25 août 2008

J+264-267 / Les caféiers au pied du volcan

La destination finale de notre bus est San José au Costa Rica, nous avons donc demandé au chauffeur de nous déposer en chemin, à l'embranchement de la route de Boquete. Pas de problème. Vers 5h du matin nous sommes réveillés par le collègue du chauffeur qui nous annonce qu'ils ont oublié de nous déposer. Génial. Ils nous débarquent sur le bord de la route en nous disant de traverser et d'attendre un bus. Nous nous demandons si nous ne sommes pas déjà à la frontière avec le Costa Rica parce qu'il y a ce qui semble être un poste frontière. D'ailleurs un homme qui semblerait être un douanier nous demande nos papiers. Un bus arrive et nous nous dépêchons de passer de l'autre coté de la route pour l'arrêter. Il fait encore nuit et les passagers sont des gens qui vont travailler. Nous apprenons que le premier bus pour Boquete est à 6h30 alors nous décidons d'aller jusqu'au terminus à David, ce sera mieux que de l'attendre dans le noir sur le bord de la route, et pour peu qu'il se mette à pleuvoir en plus. Nous mettrons plus d'une heure pour rejoindre David ce qui confirme notre doute par rapport à la frontière. Nous n'aurons pas longtemps à attendre, un grand bus jaune américain Blue Bird est sur le départ pour Boquete. Le temps qu'il se remplisse et c'est parti. Encore une heure de route et nous voici à Boquete, le village au pied du volcan, du sommet duquel, d'ailleurs il est possible de voir par temps clair d'un côté l'océan Pacifique et de l'autre la mer des Caraïbes. Il nous faut trouver un hôtel et le guide en indique un sympa dans le bas du village à côté du fleuve. Nous en prenons le chemin quand nous sommes interpellés par une dame qui nous dit qu'elle a des chambres dispo dans son hôtel, ça tombe bien c'est justement celui que nous cherchions. Elle était en route pour prendre le bus pour David et nous dit que les clés de la boutique sont cachées dans le pot de fleur et de nous installer. En fait ça ressemble plutôt à une petite maison avec un petit salon et une cuisine et deux chambres équipées de salles de bains. Nous en choisissons une et posons enfin nos gros sacs. Effectivement le fleuve coule juste devant et il y a un mini jardin pour pouvoir en profiter. Une petite douche et nous nous préparons rapido un petit café parce que ça va être l'heure de retrouver Kalin et Jason. Ils sont comme prévu devant leur hôtel à nous attendre, nous avons tout juste le temps de discuter avant que la guide pour le Coffee tour arrive. Elle est hollandaise et comme beaucoup d'étrangers s'est installée dans la région il y a quelques années. Le climat et la beauté du coin attirent de plus en plus de monde, beaucoup d'américains qui viennent passer leur retraite dans ce coin tranquille. Sur la route nous avions vus des panneaux annonçant la construction de nouvelles résidences et tous étaient en anglais, c'est clair que ça ne s'adresse pas aux panaméens. Nous montons dans le 4X4 qui nous emmène dans une plantation de café. La guide nous explique qu'avec son mari ils ont eux aussi une plantation mais qu'elle emmène ses clients dans celle de son ami parce qu'elle est plus grande et surtout elle dispose de toutes les machines qui permettent d'expliquer le processus. Arrivés sur place nous attendons trois américains qui vont suivre la visite avec nous. Cela durera trois heures et malgré le fait que ce ne soit pas notre premier Coffee Tour nous avons appris beaucoup de choses, les processus n'étant pas tout a fait les mêmes dans tous les pays. Le propriétaire a conservé toutes les machines de son grand-père qui avait commencé l'exploitation et qu'utilisait à l'époque et qui fonctionnent encore. Elles sont à leur emplacement d'origine dans une petite maison en bois et c'est intéressant de voir de quelle manière cela a évolué. Nous terminons par une dégustation de cafés ayant subit différents types de torréfaction, légère, moyenne et obscure ou française! Vient ensuite la partie « et maintenant vous allez bien m'acheter un ou deux paquets de café ? ». Comme nous ne sommes intéressés que par le café vert qui se conserve mieux et qu'ils n'en n'ont pas ce ne sera pas pour nous. Par contre nous faisons l'acquisition d'un grand sac à café pour tenir compagnie à celui que nous avons ramené du Brésil.
Nous revenons au village et passons l'après-midi ensemble à nous balader, notamment dans un jardin privé ouvert au public, à boire un bon café en terrasse (où il est interdit de fumer) et nous trouverons notre café vert dans une usine de torréfaction en chemin. Nous dînons ensemble et nous disons de nouveau au revoir, Kalin et Jason partent demain matin pour Bocas del Toro sur la côte nord et nous restons une journée de plus pour explorer la région.
Le lendemain nous passons au marché acheter quelques fruits et légumes et nous partons sur les chemins. Nous suivons d'abord la route goudronnée et dès qu'un petit chemin se présente nous l'empruntons. Nous longeons une jolie rivière pendant un bon moment, nous nous arrêtons sous un arbre pour pique-niquer et arrivons ensuite dans une forêt bien dense sur une colline. Les paysages et les lumières sont magnifiques et ça nous fait du bien de nous retrouver dans la nature après ces quelques jours à Panama Ciudad.
Le lendemain nous repartons déjà. Nous nous levons à l'aube pour prendre un bus pour David et de là nous savons qu'il y a des départs pour San José, la capitale du Costa Rica. Ca va nous prendre plusieurs heures de voyage, avec un passage de frontière et une arrivée en fin de journée. Nous arrivons effectivement vers 19h à San José et nous devons changer de terminal. En fait il n'y a pas de terminal regroupant toutes les compagnies mais des petits terminaux privés pour chaque compagnie, évidemment ils sont disséminés dans la ville. Nous comptions enchaîner avec un bus pour le Nicaragua puisque nous n'avons pas l'intention de rester au Costa Rica mais il n'y a pas de bus de nuit, le prochain est le lendemain matin à 8h. Nous achetons notre billet que nous payons pour la totalité du trajet alors que nous nous arrêtons bien avant, dans une petite ville près du lac Nicaragua d'où nous pourrons prendre un bateau pour l'Isla Ometepe, notre prochaine destination. Nous nous mettons à la recherche d'un hôtel dans le quartier et atterrissons à "l'Hotel Petit", un établissement dont l'ancien proprio était français. Nous constatons tout de suite que le niveau de vie ici est encore plus cher qu'au Panama. Le prix de la chambre est proche de ceux qu'on trouve en Europe. Le quartier ne regorge pas d'hôtels, il est tard alors on négocie un peu le prix et on s'installe. On sort dîner et on rentre rapidement se coucher, on est KO et on se dit que finalement ce n'est pas plus mal qu'on ne voyage pas cette nuit. Demain on doit se lever tôt pour prendre notre petit déjeuner avant d'aller au terminal qui demande d'arriver une heure avant le départ du bus ! Pire que pour prendre l'avion.

24 août 2008

J+260-263 / Sin City

Nous voici débarqués du bus en plein centre de Panama Ciudad. Nous prenons un taxi pour nous faire déposer dans le quartier dans lequel, d´après le guide, se trouvent les hôtels bon marché, et nous nous séparons provisoirement de nos compagnons de voyage. Nous allons dans quelques hôtels mais les prix sont bien au delà de ce que nous pensions. Nous demandons à des gens dans la rue qui nous indiquent un autre quartier, celui dans lequel le bus nous avait déposé un peu plus tôt ! Nous avons pris le taxi pour rien et nous rebroussons donc chemin mais à pied parce que finalement ce n´est pas si loin que ça et que les taxis ne sont pas donnés ici. La monnaie du Panama est le Balboa (évidemment pas Rocky mais le conquistador espagnol qui prétendit avoir découvert l'océan Pacifique) mais il est indexé sur le dollar et du coup les prix sont en dollars, les billets sont des dollars, les mêmes qu´aux Etats-Unis et seules quelques pièces sont des balboas, quand ce ne sont pas des cents de dollars... Heureusement les prix sont un peu moins élevés qu´aux Etats-Unis mais on sent bien qu´on s´en rapproche de plus en plus. D´ailleurs, il y a des fast-food partout et on ne peut fumer nulle part, si c´est pas la preuve ça. Bref on change de quartier et on trouve une chambre avec une vrai fenêtre sur un vrai extérieur, ce qui est loin d´être le cas dans tous les hôtels, la clim, un lit et une salle de bain privée pour un prix raisonnable. Il était temps, il se met à pleuvoir des cordes sur la ville. Après une bonne douche qui fait un bien fou, la première depuis six jours (pas de douche sur le bateau et l´eau salée ça peut laver mais c´est quand même pas la même chose) la pluie s´est arrêtée et nous allons faire un petit tour et manger un morceau. Nous devons aussi trouver un internet pour voir si les autres ont envoyé un mail pour nous informer de l'endroit où l'on pourra les retrouver. Pas grand chose dans le quartier et honte sur nous, nous allons au Mac Do. En France on n´y va jamais (je vous jure que c´est vrai et pourtant on en a un tout près de chez nous) et là, je ne sais pas ce qui nous a pris, pour la première fois depuis plus de huit mois, nous choisissons la malbouffe. Comme il fallait s´y attendre c´est pas génial et ça reste sur l´estomac. Nous allons donc marcher un peu pour faire descendre tout ça et au coin d´une rue nous tombons sur Kalin et Jason qui eux aussi ont trouvé un hôtel dans le quartier. Nous allons ensemble envoyer un mail à Slava et Erik qui sont eux de l´autre côté de la ville pour leur dire que nous les retrouvons à leur hôtel et prenons un taxi -à quatre le prix est nettement plus raisonnable- pour aller les rejoindre. Le chauffeur nous dit de ne pas nous promener dans la ville de nuit, nous parle de pistolets et de voleurs, ambiance. Ce ne sera pas la seule personne à nous dire de faire attention, de ne pas aller dans tel où tel quartier parce que c´est dangereux. Même des policiers à vélos nous ont mis en garde. Tout cela ne nous aide pas à nous sentir, comment dire, en sécurité... De toutes les villes que nous avons visitées, c´est la première fois que nous ne nous sentons pas à l´aise et que nous sommes sur nos gardes. Une fois que nous avons retrouvé Slava et Erik nous allons tout de même à pied dans le quartier pour trouver un endroit pour dîner, faut pas devenir parano, et on est sept dont cinq gars, il doit y avoir plus facile comme cible pour d´éventuels voyous. Après ça nous trouvons un endroit sympa et branché, bonne musique et cadre agréable avec galerie d´art mais sans autres clients que nous pour boire quelques bières. Une première soirée sympa avec nos cinq copains ailleurs que sur le bateau.
Le lendemain nous allons voir le seul point d'intérêt de la ville, le Canal de Panama. Il traverse l'isthme de Panama sur 80 km pour relier l'océan Pacifique à l'océan Atlantique. Chaque année 14 000 bateaux l'empruntent et des travaux d'élargissement sont en cours pour permettre le passage à des bateaux encore plus gros, ce qui occasionnera sans aucun doute des dégâts écologiques. Dans la ville de Panama, on peut voir les bateaux franchir les écluses de Miraflores et c'est donc la que nous nous donnons rendez-vous. Le passage des bateaux s'observe d'une grande terrasse. De là nous pouvons voir d'énormes bateaux qui font la queue à l'entrée de l'écluse. L'un d'eux est en train de la passer, c'est très impressionnant. Effectivement des travaux d'élargissement s'imposent, il n'y a pas plus d'un mètre entre le bateau et le bord du canal a cet endroit. Des petits trains tractent le cargo pour le guider dans le canal et lui faire passer les différents bassins qui permettent d'élever le bateau et de lui faire passer l'écluse. Nous restons là un bon moment à regarder ces mastodontes avancer lentement et enfin reprendre la mer. Nous avons tout juste le temps de visiter le musée qui explique la construction du canal. L'idée remonte au début du 16ème siècle, la première tentative de construction commence en 1880 par les français et ce sont les américains qui le terminent. Le canal ouvre en 1914. Près de 28 000 ouvriers sont morts pendant la construction, notamment de paludisme, de fièvre jaune ou d'accidents. Nous n'aurons pas le temps d'en apprendre beaucoup plus, l'heure c'est l'heure et nous nous faisons mettre dehors par les gardiens. Nous revenons dans le centre, chacun ayant son programme, pour nous ce sera le dernier "Indiana Jones" avec Kalin et Jason dans le quartier moderne hérissé de buildings.
Nous passons encore deux jours à Panama Ciudad. Nous en profiterons pour envoyer un gros colis pour la France avec toutes les choses encombrantes et lourdes achetées en route. Petit à petit le groupe se dissout. Kalin et Jason partent les premiers.
Nous passons une après-midi à marcher dans la ville. Ce n'est pas joyeux, certains quartiers semblent dans un état de délabrement avancé. Murs décrépis, immeubles abandonnés, rues sales... Nous avions déjà traversé des villes peu accueillantes mais habituellement il y a toujours un quartier vivant et joli mais ici rien. Nous décidons de passer à l'hôtel d'Erik et Slava voir si ils sont là. Le lendemain ils partent tous les deux, Slava à Cuba et Erick on ne sait pas trop, d'ailleurs peut-être que lui non plus n'en a pas trop idée. Une dernière soirée ensemble à boire des coups sur le banc d'un parc public et à observer les gens et nous finissons dans le bar branché de la première nuit mais cette fois il est plein. On se dit au revoir, on s'embrasse et on se souhaite bonne chance pour la suite. Pour nous, la prochaine étape est Boquete, un village au pied d'un volcan et où se trouvent des plantations de café. Nous allons de nouveau devoir passer la nuit dans un bus, il part à 23 heures. Nous passons cette dernière journée dans un café internet, ça tombe bien il pleut, et nous en profitons pour écrire un peu pour le blog. Juste avant de partir pour la gare routière nous recevons un mail de Kalin et Jason qui viennent d'arriver à Boquete alors que ce n'était pas ce qu'ils avaient prévu. Ils nous disent que le lendemain à 9h ils vont faire un coffee tour et que si ça nous intéresse il reste de la place pour nous. On ne pensait pas les retrouver si rapidement et bien sûr on dit oui pour le coffee tour, même si ça nous laissera tout juste le temps de poser nos sacs à l'hôtel et de peut-être prendre une douche. Mais c'est le tour du monde du café ou bien ?
Nous prenons un taxi pour la gare routière qui comme souvent est excentrée. Le bus ne part que dans trois heures, ça ne va pas être facile de s'occuper. La gare est grande et bien éclairée mais il n'y a pas grand chose. Nous laissons nos gros sacs dans les bureaux de la compagnie, ce sera plus facile pour traîner la galoche. Un centre commercial se trouve juste en face et nous y allons en nous disant que peut-être là-bas... Nous faisons le tour pour trouver l'endroit où nous allons manger un morceau, pas facile de choisir entre fast-food et ... fast-food. Nous nous installons dans une petite pizzeria en espérant qu'ils ne nous servent pas trop vite. Malgré ça nous n'y passons pas plus d'une heure, ce qui nous en fait encore deux à occuper. Et si on faisait encore le tour du centre commercial ? Entre-temps presque tous les magasins ont fermé. Pas de chance. Mais, c'est quoi cette lumière là-bas ? Allons-y. Un vendeur de glace, achetons une petite glace. Nous la mangeons en traversant les allées sombres de cette galerie commerciale en traînant la patte pendant que les femmes de ménage nettoient derrière nous et qu'une petite musique bien kitch nous accompagne. Plutôt glauque et il ne s'est pas passé plus d'une demi-heure... Nous décidons que nous avons assez exploré le lieu et nous retranchons dans la salle d'attente en guettant l'arrivée du bus qui nous l'espérons ne sera pas trop pourri. Il fini par arriver et bonne surprise il est tout neuf. Par contre il est encore trop tôt pour nous y installer. Nous nous allumons une petite clope pour patienter et au bout de deux minutes le chauffeur vient nous dire que nous ferions mieux de l'éteindre, si un policier passe par là il pourrait nous arrêter. Quoi ? Mais nous sommes dehors ! Ben oui, mais ici c'est interdit de fumer même dehors. D'ailleurs c'est vrai que nous avions vu des affiches devant certains magasins interdisant de fumer à moins de 50 mètres alors que c'est la rue ! Pas cool, en tout cas on l'écrase, on s'assoit sur nos sacs et on patiente trente minutes de plus.

23 août 2008

J+254-259 / One dollar

La mer est calme, le ciel est clair. Un trop léger vent gonfle la voile, insuffisant pour que le capitaine coupe le moteur. Petit à petit Carthagène disparaît. Nous passons les dernières bouées. Le soleil s´approche de l´horizon. Quand enfin le soleil touche la mer et enflamme le ciel nous sommes en pleine mer. Nous ne sommes plus qu´une petite coquille de noix perdue dans l´immensité aquatique des Caraïbes. A la demande du capitaine Marco, Laetitia organise les quarts, ils seront de deux heures chacun. Le premier de Laetitia est demain matin de 6 à 8, le mien juste avant de 4 à 6. Après une petite collation qui fera de nous des marins de haute mer et le temps d´admirer les étoiles, tout le monde part dormir excepté celui qui doit assurer son quart. Avec Laetitia, nous dormons dans l´entrepont, ce n´est pas assez grand pour s´allonger totalement, mais moins bruyant que la cabine adjacente au moteur et moins chaud que celle de proue. Marco, Morgane et les deux colombiennes dorment sur le pont. A quatre heures Éric vient me réveiller, je mets un peu de temps pour émerger, je prends la barre et tente de maintenir le cap à 320 degrés. Une main posée en repère sur la barre permet de rectifier le cap au fur et à mesure que les vagues ou le vent poussent le bateau dans un sens ou dans l´autre. Peu à peu le ciel s´éclaircit, les étoiles s´éteignent les unes après les autres, léger clapotis des vagues pour saluer le levé de sa majesté. Elle se fait attendre, mais on devine sa lumière au dessous de l´horizon. Les nuages viennent voiler sa splendeur, et je devrais encore attendre quelques minutes que sa majesté daigne enlever ses derniers voiles avant d´illuminer l´immensité de la mer et blanchir la grand voile. Brise de côté, soleil dans le dos, cap sur le Panama. Il est 6 heures, les dernières obscurités de la nuit ont disparues, Laetitia passe à la barre et garde le cap à 320.
Petite brise, ronronnement du moteur, légère houle, les heures passent, le capitaine enfile les bières et prudemment nous laisse la barre. Toutes les deux heures un nouveau mousse prend la relève. Cette insignifiante chose que nous sommes au milieu de l’océan maintien son cap plein ouest jusqu' au couchant et pour fêter le plongeon du soleil dans la mer Caraïbe nous préparons une série de rhums bien tassés. Tous les membres de l’équipage s’entendent bien et c’est une bonne chose dans un espace aussi réduit. Une nouvelle nuit sous les étoiles et le lendemain à l' aube des mouettes nous annoncent que la terre du Panama n'est plus loin. Capitaine Marco confirme que dans trois petites heures nous entrerons dans les eaux turquoises de l'archipel de San Blas. Deux heures encore et nous voyons la silhouette des premières îles, léger changement de cap. Les palmiers commencent à se dessiner, l' eau passe de bleu marine au turquoise. Quelques dauphins curieux viennent nous escorter jusque dans les eaux calmes de l' archipel. Nous jetons l' ancre, baissons la grand voile et plongeons les uns après les autres dans l'eau limpide et calme des San Blas. Quelques minutes plus tard des pirogues viennent nous accoster pour nous vendre poissons et langoustes fraîchement péchées pour un très petit prix. Nous partons pour l' une des trois îles principales. Un insulaire, ami de Marco nous fait visiter l'îlot et nous explique que cet archipel maintient comme il peut son autonomie vis à vis du Panama, que le gouvernement semi indépendant des Kunas, peuple des îles San Blas interdit toute construction hôtelière sur leur territoire et que seuls les voiliers peuvent mouiller dans leurs eaux. Petites maisons de palmes ayant chacune un accès à la mer. Des enfants jouent au basket sur la place, une épicerie avec peu de choses à vendre, quelques stands pour les souvenirs. De retour dans la maison de notre hôte, nous préparons quelques punchs en attendant que les amis de Marco finissent de préparer le repas du soir. La nuit tombe sur l'archipel et enfin les plats arrivent, malheureusement le peu de lumière nous empêche de voir le contenu de nos assiettes. Mais la bouche et tout son équipement gustatif nous font sentir que les poissons sont délicieux, que le riz n' est pas cuit, que les langoustes préparées par Marco demandent encore quelques minutes avant d'atteindre le fondu nécessaire. Pour les langoustes la deuxième fournée sera la bonne par contre pour le riz ce sera pire que la première à l'image des cuistots qui sont de plus en plus attaqués par le rhum et la marijuana. A la lumière de la lune nous rejoignons le bateau.

Les jours suivants: plage de sable blanc, monté de cocotiers, apnée pour regarder les poissons multicolores, étoiles de mer, poulpes... Nous prenons même un jour de plus pour passer du bon temps grâce à l'absence des douaniers pour nous délivrer notre visa d'entrée. Drôles d'îles que constituent cette merveilleuse archipel. Chez les Kunas, les habitants du secteur tout ce négocie pour un dollar. Tu veux les photographier c'est un dollar par Kuna, tu veux visiter une île un dollar par tête, tu veux cueillir une noix de coco c'est un dollar de plus, tu veux boire un coke pareil... la liste est longue et parfois surprenante. Une nouvelle fois nous pouvons constater que ce sont les femmes qui sont les gardiennes des traditions, ce sont toujours elles qui sont en costumes traditionnels tandis que les hommes préfèrent les tongs, le short, le T-shirt, le rhum et les cigarettes...
Après trois jours de ce régime nous sommes prêts pour repartir pour Porto Bello et rejoindre Morgane le mousse qui nous a quitté la veille. Le vent n'est toujours pas revenu et nous allons devoir continuer au moteur, quelle tristesse d'autant plus malheureux que Marco s'aperçoit qu'un fil de pêche s'est enroulé sur l'hélice et a finit par tordre la barre la reliant au moteur. Nous allons donc devoir rentrer à petite vitesse en espérant que le vent viendra gonfler notre voile. Ce ne sera pas le cas, elle faseillera tout le trajet. Nous mettrons près de huit heures avant de rejoindre bon port, alors que Morgane lui n'aura mis qu'une heure à bord d'un bateau à moteur. Nous aurons tout de même passé 6 jours en tout sur ce voilier, dont trois à naviguer.
Marco propose de nous héberger chez lui étant donne l'heure tardive de notre débarquement. Tout le monde est d'accord. Marco charge le pick-up. Avec Slava le russe, Eric l'américain nous sommes dans la benne à humer le bon air et admirer les collines boisées du Panama. Arrivées chez Marco, les deux colombiennes retrouvent leur frère qui s'était exilé quelques mois auparavant pour fuir la Colombie, la came et tenter de refaire sa vie loin du crack et de son père junky. Nous découvrons une maison où vivent un oiseau de proie, un singe-araignée et un sympathique Rotweller. Nous profitons de la soirée pour visiter la bourgade, ancienne ville de commerce au temps de la colonisation espagnole. Nous visitons le fort qui fut construit pour contrer les attaques pirates fréquentes en ce temps là.Le lendemain Marco nous dépose au guichet automatique pour récupérer ses derniers dollars. Nous prenons un taxi avec Éric pour le terminal routier de Colón, les autres sont déposés par Marco. Adieu rapide. Le quartier est pourri et salement fréquenté, heureusement le bus part rapidement pour Panama Ciudad.