2000, je fête mes 27 ans et non mes 34 ! Après nous être fait tout propre et tout beau, nous nous installons au restaurant de l’hôtel pour fêter ça, au bord du lac, une chandelle sur la table et un feu tout près. Stan m’a offert une paire de boucles d’oreilles en argent d’artisanat local que nous avions achetée à Addis, et que, pour la petite histoire, j‘ai du payer moi-même, il avait oublié sa carte bleue ! Le lendemain, au programme : visite des Chutes du Nil. Avant de partir nous retrouvons Mola pour voir si cette fois il nous fourni un reçu en échange des arrhes. C’est le cas, nous sommes rassurés et prenons le pari que tout se passera bien pour le bateau. Après une heure de bus nous arrivons dans un village près des chutes. Nous nous acquittons du droit d’entrée et partons à leur recherche, non sans avoir refusé l’aide des dizaines de guides locaux, nous savons que nous n’en avons pas besoin. En chemin nous croisons une foule de personnes qui se rendent au marché dans le village avec leurs ânes, chèvres, vaches et des sacs de nourriture. Après une bonne heure et demie de marche nous les voyons enfin. Elles sont impressionnantes - attendez de voir les photos - mais malheureusement bien moins qu’auparavant, un barrage retient 90 % du débit en amont. Sur le chemin du retour, pendant que j‘attend Stan parti photographier un petit pont de pierre avec l’autorisation du militaire, un homme me propose de me vendre sa Kalachnikov parce qu’il a besoin d’argent. J’ai été surprise et en ai oublié de demander le prix par curiosité !

Dimanche, pendant que certains vont à la messe, nous nous préparons à partir en bateau visiter les monastères. Nous espérons que Mola sera au rendez-vous et nous tombons sur lui des la sortie de l’hôtel. Nous embarquons avec une heure de retard. Le bateau semble très lent et nous nous demandons comment nous aurons le temps de visiter les 5 monastères dans les 5 heures que doit durer la promenade. Nous irons également sur une péninsule sur laquelle nous pourrons trouver des plantations de café. Cela nous intéresse d’ailleurs plus que les monuments religieux. Nous arrivons sur une première ile et au vu du prix exorbitant qui nous est demandé pour entrer, nous refusons, d’autant que nous savons que sur la péninsule se trouve l’un des plus beaux. Direction cette fameuse péninsule ou nous tombons tout de suite sur une semi-foret de caféiers.

J+35-36 / Direction la source du Nil bleu

Aujourd’hui nous quittons Addis Abeba pour Bahar Dar. Comme à chacun de nos déplacements, nous avons une petite anecdote à raconter ! Pour faire court, cette fois-ci, nous avons failli nous faire éjecter du bus ! Comme nous ne savons toujours pas lire l’amahrique même après trois semaines en Ethiopie, dès notre arrive à la gare routière nous avons montré nos billets aux employés pour qu’ils nous indiquent le bon bus. Il y en a une bonne centaine et ce n’était pas évident. Notre bus n’est pas encore là mais nous attendons comme tout le monde en nous disant qu’il y aura du retard. C’est une fois dans le bus que le contrôleur nous signale que nous ne sommes pas dans le bon ! Il va bien a Bahar Dar mais nos billets sont ceux d‘une autre compagnie et nous devons descendre ! Un comble puisque ce sont les employés qui nous ont indiqué ce bus... Il nous faudra nous fâcher et négocier ferme pour ne pas céder. La solution qu’ils nous proposent ne nous convient pas vraiment, acheter d’autres billets – le bon bus est évidemment déjà parti, à l’heure pour une fois - et prendre le prochain, … le lendemain. Du coup nous serons les deux de trop pendant les longues heures que durera ce voyage. Des passagers ont préféré nous laisser leurs sièges malgré notre insistance et voyager sur un tabouret dans l’allée ! Un sens de l’hospitalité qui nous a beaucoup touchés.

Pour Bahar Dar, deux routes s’offraient a nous. Une première d’un jour et demi sur une route asphaltée et la deuxième moins confortable mais d’une dizaine d’heure « seulement ». Nous nous sommes risqués sur la deuxième en ayant mal estimé la notion de « moins confortable » qu’il fallait traduire par piste caillouteuse avec trous et bosses... Cela n’a en rien enlevé la beauté des paysages, notamment les gorges du Nil qui sont très impressionnantes. Le bus a pris du retard notamment à cause d’une crevaison, qui nous a laisses pendant une heure sur le bord de la route, observés par les villageois et à contempler les sublimes paysages qui nous entourent. Nous n’avons donc pas tiré avantage à avoir choisi la route la plus courte puisque nous avons du nous arrêter pour dormir dans un petit village, les bus ne roulant pas la nuit. C’est donc dans un petit hôtel à 12 birrs soit à peine plus d’un euro que nous avons attendu le lendemain 6h pour continuer notre voyage. Pour ce prix là, le minimum, un lit, une bassine et une bouteille d’eau pour la toilette, en prime, les puces mais ça, nous nous en sommes rendus compte le lendemain matin en comptant nos boutons. Dans le bus nous avions discuté avec Micha et Yeraga qui parlent anglais avec qui nous avons dîné et passé la soirée au cours de laquelle ils nous ont appris un jeu de carte, le Seca, qui peut aussi se jouer à deux – ça changera de la bataille ! Après une dernière crevaison nous sommes enfin arrivés à Bahar Dar au bord du lac Tana. Nous avons élu domicile au Ghion Hôtel, ancien hôtel gouvernemental qui fait face au lac et dont les chambres de plain-pied ont toute un petit jardin exotique. Un peu cher par rapport à d’habitude mais ça fait du bien de se trouver dans un tel cadre et nous ne pouvons résister.