30 octobre 2007

J+34 / L'usine à café

Dernier jour à la capitale, direction la coopérative de café qui avoisine la maison de Nardos. Un jeune commercial nous accueille grand sourire.
« – Pas de problème pour la visite, par quoi voulez vous commencer, la coopérative où le salon de dégustation traditionnel ? » .Nous choisissons la première option ; 2 étages, 50 mètres de large sur 100 mètres de long, ornés du logo de la société, évidemment un grain de café. Nous entrons dans le hangar qui sert à réceptionner les cafés provenant des différentes régions d’Ethiopie, Djimma, Sidamo, Illubor, Bale et encore bien d’autres, mais aussi les deux meilleurs d’Ethiopie : Harar et Yirga Cheffe.
« – C’est ici que nous entreposons, les différents cafés avant de les passer dans cette machines, où sont disposés des tamis aux maillages de plus en plus étroits, ce qui permet de successivement retirer toutes les impuretés, feuilles, branches, terre… » nous explique notre guide.
Nous changeons de pièce et nous nous trouvons devant trois grandes machines de près de 5 mètres de haut, elles sont là pour recevoir les grains tamisés et au fur et à mesure du processus, sélectionner ceux d’une taille suffisante pour être vendus. A ce stade ils non pas encore la jolie couleur que vous connaissez, ils sont d’un vert tendre. Triés, les grains sont acheminés vers des tapis roulants qui s’étendent sur une cinquantaine de mètres, où de part et d’autres sont installées des femmes à l’œil expert, qui un par un finissent la sélection et enlèvent les grains qui possèdent des défauts et qui n’ont pas été rejetés par les trieuses mécaniques. Les grains de café sont maintenant prêts à être exportés où à être torréfiés pour la consommation nationale. La partie destinée à l’exportation sera mise dans des sacs en toile de jute pouvant contenir 50 kg chacun, ils sont au préalable peint à l’aide de pochoirs afin d’identifier leur provenance et leur destination, essentiellement l’Italie le Japon, qui sont les plus gros clients de cette coopérative. Il faut savoir que le café est la première matière agricole échangée au monde, et la seconde sur plan général après le pétrole. Les sacs prêts à l’exportation sont entreposés dans un hangar où ils pourront être chargés dans des camions direction l’aéroport. Le reste prendra la direction des sous-sols où les machines à torréfier peuvent traiter jusqu'à 15 kilos de café tous les quarts d’heure. C’est dans cette salle à l’odeur chaleureuse qui flatte le nez et invite à la dégustation, que notre guide nous annonce que nous allons pouvoir maintenant voir le laboratoire
« – C’est dans cette salle que nos chercheurs peuvent mettre au point différents mélanges de cafés et en apprécier les saveurs. » Cela rappelle évidemment les laboratoires des vignobles, avec une table où sont disposées des tasses et de par et d’autre se trouvent des crachoirs. Il y a aussi un mini torréfacteur, un moulin et une machine à expresso.
« - C’est ici aussi que nous recevons nos clients pour qu’ils puissent déguster nos produits dans des conditions optimales, nous y accueillons également les responsables de « l’Autorité du thé et café » afin qu’elles puissent nous autoriser à exporter nos différents labels de café. »
Nous terminons notre visite par la salle de dégustation traditionnelle, mais pas de cérémonie aujourd’hui, dommage. Pour terminer, direction leur salle de vente et de dégustation où nous prenons un expresso du nom de la firme « Robera », ce café est un blend, très bon mais pas autant que le Yirga Cheffe qui lui se boit pur comme le Harar-Moka.
Nous quittons la « Robera Co » et nous prenons un minibus pour le quartier de « Mercado ». C’est près de là que se trouve la gare routière où nous devons acheter nos tickets pour Bahar Dar, au nord d’Addis. Pour la rejoindre, nous traversons ce quartier qui est le plus grand marché d’Afrique. Si vous pouvez imaginer un espace grand comme Rungis pour ceux qui connaissent, vous serez proche de réalité. Chaque bloc de ce marché géant a sa spécialité : textiles, meubles, nourriture, électronique, plomberie, fabriques de baby-foot, et nous avons même découvert par hasard, au détour d’une ruelle, le coin des menuisiers spécialisés dans la fabrication des cercueils ! Ceux-ci partent ensuite dans un autre quartier ou des artisans les décorent de jolis tissus colorés, comme les taxis-indiens !! A force de déambulations nous arrivons à la gare routière, nous nous dirigeons un peu au hasard dans ce dédale de bus pour enfin trouver la billetterie. Une bonne âme se dévoue pour aider les deux « faranjos » que nous sommes et s’occupe d’acheter nos billets. Nos tickets en poche nous prenons la direction de chez Nardos, et faisons quelques courses en chemin. Nous prenons notre dernier repas avec elle, et préparons nos sacs. Nous voilà prêts pour une bonne nuit de 3 heures…le bus étant à 6 heures, nous devons être à la gare à 5h30 et partir de chez Nardos à 5h.

Information générale

Comme vous avez pu le constater, depuis quelques temps il n’y a plus d’image qui accompagne nos textes. Depuis que nous sommes en Ethiopie nous ne pouvons plus accéder à notre blog, car le gouvernement éthiopien en a bloqué l’accès, pour la simple raison que des utilisateurs s’en servaient pour le critiquer.
Nous avons donc envoyé nos textes à un ami qui les met en ligne pour nous. Nous sommes désolés pour le désagrément que cela peut occasionner, nous essayons de trouver une solution dans les plus brefs délais. Merci de votre compréhension.

22 octobre 2007

J+30-33 / Addis Abeba

Notre première mission est de nous rendre à l’hôtel Sheraton. C’est là que se trouve le seul distributeur d’argent de toute l’Ethiopie. Pour y arriver nous traversons les quartiers pauvres de cette ville qui semble plutôt polluée et tombons sur cet immense bâtiment qui parait-il est le plus bel hôtel d’Afrique. Jusque là nous vivions sur les birrs que nous avions échangés contre les francs à Djibouti mais il devient urgent de retirer des espèces. Nous en profiterons pour nous offrir un petit plaisir. Aujourd’hui nous sommes le 19 octobre, cela fait un mois que nous sommes partis. Nous dégustons un délicieux chocolat chaud avec vue sur les jardins qui nous coutera le prix de notre nuit d’hôtel soit 80 birrs ! Cela ne représente que 6,50 euros mais nous ne savons plus si c’est peu pour une chambre ou beaucoup pour des chocolats.De retour à notre réalité de voyageurs à petit budget, nous cherchons un café internet pour voir si enfin nous pouvons nous connecter à notre blog. Malheureusement c’est impossible, ici aussi le débit est trop faible et nous nous demandons comment nous allons faire pour le mettre à jour.
Nous avons un coup de téléphone à passer, un contact à Addis que Fabienne nous a communiqué. Nous devons appeler Nardos, la maman d’Aida qui est la copine du filleul de Fabienne. Nous avions déjà échangé par mail avec Nardos qui nous avait informés que nous étions les bienvenus chez elle et qu’elle tenait à ce que nous l’appelions dès que nous serions à Addis. Elle est ravie de nous entendre et nous convenons de nous voir le lendemain, son cousin Salomon viendra nous chercher pour nous conduire chez elle, il est hors de question que nous restions a l’hôtel ! Nous sommes très contents de pouvoir la rencontrer. Pour fêter ça nous décidons d’aller diner dans un resto français dont le chef est corse. Déception, il est beaucoup trop loin du quartier dans lequel nous sommes. Nous en cherchons un autre plus proche mais tout est déjà fermé. Il n’est que 21 heures mais ici les gens dinent relativement tôt. Deuxième déception, le seul resto ouvert est vraiment minable mais nous n’avons pas le choix. Dépités, nous rentrons à l’hôtel ou pour clore cette super journée nous entamons une chasse aux cafards ! Ils sont moins gros que ceux que nous avons vus à Dire Dawa ou sur le bateau pour Djibouti mais ils sont plus nombreux. Lors de cette poursuite nous trouvons un préservatif saveur café et cela nous fait beaucoup rire.
Le lendemain, Salomon vient nous chercher. Nous traversons toute la ville et arrivons chez Nardos, dans un des nouveaux quartiers chics d’Addis. Elle n’est pas là mais notre chambre est prête, avec salle de bain attenante, le tout plus grand que notre appartement parisien ! C’est un petit paradis qui nous attend pour nous remettre sur pied avant de repartir sur la grand route du café. Après une petite pause, nous décidons d’aller dans le resto français de la veille qui cette fois n’est pas très loin. Nous le trouvons et apprenons que de corse, le chef est devenu sénégalais. Nous y déjeunons quand même, la cuisine est bonne et le cadre agréable. Nous allons ensuite au Musée National ou nous avons rendez-vous avec la vénérable et très âgée Lucy dont le musée détient une copie du squelette. Apres cette émouvante entrevue nous rentrons vers notre cocon doré ou nous faisons enfin connaissance avec Nardos qui est rentrée de sa journée de travail. Elle nous accueille comme si nous faisions partie de sa famille, nous rappelle que nous sommes les bienvenus, de faire comme chez nous et espère que nous resterons quelques jours chez elle. Elle est très intéressée par le thème de notre tour du monde et a plein d’adresses à nous donner. D’ailleurs elle habite juste à côté d’un gros torréfacteur qui exporte dans le monde entier. Nous y allons dès le lendemain, nous dégustons du Yirga Cheffe, qui est avec celui d’Harar une des meilleures variétés de café d’Ethiopie et demandons si nous pouvons visiter l’usine. Rendez-vous est pris pour le lendemain.
C’est grâce à Nardos que nous pouvons mettre le blog à jour. Elle nous a prêté son ordinateur qui nous a permis de taper tous les textes et c’est de son bureau que nous pouvons les mettre en ligne avec les photos. Seuls les administrations et les bureaux disposent du haut-débit, autrement dit, sans elle nous ne pouvions pas du tout nous connecter - encore merci Nardos pour votre gentillesse et votre accueil, ces quelques jours chez vous nous ont fait le plus grand bien et nous ont permis, pour reprendre votre expression, de « remettre du carburant ».
Mercredi matin nous quittons Addis Abeba, cette ville créée à la fin du 19eme siècle par l’Empereur Menelik pour donner à la capitale une position centrale et qui ne cesse de se développer. Nous partons pour le nord, direction le Lac Tana qui donne naissance au Nil bleu. Nous y resterons quelques jours et repasserons par Addis avant de partir pour le sud et la région de Kaffa où se trouvent les origines du café qui est cultivé en Ethiopie depuis plus de deux mille ans.

P.S. finalement si vous pouvez lire ces quelques lignes ce sera grâce à Dinh, qui pourra peut-être se connecter d’Irlande pour les mettre en ligne ; toujours impossible de se connecter d’Ethiopie…

J+27-29 / Direction Addis Abeba

De retour d’Harar, nous nous rendons directement à la gare pour prendre nos billets pour Addis Abeba, nous arriverons 10 minutes trop tard, le train est parti avec une heure et demie d’avance ! Assez incroyable, voire complètement improbable, nous avions pensé à du retard mais un train en avance…Nous sommes quittes pour attendre le prochain train dans 2 jours. Le chef de gare nous fera visiter la gare, les entrepôts et les ateliers qui servent à entretenir l’ensemble des wagons et locomotives de la ligne Djibouto-éthiopienne. Une nouvelle fois nous en serons pour nos frais car notre guide nous informera en cours de visite que cela nous en coutera quarante birrs par personne ; ce contre temps nous permettra aussi de rencontrer M. Choumou l’oncle de Mesfin, qui tient un restaurant éthiopien prés de chez nous à Paris et dont nous avions l’adresse. M. Choumou est le patron d’un bar, où les consommateurs enchainent de grands rhums comme d’autres boivent du café. Il nous raccompagnera à notre hôtel, après nous avoir offert de quoi nous restaurer et nous avoir abreuvés de bières. Nous sommes à point pour un bon roupillon jusqu’au lendemain. Avant de quitter la ville nous nous rendons sur ses hauteurs où se trouve le bidonville de Dire Dawa. Pendant toute notre promenade nous serons accompagnés d’une bande de gamins espiègles et surexcités. Après cette dernière virée sur les hauteurs de la ville, nous récupérons nos sacs à dos et nous mettons en route pour la gare où déjà une bonne centaine de personnes attendent assis sur le parvis de la gare. Les gens sont réunis par petits groupes autour de leurs bagages, entre lesquels circulent des personnes de tous âges vendant eau, beignets, mouchoirs, costards, lampes torches et autres babioles plus ou moins utiles. Avec trois-quarts d’heure de retard les portes de la gare s’ouvrent et les dockers mettent en ordre tous les voyageurs afin de pouvoir charger les bagages et que l’armée puisse en effectuer la fouille. Une demi-heure plus tard la nuit tombe, nous prenons place dans le train. Notre wagon se trouve être dans une totale obscurité malgré les efforts du personnel ferroviaire pour remettre en route le système électrique. Il est six heures et demi le train se met en branle et nous quittons doucement la ville. La faim ne tardera pas à se faire sentir, nous sortons nos victuailles afin de nous préparer notre repas avec pour unique éclairage quelques rayons de lune ; enfin cela suffit largement pour couper notre pain et le tartiner avec de la « Vache qui rit ». Nous prendrons notre dessert à l’arrêt suivant après l’avoir acheté à l’une des vendeuses qui passent aux fenêtres avec des paniers remplis de nourriture. Le bruit et le mouvement oscillant du train faisant leur effet, nous nous endormons et serons réveillés par l’arrivée d’un militaire armé d’une kalachnikov escortant un jeune homme menotté. Ils prennent place juste devant, nous nous rendormons et constaterons à notre réveil que nos deux passagers ont disparu. Combien de temps s’est il passé ? Nous ne savons pas, il fait toujours nuit, nous replongeons sans tarder dans un sommeil qui nous emmènera jusqu’au chant du coq. Ouvrant les yeux nous constatons trois nouveaux passagers de première classe, un coq accompagné de ses deux poulettes et qui en plus se permettent de réveiller tout le monde dès l’aube : un scandale ! Vers onze heures nous approchons enfin d’Addis-Abeba après plus de quatorze heures de voyage. Le train s’immobilise enfin. Nous chargeons nos sacs et plongeons dans cette ville de plus six millions d’habitants. Face à nous Churchill Avenue, une six voies qui monte sur plus de deux kilomètres vers l’Hôtel de Ville. C’est dans cette direction que nous devons nous diriger, non loin se situe le quartier populaire de Piazza où nous devons trouver notre petit hôtel de quartier ! Nous sommes bien en peine à grimper sous le soleil et à respirer l’odeur des pots d’échappements de certains véhicules tellement vieux que le fumet qui s’en dégage donne l’impression de pénétrer dans un nuage d’une noirceur orageuse. A mi-chemin nous lâchons prise et prenons un minibus pour nous emmener au sommet De là nous tournerons pendant quelques minutes avant de trouver notre hôtel dans une petite rue sans nom qui pourrait rappeler le Pigalle des années cinquante. Nous entrons dans une agréable petite cour arborée, nous dirigeons vers la réception où nous attend un homme d’une cinquantaine d’années en train d’astiquer des savates en plastique colorées. Nous le saluons et lui demandons si il lui reste une chambre de libre au prix indiqué dans notre guide, il lève les yeux et nous informe que oui mais que le prix est du double. Nous lui expliquons notre surprise. Il continu à astiquer ses savates en nous regardant de son œil satisfait, nous faisant comprendre que le prix ne bougera pas et que l’on peut toujours aller voir ailleurs pour trouver à se loger. Sans prendre la peine de saluer ce désagréable personnage, nous faisons chemin arrière. Nous n’aurons pas loin à aller puisque un autre hôtel se trouve juste en face, beaucoup moins joli mais qui fera très bien l’affaire. Nous sommes arrivés au Wutma Hôtel. Nous posons nos sacs dans une petite chambre sans confort superflu, d’une propreté des plus relatives, avec une vue donnant sur des toits de taule. Bienvenu à Addis-Abeba, la nouvelle fleur en amharique, langue officielle de l’Ethiopie.

J+25-27 / Pause café dans la cite d’Harar

Harar est la première ville historique éthiopienne que nous visitons, elle a été classée récemment au Patrimoine de l’humanité. La fondation de la ville remonterait au 7ème siècle, elle s’entoure au 16ème siècle d’un rempart de pierre de 4 mètres de haut percée de 5 portes, pour se protéger des attaques des peuples voisins. Nous y sommes arrivés en minibus après une heure de route à serpenter dans la montagne et nous avons compris pourquoi les ingénieurs français ont finalement décidé de ne pas y faire passer le train. Comme toujours, première mission, trouver un hôtel. Nous en trouvons rapidement un qui correspond à notre budget et partons à la découverte de la ville. Nous montons et descendons dans les ruelles étroites et nous sommes systématiquement accompagnés par les enfants et les : « farenji, farenji », (étranger en amharique) qui est le pendant éthiopien du « soura, calam » yéménite (photo, stylo). Nous tombons sur une place où visiblement les bouchers jettent les carcasses des animaux pour que les vautours et les rapaces viennent s’en repaitre. Cela lui donne une vue et une odeur très présentes et un spectacle assez étrange de voir ces oiseaux d’un bon mètre d’envergure fondre sur la place. Il y a encore quelques années, les hyènes venaient nettoyer la ville de ses ordures la nuit tombée.

Le lendemain nous décidons de sortir de la ville et de partir à la recherche des plantations de ce fameux café qui nous a-t-on dit est le meilleur d’Ethiopie et qui posséderait le label Moka. Nous sommes rapidement suivis par les « farenji, farenji » qui sont souvent accompagnés de « you you, give me money » et nous avons parfois jusqu'à dix mômes sur nos talons ! Petit à petit les maisons se font plus rares et après une heure de marche le long de la route nous empruntons un chemin de terre en ne sachant pas trop où il mène. C’est la sortie de l’école et visiblement les enfants ont décidé qu’ils n’avaient rien de mieux à faire que de suivre les farenji. Ils ne nous lâchent pas et nos astuces pour essayer de les semer ont toutes été vaines. Heureusement ils ont été plus patients que nous. L’un d’entre eux, plus dégourdi que les autres a compris ce que nous cherchons et nous emmène dans une plantation de café. Des centaines de jeunes plans protégés du soleil côtoient les pieds déjà chargés de baies vertes où rouges. Le paysan ne parle pas du tout anglais et nous ne pourrons pas échanger avec lui autre chose que des sourires. Le retour se fera sans escorte et sur la route principale nous tendons le pouce et rentrons à Harar sur le plateau arrière d’un camion. Avant la tombée de la nuit nous repartons en ville pour continuer notre visite. Nous rencontrons Fasil, un habitant d’Harar qui nous parle d’une boutique où l’on peut acheter du café. Elle est fermée mais il connait le patron qui la rouvre pour nous. En fait c’est un torréfacteur, il grille les grains verts du café avant de les moudre. Nous achetons notre « dose », elle ira rejoindre celle achetée au Yémen et dès que nous pourrons nous la testerons dans notre cafetière. Mission « café » accomplie. Nous proposons une bière à Fasil et de fil en aiguilles, la soirée avançant, nous nous retrouverons tous les trois dans un club harari à écouter du reggae en mangeant de la viande accompagnée d’injera. C’est une galette à base de farine de tef, une céréale exclusivement cultivée et consommée en Ethiopie.

Le lendemain Fasil nous propose une visite de sa ville. Il tient absolument à nous montrer la maison de Rimbaud dans laquelle en fait il n’a pas pu habiter puisqu’elle à été construite dix ans après sa mort…Apres deux heures à déambuler dans les rues, au moment de nous séparer, Fasil gêné nous demande un peu d’argent pour la visite. Et nous qui pensions qu’il faisait ca par plaisir ! Quelques courses, nous récupérons nos sacs à l’hôtel et reprenons un minibus pour Dire Dawa. A 17h30 un train part pour Addis Abeba, nous sommes dans les temps.

J+22-24 / On lève le pied

Nous arrivons à Dire Dawa après ce long trajet ferroviaire. A peine le temps de faire quelques pas pour commencer notre recherche hotelliere, qu’un homme vient à notre rencontre pour nous proposer de nous montrer le chemin. 300 mètres plus loin nous sommes arrivés, c’est bien ce qu’il nous semblait, nous savions qu’il était prés de la gare. Nous voulons donner 5 birrs à notre guide de fortune, qui n’apprécie pas. Il estime que 10 birrs serait une somme tout à fait acceptable étant donné qu’il nous a servi de taxi !!! Nous le remercions gentiment en lui faisant comprendre qu’il n’a même pas porté nos sacs et que nous savions où nous allions. Nous vous faisons part de cette petite anecdote parce que tout notre séjour va être marqué par ce genre de démarches qui passe pour être cordiale, et qui finalement s’avère être une méthode pour récupérer un peu d’argent auprès des touristes. Le plus déroutant, c’est de croire que c’est un coup de main et de se retrouver à devoir payer un service que nous n’avons pas sollicité et qui parfois n’en est pas un. Nous pouvons bien sur facilement imaginer ce qui les pousse à procéder de cette façon pour récupérer de l’argent. Ce pays est parmi les plus pauvres du monde, cela pourrait changer car il possède sans doute le potentiel agricole et touristique le plus important d’Afrique.

Nous voilà enfin dans une chambre au confort relatif, mais avec un lit et des draps propres : un trésor. Cela va nous permettre de nous reposer après cette nuit ferroviaire des moins reposantes.

Le lendemain nous partons explorer Dire Dawa qui est devenue la deuxième ville du pays après Addis Abeba, grâce à la construction du chemin de fer au début du siècle dernier entre la capitale Ethiopienne et le port de Djibouti. Le développement de Dire Dawa se fera au dépend de la ville voisine Harar qui y perdra sa position commerciale. Dire Dawa possède peu d’histoire car avant l’arrivée du train, elle n’était qu’une petite bourgade sans importance. De cette exploration rien de particulier à écrire, si ce n’est qu’il fait bon vivre dans cette petite cité de 150 000 habitants. S’asseoir à une terrasse regarder les gens passer, boire un « bouna » café en éthiopien, siroter un grand jus de fruits où se mélangent saveurs de banane, mangue, goyave et autres fruits qui évoquent le soleil et le bien-être, se promener dans sa grande halle aux contrefaçons, dit le « Taiwan Market » sont les activités les plus excitantes que nous avons trouvées.

Nous passerons deux, trois jours à en faire le moins possible en attendant de prendre la route pour Harar où nous irons essayer de trouver les caféiers de cette très ancienne cité.

J+20-21 / 17 heures pour un retour en l’an 2000

Devant la gare de Djibouti, une masse de gens assis, chargés de bagages et qui attendent comme nous le départ du train. Un docker nous fait des amabilités coloniales (le chemin de fer a été construit par des français début 1900), une chaise pour le français, la dame doit passer devant les autres pour les billets, nous sommes un peu gênés. L’heure de l’embarquement arrive, nous passons évidemment les premiers, puis c’est le tour des secondes classes qui essaient de passer en force car il n’y aura pas de la place pour tout le monde. Nous nous installons donc dans notre wagon de 1ère classe qui n’est pas bondé contrairement aux 2èmes mais dans lequel sont entreposées des marchandises. Nous sommes loin de la 1ère classe SNCF : le confort reste relatif, les vitres restent ouvertes grâce à des cailloux et inutile de décrire les toilettes. Un responsable des Chemins de fer Djibouto-Ethiopiens que nous avions rencontré plus tôt, qui nous avait aidés à acheter nos billets, s’assure que tout va bien et demande à un employé du train de veiller sur nous. 4 heures 15 du matin, incroyable le train quitte lentement la gare. Des gens essaient de monter clandestinement et les employés semblent impuissants à les en empêcher. Seulement 15 minutes de retard, probablement un record….Malheureusement ce sera de courte durée. Nous avons a peine fait 500 mètres que nous nous arrêtons. Nous ne comprenons pas ce qui se passe et attendons. Nous apprendrons plus tard que le train a roulé sur quelqu’un qui s’était endormi sur les voies après avoir trop bu. Il s’agissait d’un jeune garçon, il a eu la jambe sectionnée et n’a malheureusement pas survécu. Cela nous a choqué d’autant qu’il semblerait que ces incidents arrivent souvent. Le train fait marche arrière et reste immobilisé en gare. Le jour a fini par se lever, les moustiques se sont régalés et c’est au tour des mouches d’êtres agaçantes. 7h30, le train s’ébranle enfin avec cette fois-ci 3h30 de retard et des passagers sur le toit. Le train traverse les quartiers pauvres de Djibouti, maisons de tôle au milieu des ordures, en quelques années, la population a doublé, le gouvernement Djiboutien à accueillir les immigrés Somaliens et peut-être éthiopiens. Nous nous recroquevillons sur nos banquettes pour essayer de dormir un peu, il fait déjà chaud et entre deux sommes nous apercevons les paysages désertiques qui nous entourent. A 10h30 nous nous arrêtons dans le dernier village djiboutien avant la frontière éthiopienne. Nos passeports recevront le tampon de sortie du territoire. Nous pensons repartir mais non, rien ne bouge. Il nous faudra attendre 13h30 pour repartir. Nous attendions qu’un train de marchandises arrive en sens inverse, il n’y a qu’une voie et les deux trains ne pouvaient ce croiser que dans cette gare. Nous n’irons pas loin, 500 mètres plus loin c’est l’Ethiopie et une nouvelle pause s’impose. Cette fois tout le monde doit descendre pour le passage à l’immigration éthiopienne. Nous nous arrêtons dans une espèce de salle d’attente où nous dégusterons nos premiers cafés éthiopiens avant d’aller faire tamponner nos passeports. Tout est en règle, nous remontons dans le train en espérant qu’il se remettra en marche bientôt. Malheureusement nous aurons encore une heure à attendre, pour nous les formalités ont été rapides mais pour les autres voyageurs, cela prend plus de temps. Pour tuer le temps, Stan fait une démonstration de Vo-Vietnam à des gamins ravis. Quand le train se remet en route, nous en sommes à 3 heures de marche pour 7 heures d’immobilité ! Nous faisons d’innombrables pauses dans des villages pour charger et décharger passagers et marchandises. Nous n’avons aucune idée de l’heure à laquelle nous sommes sensés arrives. Heureusement nous avons suffisamment d’eau, par contre côté nourriture nous sommes un peu justes. Vers 10 heures, enfin une lueur d’espoir, nous voyons au loin les lumières de ce qui pourrait être une grosse ville. Nous avions vu juste, après une dernière halte, nous entrons enfin en gare de Dire Dawa. Apres une troisième fouille sommaire de nos sacs par les militaires, nous voici enfin dans les rues de la ville. 17 heures de voyage pour faire un peu plus de 300 km ! Mais pour un retour en l’an 2000 c’est peu finalement. En effet, l’Ethiopie suit le calendrier Julien qui a 7 ans de décalage. Le 11 septembre dernier ils ont donc fêté leur millenium et nous, nous venons de rajeunir de 7 ans !

9 octobre 2007

J+18 à 20 / De Djibouti à l'Ethiopie

Il n'était pas prévu que l'étape à Djibouti dure longtemps, le temps d'obtenir notre visa éthiopien et de se renseigner sur les départs de trains pour l'Ethiopie. Et bien tant mieux parce que la vie à Djibouti est très chère, en tout cas par rapport au Yemen et surtout par rapport à notre budget quotidien qui explose littéralement. Il va nous falloir nous faire attention pendant au moins un mois pour rattraper ça. Heureusement, il semblerait que la vie en Ethiopie soit bien meilleur marché. Il n'y a pas grand chose à voir à Djibouti, si ce n'est déambuler dans les rues, aux heures les moins chaudes de préférence, et s'imprégner de l'agitation de la ville, de ses marchés et de ce début d'ambiance africaine.
Un train part cette nuit à 4h pour Dire Dawa qui sera notre première étape avant Addis Abeba la capitale. La ligne Djibouti-Addis Abeba a été construite début 1900 par des ingénieurs français. Elle est toujours en service et quand on voit l'état du train on se demande comment... Il nous faudra au moins 10 heures, qu'ils disent, pour faire un peu plus de 300 km, de la rigolade, maintenant on est rodés !
Nous avons passé une bonne partie de la journée à mettre le blog à jour, à répondre à nos mails et à en écrire pour vous donner des nouvelles. Le blog risque d'être en stand-by jusqu'à ce que nous arrivions à Addis Abeba dans une semaine, dix jours, il semblerait que les cyber cafés ne courent pas l'Ethiopie. Nous espérons que nous aurons beaucoup de commentaires que nous prenons un très grand plaisir à lire. D'ailleurs, maintenant tout le monde peut en laisser, nous avons débloqué l'option qui obligeait à s'inscrire. Alors, lâchez-vous !

J+17 / Djibouti, un port trop loin !

Il est midi, il fait très chaud et nous voilà avec nos deux motards sur le port pour savoir quand part le prochain bateau pour Djibouti. Pourvu que ce ne soit pas dans 10 jours ! Nous avons de la chance, un bateau part ce soir. Il y a un bateau tous les 3 jours et heureusement nous n'aurons pas à passer plusieurs jours ici parce qu'il y a comment dire, absolument rien à faire. Tellement rien que nous nous demandons comment nous coouper jusqu'au soir. La priorité, trouver de l'eau et de l'ombre. Nous traversons la ville qui est balayée par un vent brûlant et poussiéreux et trouvons le seul endroit ombragé et abrité du vent et de la poussière. Une famille a eu la même idée que nous. Nous entamons la discussion et apprenons qu'ils sont djiboutiens et qu'eux aussi attendent le bateau du soir. Nous passerons l'après-midi à discuter avec l'homme que nous avons baptisé papa qui est prof d'anglais. A 18h, arrive enfin la rupture du jeûne, pour eux et pour nous qui n'avons pas pu manger et qui avons peu bu de la journée en raison de leur présence et ils nous invitent à partager leur repas. Il est l'heure pour Stan d'aller à l'immigration, sur le port pour obtenir notre visa de sortie du territoire yéménite. Ça va lui prendre 2 bonnes heures, une parce que le bureau sensé ouvrir à 19h n'ouvrira qu'à 20h et une le temps que les employés décident qu'ils avaient mâché assez de qat et qu'ils serait peut-être temps de s'y mettre. Nous nous retrouvons enfin devant le bateau, une boutre en bois déjà bien chargée à l'avant. Nous apprenons qu'au lieu des 25 passagers habituels nous serons une bonne centaine ! Nous en sommes à nous demander comment autant de personnes peuvent tenir sur cette boutre lorsque les passagers et surtout les passagères arrivent. Il s'agit de commerçantes djiboutiennes qui viennent acheter des marchandises diverses et variées, allant de tissus aux meubles en passant par les antennes satellites, au Yemen pour les revendre à Djibouti. Elles arrivent dans des pick-up et le chargement de la boutre peut commencer. Nous contemplons amusés le spectacle de toute cette agitation. Les pick-up s'enchaînent, nous nous disons que c'est le dernier et que de toute façon la boutre est déjà pleine à craquer mais non, ça continue comme ça jusqu'à une heure du matin ! Avant le départ, enfin, tout le monde est sur le quai. L'immigration appelle les passagers, passeport en main, un à un. Nous avons le privilège d'être les premiers à monter à bord. Il faut dire que même avec nos gros sacs à dos, nous sommes ceux qui voyagent le plus léger... Arrive ensuite un flot d'hommes et de femmes encore chargés d'au moins quatre sacs chacun. Les femmes doivent s'installer en bas et les hommes en haut. Je suis ravie. Le bas se remplie à une vitesse hallucinante et je me demande comment tout le monde va pouvoir s'asseoir, et je ne parle même pas de s'allonger pour dormir. Pourtant c'est bien ce qu'il va falloir qu'on fasse, il est bientôt deux heures du matin et la traversée doit durée entre 12 et 18 heures. Je me décide à rejoindre Stan en haut avec les hommes, je suis une européenne, ils devraient m'accepter. Sur le pont supérieur, il y a beaucoup moins de monde, beaucoup moins de paquets, les hommes sont déjà installés pour dormir et personne ne s'offusque de ma présence. Tant mieux, au moins ici il y a de la place et surtout de l'air. Nous nous installons donc pour la "nuit". Nous serons réveillés deux heures plus tard pour une petite collation, des sandwichs aux haricots rouges, enfin, dans le noir ça y ressemblait. La grasse mat ce sera pour un autre jour, nous sommes réveillés tôt par le soleil qui tape déjà. Des hommes prient sur le pont, au moins eux ils ont trouvé quelque chose pour s'occuper. A ce moment là de la traversée nous pensons débarquer à Djibouti vers 14h, nous admirons le paysage et attendant que le temps passe. Les gens sont installés un peu partout, à l'avant sur les chargements, en bas, en haut, sur les cuves à eau, ils dorment, pour la plupart. Mais ça cogne. Heureusement, les hommes d'équipage intallent de grandes bâches pour nous protéger du soleil. C'est tout ce qu'il nous fallait et ça tombe bien, je me rend compte que j'ai les traces du bronzage islamique, celle du foulard sur le front, très chic !Toujours pas de terre en vue. Nous apprenons que le bateau avance très lentement en raison du nombre de passagers et surtout du chargement et que l'arrivée n'est pas prévue avant 19h. Génial. Vers 15h on apporte à manger pour les rares personnes qui ne suivent pas le ramadan, ça fait du bien. Nous essayons de tuer le temps en jouant aux dés ou en lisant. A 18h c'est la fin du jeûne et ça met un peu d'animation. Nous arriverons finalement au port à 20h et il faudra au moins une heure pour que nous descendions du bateau, les permiers heureusement. Après les formalités administratives, verification du visa et tampon d'arrivée sur le territoire, nous voilà sacs aux dos en route pour la ville. Un petit bus nous déposera devant un hôtel qu'on nous avait conseillé et même si finalement il n'est pas génial, c'est vrai que vu l'heure et notre état de fatigue, nous ne cherchons pas plus loin. Un petit tour en ville pour échanger nos derniers rials yéménites contre des francs djiboutiens, dans la rue avec les djiboutiennes qui décidement gèrent tous les business, et pour manger assis à une table pour changer et nous aurons mérité une vraie nuit de sommeil.

J+16 / En piste pour Moka

8h30, toc toc toc... je me lève, j'ouvre la porte c'est notre motard. Il vient, comme convenu la veille, pour nous prévenir que les deux motos sont prêtes pour nous emmener jusqu'à Moka. Nous prenons rapidement notre petit-déjeuner, une nouvelle fois notre cafetière nous sauve d'un petit-déjeuner à l'eau, car il n'était pas compris dans notre séjour dans ce Club Med de seconde zone. Nos sacs sont sanglés et nous voilà sur nos dromadaires mécaniques, les cheveux dans le vent sur les pistes yéménites, direction Moka, l'un des objectifs principaux de notre venue au Yemen. Deux heures de trajet entre pistes et bitume, dunes de sable et mer turquoise, chameaux et camions Isuzu, et avec une petite pause dans un village où tous les enfants sont venus nous regarder dans le plus grand silence. Nous voyons enfin apparaître quelques signes d'urbanisation, Moka ne doit plus être loin. Quelques minutes plus tard elle se dévoile enfin à nous. Nous la traversons de part en part afin de nous rendre directement au port pour obtenir les renseignements sur le bateau dans lequel nous embarquerons pour Djibouti. Sur notre droite la plus vieille mosquée de la ville dominant un champ de maisons en ruine où quelques-unes toujours debout se disputent les quelques commerces encore ouverts. Cette traversée donne une impression de fin de règne, où les gens sont là pour assister à la mort prochaine de leur cité qu'ils sont incapables de quitter tant la misère et la nostalgie fait d'eux les prisonniers de ce port au passé glorieux.
Nous voilà donc arrivés à Moka, ville morte-vivante depuis que les Ottomans ont quitté le pays et perdu le monopole du café au profit des français et des anglais qui en ont répandu la baie à travers le monde.
Maintenant à chaque fois que nous dégusterons un café Moka, il y aura comme un petit arrière-goût de nostalgie et de vague à l'âme.

J+14 à 15 / Enfin la mer, la plage et les palmiers...

A nouveau sur le bitume avec notre paquetage direction Al-Khokhah, la station balnéaire du Yemen. Minibus, taxi, un petit arrêt à Hays où un vieux qui va au même endroit que nous s'embrouille avec un chauffeur ce qui nous retarde d'une bonne demie-heure et nous oblige à changer de taxi et nous voilà en route plein sud pour la mer. Arrivée à Al-Khokhah, la chaleur est encore montée d'un cran, mais avec en plus une petite odeur d'embruns, nous y sommes presque, plus qu'à rejoindre notre fundunk qui se trouve à 5 km au nord. Nous finissons par trouver un motard-taxi qui nous emmène jusqu'à notre point de chute ; à trois sur la moto, sans casques bien sûrs, plus nos gros sacs à dos autant dire que ce court trajet a été assez rock'n'roll !!! Mais nous y arrivons enfin et en vie. Nous prenons place dans notre chambre climatisée à 200 mètres de la mer. Une petite sieste et nous enfilons nos maillots de bain, direction la plage ; après avoir passé les palmiers la mer se découvre enfin à nous. Mais le sable fin n'est pas au rendez-vous, la plage est courte, le sable dur. Pas grave on est là pour ce baigner. Nous avançons vers l'eau et le premier contact est chaud, très chaud et après avoir marché dans l'eau sur plusieurs dizaines de mètres nous avons enfin de l'eau jusqu'aux genoux !
Le lendemain nous partirons pour une ballade dont le début relève plus du chemin de croix que d'une promenade en amoureux : chaleur, poussière, soif... nous ferons une pause à l'entrée d'un village de huttes, les habitants nous inviteront à nous reposer sur des nattes à l'ombre des arbres, ils nous apporteront de l'eau pour nous désaltérer et nous rafraîchir, une demie-heure de bonheur à écouter le vent dans les branches avant de repartir traîner nos tongs dans la poussière. Le retour se fera en longeant la plage, nous trouverons un port de plage ou les barques prennent la mer la nuit pour allez pêcher au lamparo.
Nous restons dans ce presque paradis pendant deux jours et deux nuits puis partons pour Moka, port mythique. Corto-Maltes y à sans aucun doute posé pied un jour ou l'autre lors de sa vie de marin errant.

J+10 à 13 / En route vers la Mer Rouge

Il est 15h30, nous sommes à Djibouti, 35° et enfin l'électricité revient dans le ville après deux heures de coupure. Nous pouvons enfin nous connecter pour vous donner quelques nouvelles de notre périple qui nous a emmené jusqu'ici. Quand nous vous avions quitté nous étions encore à Sana'a.

Brigitte nous propose une ballade dans la ville avant de nous emmener à la station de taxi collectifs d'où nous pourrons partir pour Djibla. Nous voilà dans un petit marché de quartier, fruits et légumes dans une ruelle bondée, poissons et viandes dans une petite halle fort odorante avec des commerçants qui veulent tous être pris en photo, plus loin le marché à la volaille là l'odeur est encore un peu plus marquée ce qui nous rappelle les vacances à la ferme. Nous remontons dans le 4x4, un petit tour rapide dans une échoppe qui sent bon les épices, nous achetons quelques victuailles et surtout un sachet d'échantillons de café. Quelques minutes plus tard le chauffeur de Brigitte nous dépose à Bab El Yemen où nous prenons le taxi pour Djibla au sud de Sana'a. Nous arrivons à Ibb, une ville à quelques kilomètres de Djibla, deux heures et quelques frayeurs plus tard ; étant donné le style de conduite de notre chauffeur nous y sommes arrivés plus tôt que prévu. Ibb est une ville qui ne donne pas spécialement envie d'y rester, embouteillages, klaxons et pollution sont les souvenirs les plus marquants que nous pourrons en garder. De taxi, en bus et minibus nous arrivons enfin à Djibla, ville de la reine Arwa qui en fît la capitale de son royaume au XIème siècle. Nous visitons ce village de montagne aux pentes escarpées, à noter un cimetière dominant la ville, traversé par un aqueduc construit par la reine ; une mosquée à deux minarets qui renferme le tombeau de la très vénérable reine Arwa morte à l'âge encore plus respectable de 93 ans, sans doute dans l'une des 365 chambres que contenait son palais aujourd'hui en ruine.
Après deux nuits nous prenons la route direction Zebid, troisième ville sainte de l'Islam après Médine et la Mecque. Nous prenons place dans un taxi, attendons qu'il se remplisse et en route vers une ville étape où nous changerons de taxi. Au fur et à mesure que nous approchons de notre objectif qui se situe près de la Mer Rouge, et beaucoup plus près du niveau de la mer que nous n'avons jamais été, la température monte petit à petit, le paysage devient de plus en plus plat et désertique. Vers 17 heures nous arrivons enfin, sortons du taxi, mettons nos sacs à dos et nous dirigeons vers le coeur de la ville. A peine quelques minutes de marche et nous sommes déjà en nage. Nous errons désespérément dans le dédale de cette petite ville en espérant trouver notre hébergement mais personne ne nous comprend. Laetitia échappe à la piqûre de scolopendre. Enfin nous rencontrons quelqu'un qui parle anglais, et nous lui faisons comprendre que nous aimerions dormir dans la Médina, il nous montre un premier lieu, mais les femmes et les hommes ne peuvent pas partager la même pièce ; l'homme nous guide vers une autre demeure qui sera la bonne. Nous dormirons donc chez Hamed, dans une demeure qui n'est absolument pas un hôtel, mais plutôt un fumoir et un lieu où les hommes viennent qater le soir venu avec une superbe vue une des mosquées. La maison est magnifique et est même en photographie dans un livre écrit par un français montrant les constructions notables de la ville qui est classée patrimoine de l'humanité par l'Unesco. Le souk donne une impression de voyage dans le temps, comme un retour quelques siècles en arrière, des ruelles en terre où de petites boutiques s'ouvrent petit à petit après la rupture du jeûne. Nous nous arrêtons dans l'une d'elle pour prendre un thé avant de nous perdre à nouveau dans cette ville aux 86 mosquées, heureusement qu'Hamed nous avait donné l'adresse de sa maison sur un petit bout de papier, car aucune des fois où nous sommes sortis nous n'avons réussit à retrouver notre chemin sans avoir à le demander aux habitants. Je fais pour Hamed mon premier portrait d'homme politique et pas n'importe lequel, Saddam Hussein. Comme tout yémenite qui se respecte il porte cet homme dans son coeur, il a même été combattre dans son armée. Son salon est orné de plusieurs dizaines de portrait du président yemenite et de l'ancien Rais d'Irak. Nous achevons notre séjour à Zebid par une visite de la citadelle construite par les Ottomans pendant leur occupation du pays à partir du XVème siècle. A noter que cette période fût l'âge d'or du café pour le Yemen et notamment pour le port de Moka.