14 décembre 2007

J+69-75 / Un camion pour Tanga

Nous n’avons que quelques mètres à parcourir depuis notre « border hôtel » pour passer la frontière kenyane. Les formalités de sortie d’un pays sont toujours assez rapides, surtout quand on a un visa en règle. Juste avant de passer la barrière, j’interpelle un routier pour lui demander le taux de change des shillings kenyans en shillings tanzanien et il nous conseille de faire notre transaction du côté tanzanien, plus avantageux. Il y a une zone d’une dizaine de kilomètres avant la Tanzanie et le village de Horo Horo où se trouve le poste frontière, nous les parcourons en matatu, sûrement le plus pourri de tout le pays, d’ailleurs il faut le pousser pour le démarrer et il n’est visiblement pas capable de faire un autre trajet que l’aller retour entre les deux postes frontières. Une autre preuve en est que contrairement à tous les autres minibus que nous prenons, ils ne le chargent qu’à moitié de peur qu’il tombe en poussière. Horo Horo est déjà très différent de son voisin kenyan de Lunga Lunga. La route d’asphalte est devenue piste, et oui, encore, et l’ambiance n’est pas du tout la même. Nous nous arrêtons boire un petit café en espérant que ce ne soit pas de l’instantané mais on nous sert du thé ! La serveuse enverra quelqu’un acheter un sachet de café en poudre en voyant notre déception ! Décidément les anglais ont eu une bien mauvaise influence sur la consommation de café des kenyans et des tanzaniens… Pendant que nous discutons avec un gars originaire de la région du Kilimandjaro, région d’origine du café, nous retrouvons le routier qui nous a renseigné sur le taux de change et il nous propose de nous emmener jusqu'à notre prochaine étape Tanga. Lui va à Dar Es Salaam mais c’est sur la route. Nous acceptons la proposition et nous retrouvons à partager la cabine avec 7 autres personnes. Et oui, à 9 ça rentre ! John, le chauffeur n’en fini pas de nous vanter les qualités de son beau semi-remorque Scania, et de faire rugir le moteur pour nous faire apprécier son doux bruit. Une demi heure plus tard, c’est la première panne. Super ton camion John ! Les deux mécanos descendent voir ce qu’il se passe. Que ce soit en Ethiopie, au Kenya ou en Tanzanie, les routiers sont toujours accompagnés d’un ou deux mécanos, vu l’état des routes c’est plus prudent, les pannes et surtout les crevaisons ne sont pas rares. Un coup de tournevis et ça repart, ouf. La piste n’est pas des plus facile et elle grimpe, ce qui n’arrange probablement rien. Sous son grand sourire, nous sentons John inquiet côté mécanique. D’ailleurs une nouvelle pause s’impose et nous devrons tous descendre en attendant que la réparation se fasse. John nous dit que ce n’est rien que son camion c’est le meilleur et que tout va bien. Nous ne demandons qu’à le croire et remontons dans la cabine mais nous sentons bien que l’engin peine et John a un peu perdu de sa bonne humeur. Et comme, jamais deux sans trois, un nouvel arrêt et cette fois ça a l’air sérieux. Nous nous installons à l’ombre et les deux mécanos galèrent sur une pièce qu’ils ne parviennent pas à démonter. Ils n’ont pas le bon outil. Stan leur propose d’utiliser son Lethermann et visiblement c’est ça qui va leur permettre de finir leur réparation proprement. Ca fait beaucoup rire tout le monde et pour fêter ça, John va nous trouver des mangues, des bananes et des noix de cocos. Ces fruits tombent à point, il est dans les 14h et nous n’avions pas déjeuné, nous nous régalons pendant que la réparation avance dans la bonne humeur. Il est encore tôt mais nous nous demandons si nous arriverons à Tanga avant la tombée de la nuit. John prévoyant et voulant nous faire une démonstration de la gentillesse et de la solidarité des tanzaniens arrête les camions qui passent pour leur expliquer qu’il est en panne et qu’il ne sait pas quand il pourra reprendre la route et il récupère une bouteille d’eau et un dîner dans sa petite boite hermétique. Il est très fier de lui et ses mécanos rigolent de ses bonnes blagues, et nous aussi d’ailleurs.
Finalement, le moteur repart mais n’a pas l’air au top et nous finirons les quelques kilomètres jusqu'à Tanga avant la fin de la journée. Jonh décidera d’y passer la nuit parce qu’il est trop tard pour aller jusqu’ à Dar Es Salaam et que son camion a besoin d’être plus sérieusement réparé. Avant de partir il nous donne ses coordonnées pour que nous essayions de nous revoir. Un sacré phénomène, ce premier contact avec les tanzaniens est très positif. Tanga est une agréable ville sur la côte est tanzanienne qui a eu ses heures de gloire en faisant le commerce du sisal. Malheureusement le port n’est maintenant plus aussi actif mais la ville a gardé son charme. Nous y resterons 3 jours pour nous imprégner de l’ambiance et aller voir les ruines de Tongoni, ancienne mosquée datant l’occupation arabe de la région, à quelques kilomètres. Elles se trouvent dans un petit village de pêcheurs face à l’océan indien et près d’une très belle mangrove. C’est aussi à Tanga que nous goûterons une spécialité musulmane, la pizza. Rien à voir avec l’italienne que l’on connaît. Celle-ci vient de Zanzibar et est une sorte de galette carrée fourrée de viande, légumes et œuf et cuite sur une plaque chaude, un régal ! Nous y apprendrons également qu’en Tanzanie il y a du vrai café, quand même, cela nous rassure. Il se trouve dans la rue où des vendeurs en proposent de petites tasses et il se boit assis sur le trottoir accompagné de croquants aux cacahuètes. On les trouve plus facilement dans les villes à majorité musulmane et c’est très agréable à déguster dans la rue à l’ombre. Après ce sympathique et reposant séjour, nous prenons la route pour Moshi, au pied du magique Kilimandjaro. Là-bas nous attendent deux missions : rejoindre le Parc National d’Arusha pour faire enfin notre safari et trouver les plantations de café. Dès notre arrivée, le plus haut sommet d’Afrique s’impose à nous, nimbé de son voile nuageux. En fin de journée, nous pourrons en admirer le sommet enneigé, éclairé par le soleil couchant. Impressionnant.