28 février 2008

J+136-140 / Le Carnaval de la pluie

Nous sommes le premier vendredi de février, c´est le jour d´ouverture du carnaval ! Le bus entre en ville par la côte nord, magnifique couché de soleil sur Rio Norde,à l´approche de la rodoviaria nous longeons les hangars, à l´intérieur nous apercevons des géants qui s´y cachent, non ce ne sont pas des géants, mais des chars, les chars du Carnaval de Rio, il y en a des dizaines qui attendent leur tour pour sortir à la nuit tombée et porter les danseurs de leurs écoles de samba pour parader majestueusement sur le sambodromo, espérant finir vainqueur de ces défilés marathons qui nécessitent une année de travail et d´entraînement. Ce n´est pas ce soir que nous les verrons, nous rentrons au quartier pour prendre une bonne nuit de sommeil avant de commencer la fête. Le lendemain le soleil brille, un miracle : le Corcovado resplendie au sommet de sa montagne, c´est décidé aujourd´hui nous irons le saluer et nous ferons ce chemin de croix à pied, on n´est pas des petits bras. Bon d´accord, aussi parce que le funiculaire qui mène au sommet nous coûterait notre budget quotidien. Il est midi, l´ascension commence, au bout d´une heure nous regrettons déjà d´être pauvre. Heureusement à mi-chemin un vendeur de coco est là, nous nous désaltérons mais refuserons ses cachaças et reprenons notre chemin de pénitence: Une heure et demi d´asension plus tard un taxi a pitié de nous et nous dépose gratos au pied du Christ Rédempteur, mais nous étions presque arrivés . Au sommet les nuages s´ammoncellent mais le soleil persiste, la vue en est d´autant plus magnifique, l´immensité de Rio s´étend sous nos yeux. Les gouttes commencent à tomber, le tonnerre gronde, les éclairs se rapprochent, le soleil finit par disparaître ; soudain tout le monde pousse un cri, une décharge électrique parcoure l´assemblée touristique, je suis sûr qu´il y en aura quelques uns pour croire au miracle et qui rentrant chez eux allumeront quelques cierges et prieront pour que leurs maris reviennent, que leurs fils réussissent aux examens ou je ne sais quoi d´autre encore. Devant un tel miracle nous nous inclinons et rebroussons chemin car nous avons rendez-vous dans trois quart d´heure avec les finnois rencontrés à Ouro Preto. Vu le temps qu´on a mis à l´aller, même en descente nous ne serons jamais à l´heure. Nous abandonnons donc la marche pour l´auto-stop et nous arriverons avec à peine vingt minutes de retard, mais ce sera quand même trop tard...pas facile d´avoir rendez-vous avec des nordiques au milieu d´un bandas à Ipanema qui est déjà noir de monde ! On attend un peu au cas ou...mais personne, pas grave on est ici pour faire la fête et on est pas les seuls ! La nuit tombe, la pluie aussi, la bière coule à flot, la température monte...Le carnaval est bel et bien commencé et cela durera quatre jours, je pourrais écrire cela minute par minute mais les images parleront d´elles mêmes...alors soyez heureux pour une fois vous aurez plus d´images à regarder que de texte à lire.
Nous passerons ces quelques jours à festoyer la nuit et dormir le jour, nous recroiserons finalement nos finnois et ferons la rencontre d´une Leticia made in brasil bien sympathique.
La note finale de notre séjour carioca viendra le dernier jour dans le quartier de Lapa, où un apprenti badboy a essayé de me voler mon sac à l´arrache alors qu´il était sur un vélo...je le bouscule un peu, il se vautre et je lui fais comprendre que si il veut mon sac, il y aura du répondant, il me dit de me calmer. Nous préférons rebrousser chemin car il y avait pas mal de mines patibulaires -mais presque- qui traînaient dans le coin. Il est temps de se tirer, on fait nos cliques et nos claques direction les chutes d´Iguaçu 24 heures de bus plus à l´est.

26 février 2008

Le Carnaval des images

























J+131-135 / Sur la piste du café brésilien

Même quand il est confortable, on ne dort jamais très bien dans un bus, surtout avec la clim à fond, et c´est donc un peu au radar que nous arrivons à Ouro Preto. Il est 6 heures du matin, il pleut et il fait froid. Allez, un petit café pour réchauffer et réveiller tout ça et nous partons à la recherche de notre hôtel. Nous en trouverons un sur les hauteurs de la ville.
Nous avons décidé de venir ici d´abord parce que c´est un bel endroit et aussi parce c´est dans cette région du Minas Gerais que se trouve le café. Le truc c´est qu´on ne sait pas encore exactement où. Etrangement nous n´avons trouvé que peu d´infos sur internet. Concentrons nous d´abord sur cette jolie ville. Bon, d´accord il pleut et ça c´est pas terrible, en même temps on est en saison des pluies alors on va faire avec.
Ouro Preto est une ancienne ville coloniale aux ruelles pavées et escarpées, classée au Patrimoine Mondial de l´Unesco, elle a été le fief des chercheurs d´or à la fin du XVIIème siècle. Elle a aussi été la capitale de l´état jusqu´en 1897, fin 1700 il y avait plus d´habitants à Ouro Preto qu´à Rio. Nous passons deux jours à visiter la ville et sa voisine Mariana, une autre ville minière elle aussi pourvue de jolies églises. Pour la première fois depuis notre départ en septembre nous avons aussi rencontré pas mal d´autres voyageurs dont des finnois qui font un tour d´Amérique du Sud en un an et que nous essayerons de revoir à Rio. Nous quittons donc Ouro Preto pour nous mettre sur la piste du café. Nous avons quelques infos dont un ou deux noms de villes où nous devrions pouvoir en trouver. Les horaires de bus ne nous convenant pas nous décidons de tenter le stop, nous voyageons léger avec seulement nos petits sacs à dos, nous avons laissé toutes nos affaires et nos gros sacs à Rio, en plus ça nous fera faire quelques économies. Evidement, il pleut mais peut- être que les gens ne nous laisserons pas sur le bord de la route tout trempés. Nous n´attendons pas très longtemps avant qu´une voiture nous prenne et quand elle s´arrête quelques mètres plus loin pour faire monter une autre passagère qui attendait sur le bord de la route nous nous disons que ce ne sera peut-être pas gratuit. Effectivement, la femme se fait déposer avant nous et paie sa course. Ce sera une autre fois pour les économies, nous payons pratiquement le même prix que le bus et nous nous faisons déposés à la sortie de la ville où nous tendons à nouveau le pouce pour l´étape suivante. Il commence à se faire tard et d´autres personnes font elles aussi du stop, en fait si il n´y a pas ou pas assez de bus c´est le seul moyen de se déplacer pour ceux qui n´ont pas de véhicule et c´est pour ça que ce n´est pas gratuit. Du coup quand passe un bus pour notre destination nous lui faisons signe. Nous arrivons à Raul Suarez, petite ville visiblement sans grand intérêt si ce n´est pour nous d´être un endroit où nous serons suceptibles de trouver des plantations de café. Il va nous falloir trouver de l´info mais comment faire quand il n´y a pas d´office de tourisme et que l´on ne parle pas portugais ? Nous marchons en ville à la recherche d´indices. Une pub pour un café produit dans le coin, nous notons le numéro, demandons à quelqu´un dans la rue, visiblement ce n´est pas autour de la ville que nous en trouverons mais on ne sait pas nous dire où il y en a précisément. Nous allons dîner et en panne de clopes je me rends à côté pour en acheter. Le vieux bonhomme qui tient la boutique me demande ce que je suis venue chercher dans cette ville, tout surpris qu´il est de voir une touriste. Je lui explique, le café, le tour du monde, tout ça et il me dit que le monsieur juste à côté travaille pour le ministère de l´Agriculture et qu´il va sûrement pouvoir m´aider. Royal ! Et me voilà à essayer de lui expliquer d´où nous venons, pourquoi le tour du monde du café, quels pays nous avons visités et lui demande enfin, le tout dans un mélange d´espagnol et des quelques mots de portugais que j´ai appris, Mais elles sont où les plantations de café ?? Le Minas Gerais est bien l´état qui en produit le plus, on avait bon, ouf. Je sors mon bloc et il me note toutes les villes autour desquelles elles se trouvent en m´indiquant quelles sont les plus importantes. Je remercie grandement ce gentil monsieur qui nous a donné toutes ces infos et vais retrouver Stan qui est toujours au resto en train de m´attendre en regardant sa pizza refroidir et qui commençait à trouver le temps un peu long pour acheter des cigarettes. Mais je reviens avec une piste, demain nous savons où nous allons, Manuaçu, une ville dont l´activité est tournée vers le café, c´est exactement ce qu´il nous faut. Deux bus et nous y voilà. Effectivement, il y a des plantations de café partout, en ville des négociants en café, des entrepôts de stockage... Nous nous installons dans un petit hôtel du centre ville et partons à la découverte de cet univers caféiné. Nous tombons sur une association spécialisée dans le café et allons voir si quelqu´un pourrait nous aider. Personne ne parle anglais ou espagnol et pourtant nous resterons trois bonnes heures avec Eder qui nous expliquera tout ce qu´il sait, nous donnera un dvd montrant tout le processus, une carte du Minas Gerais avec toutes les plantations, des échantillons de café. Nous sortons de là tout contents, prêts à visiter une plantation dès le lendemain. Nous rencontrons aussi un dégustateur de café qui note les différents arômes des cafés qui vont être exportés.
Nous partons en ballade dans les environs de la ville, il nous suffit de nous en éloigner un peu et nous arrivons aux pieds des collines qui en sont recouvertes. Nous ne sommes malheureusement pas en période de récolte mais nous passons la journée à cheminer dans les plantations en passant de colline en colline. Les paysages sont magnifiques, verdoyants et il n´a pas même pas plu aujou
rd´hui. Nous quittons Manuaçu le lendemain, retour à Rio pour le carnaval, contents de notre petit séjour dans le Minas Gerais qui nous a permis de découvrir une des régions les plus verdoyantes du Brésil, de récolter plein d´infos sur le café et de voir que sa culture est ici à une échelle bien différente de ce que nous avons vu en Afrique, le Brésil est le plus gros producteur de café et dans cet état qui en produit la plus grande partie c´est une part importante de l´économie.

18 février 2008

J+125-130 / A Rio, fait pas chaud, fait pas beau...

Dans le bus depuis plus de 5 heures, encore à 700 mètres d´altitude nous voyons Rio de Janeiro apparaître en contre bas, une immense ville de plus de 12 millions d´âmes. Nous amorçons la descente, puis nous abordons la zone urbaine de Rio, entrepôts, motels où les cariocas passent du bon temps à l´abris des regards indiscrets, barres d´habitations, collines où s´accrochent les favelas, échangeurs autoroutiers. Nous abordons la zone portuaire où derrières les hangars nous voyons le sommet des immenses ferries, cargos et autres monstres marins des temps modernes. Le car entre dans la rodoviara, plus de 80 portes, 4 terminaux, des centaines de bus qui se croisent venant ou partant pour différentes cités du Brésil ou d´autres capitales d´Amérique du Sud. Nous récupérons nos sacs á dos, Ana-Maria toute souriante nous attend sur le quai, immédiatement nous prenons un taxi direction le quartier de Laranjeiras où se trouve son appartement près de Rio Sul en plein coeur de cette géante urbaine. Ana-Maria nous souhaite la bienvenue dans ce qu´elle appelle sa favela verticale : 16 étages où se répartissent sur chaque palier près de 70 appartements. Nous sommes au 8ème étage, de la fenêtre nous pouvons admirer le Corcovado, le fameux Christ Rédempteur quand il ne se cache pas derrière son linceul nuageux. Pendant deux jours Ana nous fait découvrir la cité de son enfance, d´abord l´épicier d´en face, la boulangerie, l´église où elle a été baptisée, l´école où allait Paula.. Puis nous agrandissons le cercle, nous prenons le bus direction Leblon, quartier chic de Rio Sul, pour y arriver nous traversons de part en part une des collines boisée de Rio, celle du Corcovado, par l´un des nombreux tunnels qui permettent de se rendre d´un quartier à un autre sans avoir à gravir les collines. Le temps est pluvieux, nous longeons les plages désertes de Leblon et Ipanema, nous ne trouvons aucune trace des jolies cariocas en bikini au bronzage doré. Les seuls personnes qui ne désertent pas la plage ce sont les surfeurs à la pointe nord d´Ipanema où se forment les vagues. Nous abandonnons le sable et retournons vers le bitume, goûtons des sucos - jus de fruits frais - en étant heureux d´enfin pouvoir arpenter cette cité avec nos Havainas que nous traînons depuis la France, via le Yemen, la Corne de l´Afrique et Madagascar, elles en font flipflop tellement leur bonheur de retourner au pays est grand. Du macadam, des caisses, de la pollution, des nuages gris, des graffitis, des immeubles avec plein de magasins pour faire craquer la CB, du bonheur après quatre mois d´abstinence. Le lendemain nous prenons la direction du Centro et ses immenses buildings aux pieds desquels on trouve encore des rues pavées et quelques petits immeubles datant du début du siècle dernier. Non loin de là, le Mercado qui rappelle celui d´Addis Abeba par sa taille et ce que l´on y trouve. Sauf que en ce moment il y a en plus tous les accessoires pour se déguiser, lancer des cotillons et des confettis. La Carnaval approche, cela devient de plus en plus palpable un événement dans la vie d´un Carioca presque aussi important qu´un match au stade de Maracanã entre le Flamengo et le Botafogo. Nous quittons les petites boutiques du Mercado, rapidement nous passons par le quartier de Lapa pour rejoindre la petite gare du Bonde de Santa Theresa, dernier vestige des tramways de Rio. L´unique wagon est déjà ras la gueule avant même de sortir de gare, étant donné son grand âge il peine à en sortir et aborde le viaduc qui domine Lapa tant bien que mal, dès son premier arrêt peu de personnes descendent, beaucoup montent, elles s´accrochent au wagon comme des naufragés à un vieux bois flottant. En abordant la colline, le "Bonde" peine de plus en plus, à chaque redémarrage les gamins accrochés à son côté exécutent des pas de danse. Nous passons les vendeurs de babioles, puis une favela, enfin nous arrivons au sommet de la colline, et nous redescendons par l´autre versant via la rue Alice pour revenir à l´appartement, en chemin nous voyons une des 700 favelas de Rio. De retour nous buvons une petite bière Skol puis nous accompagnons Ana qui doit rentrer sur Buzios, une petite ville plus au nord au bord de la mer. Nous voilà seuls dans Rio... Nous décidons d´explorer la ville encore deux-trois jours et de partir sur les traces du café Brésilien dans le Minas-Gérais qui est le plus gros état producteur de café du Brésil qui est lui-même le plus gros producteur de café arabica au monde. Nous reviendrons pour le Carnaval, impossible de manquer cela, surtout que nous venons de suivre le Bloco "Gigantes da Lira" dans le quartier qui profite de ce dernier samedi avant la grande orgie pour affiner leur défilé, musique, costume et samba avant la grande messe populaire qui s´ouvrira vendredi prochain. Après avoir bu une ou deux bières en singeant comme nous pouvions quelques pas de samba nous continuons à errer dans la ville en prenant la direction du quartier de Lapa, qui est le quartier alternatif de Rio, en tout cas pour l´œil de touriste que nous avons ; peut-être les cariocas nous contrediraient la dessus. En chemin nous admirons les innombrables graffitis, tous plus beaux les uns que les autres, qui décorent la ville ; nous croisons les revendeurs du jeu de la bête, qui est la loterie clandestine dirigée par les parrains de la ville et qui sert en partie à financer pour moitié les écoles de samba tel le « Beja Flore » ou le « Grande Rio » qui défilent dans le Sambodromo lors du carnaval. L´autre moitié est financée par la municipalité. En chemin nous faisons une petite pause café et achetons le journal où nous lisons en première page que la police a tué 8 « suspects » lors d´une descente dans l´une des favelas de la ville. Les brigades de la mort rôdent encore, soyons rassuré la justice règne. La misère de ce pays est différente que celle que nous avons pu croiser en Afrique, mais elle est là. Revendeurs à la sauvette de bonbons, cacahuètes… jeunes et moins jeunes ramassant les canettes vides, sans parler de ceux qui ne se donnent même plus la peine de faire des petits boulots et tendent la main à ceux qui voudront bien les voir et ne pas les ignorer ; l´autre face de la misère est celle qui poussent les gamins à prendre les armes pour aller braquer les bus, les maisons, les passants pour une poignée de reais et s´envoyer le bénéfice du larcin dans le nez et finir sous les balles d´un gang adverse où d´une police corrompue et au mieux en prison. Nous arrivons dans le quartier de Lapa à la recherche d´un petit concert, mais la pluie nous démotive un peu. Nous nous contenterons de boire quelques bières en regardant un festival de courta-métragea cariocaa sous le viaduc avant de plier bagages et rentrer à pied car les bus et les métros ont fini leur office. Un matin où Laetitia roupille encore, je pars en promenade dans le quartier, histoire de me dégourdir les jambes en explorant les collines alentours. L´ambiance change radicalement, petites maisons, des personnes assisent sur leurs perrons à discuter, pas de voiture, derrière les maisons le parc botanique d´où domine le Corcovado. De déanbulation en déanbulation je finis par arriver au stade du quartier et j´entame une conversation avec le gardien du stade, pas celui de l´équipe. A force de ne pas se comprendre j´arrive a comprendre qu´il soutient le Flamengo. Sur ce arrive une jolie pépée plus que cuite, il n´est pas encore 9 heures. Elle parle anglais ce qui facilite la conversation, elle se présente comme le miss du bloco "Gigantes da Lira" de l´an dernier et aussitôt elle le prouve en enlevant son pull ! C´est sûr c'est un peu troublant de se retrouver avec une jolie fille en tenue de carnaval, montrant tous les attraits de sa féminité tout en restant décente bien entendu. La conversation continue, la demoiselle devient de plus en plus entreprenante...numéro, adresse, poliment je m´éclipse et laisse cette créature du diable pour rejoindre mon ange qui doit encore planer au pays d´Orfeu Negro... Demain soir nous prenons le bus pour Ouro-Preto à une dizaine d´heures au nord, départ prévu pour 23 heures, nous aurons donc le temps de nous rendre en fin d´après-midi au stade Maracanãpour voir jouer le Flamengo. La journée commence parfaitement nous visitons le musée des civilisations amazoniennes, nous avons la chance avec nous : le musée est gratuit le dimanche, ce qui nous arrange bien car étant donné le coup de la vie très proche de celui de l´Europe notre budget journalier est quotidiennement largement dépassé. La visite achevée nous prenons le métro pour nous rendre au stade, nous y croisons les premiers supporters aux couleurs du Flamengo, rouge et noir. A l´approche du stade nous voyons la masse de supporters grossir petit à petit, les revendeurs de bières, de maillots, de drapeaux…enfin nous débouchons sur le stade, il y a du monde mais pas autant que nous pensions. Après nous être renseignés, les places sont un peu plus chères que ce que nous croyons, et elles ne sont pas gratuites à la seconde mi-temps comme l´indiquait le guide ; nous hésitons, le temps de notre hésitation quelqu´un nous indique que le match ne commence pas à 17h00, mais à 18h30. Nous ne verrons donc pas le Flamengo jouer dans le temple du "futebol" brésilien car nous devons prendre notre bus pour Ouro Preto ce soir -vu le prix des billets ce serait mieux de ne pas louper le départ- dommage, car de plus en plus de supporters arrivent et la température commence à monter. La mort dans l´âme nous faisons demi-tour et retournons dans notre favela verticale pour préparer nos bagages.

17 février 2008

J+123-124 / Retour à la case Johannesburg

Quatre petites heures de vol, trois fois rien après les taxis-brousses malgaches qui prennent douze heures pour faire 300 km, nous nous posons de nouveau à Johannesburg. La bonne nouvelle c´est que cette fois nous ne dormirons pas sur la moquette de l´aéroport. Maya et Mickael, les français expatriés à Johannesburg, que nous avions rencontrés dans le vol aller et avec qui nous avions passé notre première soirée à Tana nous attendent à l´aéroport, nous sommes contents de les revoir. Pour fêter nos retrouvailles nous avons apporté de la THB, la bière malgache qui avait arrosé notre première soirée, histoire de rester dans l´ambiance. De leur côté ils nous ont prévu une soirée royale. Nous commençons par une visite des quartiers huppés de la ville, bien loin du Township de Soweto et où les résidences sont entourées de murs de plus de trois mètres de haut surmontées de barbelés, de fils électriques et surveillées par des sociétés privées. C´est impressionnant et cela s´explique par le fait que Johannesburg est une des villes les moins sures d´Afrique. Dans chacuns de ces quartiers huppés se trouve un Mall, centre commercial qui permet aux habitants de faire leurs courses sans avoir à se risquer dans un autre quartier. C´est d´ailleurs dans un de ces Malls que nous allons acheter des sushis. Des semaines que j´en avais envie mais en Afrique pas facile et Maya se rappelait que je lui en avais parlé. Pendant que notre commande de prépare nous dégustons une bonne bière sud-africaine en commençant à nous raconter nos expériences malgaches. Nous n´avons pas du tout fait les mêmes choses et ne sommes pas allés aux mêmes endroits. Arrivés chez eux, après 4 mois en Afrique, pour nous c´est le grand luxe. Nous avons l´occasion de laver notre linge dans une machine, après des semaines de lavage à la main c´est le bonheur, profiterons pour graver le dvd avec toutes les photos de Madagascar, pourrons appeler nos familles grâce à leur connexion internet en plus ils nous ont prévu un super dîner. Autruche, après les fameux sushi, des bons vins, des bières locales et une tarte maison. Un régal. Ils nous ont équipés pour la prochaine étape en offrant à Stan pour son anniversaire le guide du Brésil et en nous approvisionnant en biltong, de la viande séchée spécialité d´Afrique du Sud. Ils nous ont aussi proposé de laisser chez eux tout ce qui nous encombre pour qu´ils nous envoient un colis en France. Royal et plus que Royal même ! Nous passerons une super soirée à discuter et continuer à nous raconter nos aventures malgaches. Malheureusement le lendemain il nous faudra déjà nous quitter, nous pour nous envoler pour Sao Paulo et eux pour aller bosser. Ils travaillent à l´aéroport et nous déposerons donc en route, nous promettons de nous revoir en France où ailleurs.
Il nous faudra dix heures de vol pour changer de continent. Ça y est, l´Afrique c´est fini, nous passons en Amérique. Avant l´atterrissage nous survolons Sao Paulo, cette mégalopole de 19 millions d´habitants, autant que sur toute l´île de Madagascar ! Dès l´arrivée à l´aéroport, c´est sûr nous ne sommes plus en Afrique ! Des buildings, le métro, des grandes avenues, tout ce qui caractérise les grandes villes, de plus Sao Paulo est la capitale économique du pays. Nous n´y passerons qu´une nuit, assez pour nous rendre compte que les prix n´ont plus rien à voir non plus avec l´Afrique et partirons dès le lendemain pour rejoindre Rio où nous attend Ana-Maria, la maman de Paula, la femme de mon cousin qui a un appartement dans la capitale touristique. Nous aurons tout juste le temps de visiter une église avant de prendre le métro pour rejoindre la rodoviaria, un énorme terminal de bus qui ressemble à un aéroport et de monter dans le bus. Six heures de trajet dans un bus climatisé (on se gèle) et au confort digne d´un avion, pour rejoindre l´autre grande ville du pays.





14 février 2008

J+117-123 / Le Roi et les touristes

Toujours en compagnie de Carmen et Roger, retour à Antsirabe après 24 heures de minibus et un finish de nuit sous forme de course de pousse-pousse jusque chez Billy. Nous retrouvons nos petites habitudes, la grisaille du ciel et la quiétude de cette ancienne cité coloniale fondée par des missionnaires norvégiens. Cette fois nous décidons de profiter de la ville et de ses charmes un peu surannés. Le lendemain de notre retour Billy nous propose une promenade dans le village de sa famille et de nous rendre au tombeau d´un de ses ancêtres, l´ancien roi du village au début du siècle. Les filles partent faire quelques courses au marché et nous prenons la route. Billy gare le 4x4 plus tôt que prévu car une partie du chemin s´est écroulée à cause des pluies. Nous sommes au pied de la montagne, nous devons encore trouver le sage du village qui nous guidera jusqu´au tombeau ; nous espérons le rencontrer sinon nous ne pourrons pas nous rendre au tombeau, seul le sage est habilité à autoriser des étrangers et qui que ce soit d´autres à s´y rendre. La culture malgache est pleine de coutumes, de traditions et d´interdits : les fadhis. Une demi-heure de marche plus tard nous découvrons le village, nous y achetons du rhum et trouvons la maison du sage. Il n´est pas là mais nous rejoindra en route. Quelques minutes plus tard à la sortie du village un vieux bonhomme tout sec et très alerte nous rejoint, le sage. Entre temps Billy nous a expliqué le rôle qu´il joue dans le village. Par sa science des étoiles il choisit les dates importantes qui ponctuent la vie de la communauté, comme la date précise du retournement des morts (1), qui est un moment très important dans la vie sociale malgache. C´est lui qui officie pour les prières sur le tombeau des ancêtres, c´est pour cette raison que nous avons acheté du rhum car cette divine boisson est un élément majeur de la prière que donnera le sage sur le tombeau. La collation de rhum pour les ancêtres est important et ne pas l´offrir serait comme cracher sur sa tombe ! En chemin le sage nous montre les vestiges du château royal, surtout n´imaginez pas un donjon avec des remparts, pont-levis ou tout autres attributs des bâtisses que nous pouvons trouver en Europe. De celui qui nous est donné de voir il ne reste qu´une douve, un muret de terre et une entrée de souterrain. Chaque village possède un roi, qui partage avec le sage et le prêtre l´autorité sur l´ensemble de la communauté. Aujourd´hui avec les agglomérations de plus en plus grandes, ces autorités ancestrales deviennent de plus en plus rares.
Le chemin devient de plus en plus pentu, mais le ciel bleu et les paroles du sage nous aident à gravir sans problème le versant de cette montagne sacré. Enfin nous arrivons au sommet, le sage prend la bouteille de rhum que lui tend Billy et se rend sur le vaste tombeau du dernier roi de la région qui régnât sur le village jusqu´au début du siècle dernier. Il asperge copieusement les quatre coins puis la tête du tombeau, les ancêtres avaient sacrément soif. Quand vient notre tour la moitié de la bouteille de rhum y est passée. Les nuages commencent à s´amonceler et précipitent notre retour, juste le temps de finir ce que les ancêtres avaient commencé et de profiter de cette lumière magique qu´offre le soleil quand l´orage arrive. A peine nous fermons la portière du 4x4 que la pluie commence à tomber.
Retour à l´hôtel nous nous préparons à passer une dernière soirée avec nos amis suisses qui prennent la route demain pour le sud. Au programme une bonne bouffe, de la THB, du rhum arrangé et un poker avec les billets de pacotilles que nous avons gardé d´Ethiopie et de Madagascar. Ce sera la banque suisse qui gagnera. Deux jours plus tard c'est notre tour de quitter la ville thermale sans avoir pu jouer au casino. Nos sacs sont prêts et nous attendons un peu et discutons avec Billy et son père qui est là pour déjeuner chez son fiston. Son père comme tous les mois doit aller faire la queue avec une centaine d´autres personnes au Trésor Public pour recevoir sa maigre retraite d´instituteur – 70 euros soit 160 000 ariary, et il faut 10 000 ariary par jour pour survivre à Madagascar – le paiement se fait en liquide car la plupart des malgaches ne possèdent pas de compte bancaire, trop pauvres pour les banques - d´ailleurs elles ne se privent pas pour exploiter leur misère, le taux d´emprunt le plus intéressant est le micro crédit qui tourne autour de 20% d´intérêt, les autres taux d´emprunt pour des crédits "normaux" sont de l´ordre de 30%, sans commentaire – heureusement que Billy et Caroline sont là pour les aider financièrement lui et sa femme à vivre et non pas à survivre. Le repas finit le père de Billy retourne faire le queue devant le Trésor Public, quand à nous, nous faisons nos adieux avec la promesse de se revoir un de ces quatre et nous embarquons sur les pousse-pousses toujours à l´affût du client.
Quatre heures plus tard, après avoir profité une dernière fois des paysages et de la pluie malgache nous arrivons à la capitale. A la gare nous attrapons un taxi 2CV qui nous dépose au Jean Laborde, notre hôtel. Nous y ferons connaissance avec un des revendeurs de pierres précieuses qui viennent souvent dans cet hôtel pour écouler leurs marchandises auprès des lapidaires de Tana. Nous passons saluer l´un des oncles de Dinh avec qui nous discutons politique sur un bout de trottoir, et nous comprenons que la tension et les rancoeurs montent dans le pays. Le lendemain nous déjeunons avec le Général et sa femme qui nous déposeront à l´aéroport. Une heure plus tard, l´avion décolle direction Johannesburg et nous voyons Madagascar s´effacer sous les nuages.

(1) Quand le sage en donne le signal, le clan familial décide de commencer la cérémonie dite du retournement des morts. Exhumé deux ou trois ans après le décès, le défunt momifié est d'abord porté en procession avec un cortège de musiciens. Puis les ossements, après une toilette rituelle, sont enveloppés dans des linceuls blancs. La fête marque le retour définitif des ancêtres parmi leurs descendants dont ils deviendront les protecteurs. (Source Wikipedia) - Cette céromonie a lieu tous les cinq à sept ans.