6 décembre 2007

J+66-68 / Kenya Express

Le camion file sur la piste direction Isiolo. Nous sommes bien contents d’être dans la cabine, niveau confort c’est incomparable ! Sur le toit, quelques passagers, que nous plaignons à chaque trou ou bosse, et un militaire armé, comme à chaque déplacement de camion, en tout cas dans le nord du Kenya. Visiblement des bandits attaquent parfois les camions, il y aurait eu deux attaques la veille dans la journée. Quand les camions sont escortés cela dissuade, forcément, et cela nous rassure. La piste que nous empruntons traverse en partie le parc national, nous avons d’ailleurs l’occasion de voir quelques animaux, un éléphant, deux hyènes, un chacal, des antilopes, un zèbre et beaucoup d’oiseaux, comme un échantillon de safari ! Le chauffeur connaît chaque difficulté de la route. Nous apprenons qu’il fait l’aller-retour vers Isiolo trois fois par semaine depuis 15 ans ! Il nous faudra huit bonnes heures dont six de nuit pour que notre chauffeur nous dépose à Isiolo. Il est minuit, heureusement il a ses habitudes dans un hôtel de la ville et il nous trouve une chambre facilement en passant par le veilleur de nuit. Nous sommes nous nous couchons sans manger, de toute façon, à cette heure-ci impossible de trouver quelque chose d’ouvert. Le soleil se couchant vers 18h30, les gens mangent en général vers 19h et souvent à 20h tout est déjà fermé. Isiolo ne présente pas vraiment d’intérêt. Nous n’y restons donc pas plus que la nuit que nous venons de passer et dès le lendemain nous décollons, direction Meru d’où nous pourrons prendre un bus pour Mombassa. Nous pourrions descendre tout droit pour rejoindre la Tanzanie mais près de Mombassa, à Diani Beach, nous devons passer voir des connaissances pour les saluer et récupérer la carte bleue de Stan qu’une amie a déposé pour nous une quinzaine de jours plus tôt. De toute façon nous ne pourrons malheureusement pas rester très longtemps au Kenya. Nous avons un vol de Dar Es Salam en Tanzanie, pour Madagascar le 15 décembre et nous n’avons pas pu le décaler à cause des vacances de Noël. Comme nous ne voulons pas louper le Kilimandjaro (La région du café) nous avons décidé de privilégier la Tanzanie.
Meru qui se situe à quelques kilomètres de l'équateur est la capitale kenyane du qat qui ici s’appelle le mirra. Nous avons constaté que le qat et le café sont souvent plantés au même endroit. Dès notre arrivée en ville nous demandons donc si il y a des caféiers dans le coin. Apparemment oui, on nous indique la direction et on nous conseille de prendre un taxi pour y aller. Le bus pour Mombassa part à 18h, nous avons le temps. Nous déposons nos gros sacs dans a l’office du bus et nous montons dans le taxi. A peine 5 minutes plus tard, nous nous retrouvons devant une grille qui s’ouvre sur la cours d’une usine ! Des caféiers, ici ? En fait il s’agit d’une société qui exporte du café ! Nous, c’était des arbres que nous voulions voir, mais pourquoi pas. Un gars au volant de son 4X4 tout neuf est planté au milieu de la cour, c’est le manager. Génial, il va pouvoir nous faire visiter l’usine. Il nous apprend que nous sommes dimanche, et oui, nous avons un peu tendance à ne pas forcément savoir quel jour nous sommes, donc l’usine est fermée ! Il nous donnera quand même quelques infos sur le café kenyan, comme par exemple que l’Arabica et le Robusta sont cultivés dans le pays et que le Robusta sert à faire le café instantané, que le café exporté est un mélange des différents cafés du pays et qu’au Kenya c’est surtout autour du Mont Kenya que les plantations se trouvent. Le déplacement n’aura donc pas servi à rien mais maintenant il est trop tard pour sortir de la ville pour voir des caféiers, le bus part dans 2 heures. Nous aurions pu rester une journée de plus mais nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous. A 18h, le bus part. Le toit est chargé de sacs de mirra et de fruits et de légumes pour les marchés de Mombassa. 12 heures et donc la nuit dans le bus pour rejoindre la deuxième ville du Kenya. C’est dans une chaleur étouffante chargée d’humidité que nous abordons la ville. Le bus débarque directement dans le marché ! Des dockers déchargent les sacs de mirra un à un au pied du bus. Des dizaines de gens qui semblaient attendre leur livraison avec impatience se précipitent et la récupèrent. Ils payent leur du pour le transport à un homme qui se retrouve rapidement les mains pleines de billets. Les bottes de qat seront ensuite vendues au détail sur le marché au consommateur final. C’était assez étonnant de voir ce bus entrer dans ce grand marché où se vendent toutes sortes de choses, des fruits, des légumes, des vêtements, des ustensiles de cuisine, des chaussures et du mirra. Diani Beach est à seulement une vingtaine de kilomètres. Nous devons d’abord prendre un bac pour passer sur l’autre rive. De là un matatu, minibus kenyan, nous emmène jusqu'à Diani. Nous avons prévenu de notre arrivée et nous avons rendez-vous dans un bar. Nous sommes un peu crevés après cette nuit passée dans le bus, nous avons enchaîné pas mal de déplacements depuis quelques jours et il fait très chaud. Et là nous aurons la démonstration que « les amis de tes amis ne sont pas forcément tes amis ». L’échange durera une minute chrono. Nous leur proposons de boire un verre mais ils refusent presque poliment : monsieur serait sous antibiotique, moi aussi et je ne la ramène pas… Ils nous donnent notre carte bleue, nous souhaitent bonne route et s’en vont. Nous n’en revenons pas et mettrons quelques minutes à réaliser. Le plus drôle c’est qu’en plus la banque de Stan n’a pas fait ce qu’il fallait et que la carte bleue ne nous est d’aucune utilité ! L’endroit ne nous plait pas tellement. Trop de touristes, et pas du genre de ceux avec lesquels nous pourrions sympathiser. Nous avons vu une femme accompagnée de son boy pour porter son chien-chien ! De plus, les prix sont assez élevés puisque l’endroit est touristique, nous décidons donc de passer la frontière tanzanienne dès le lendemain. Nous aurons toutes les plages que nous voudrons à Zanzibar. C’est à Lunga Lunga que nous devons nous rendre. Un matatu nous y emmène rapidement et nous voila dans un très joli village. Des baobabs et des cocotiers ont remplace les acacias et la vie ici semble paisible. Coté hôtel, c’est vite vu, il n’y en a qu’un et pas des plus chics mais cela fera l’affaire. Une petite ballade dans ce joli village pour imprimer dans nos mémoires quelques images supplémentaires du Kenya et demain nous changeons de pays, il nous suffit de passer la frontière et de parcourir la dizaine de kilomètres pour rejoindre le village tanzanien de Horo Horo et de transformer nos shillings kenyans en shillings tanzaniens grâce aux magiciens du black-marcket. L’aventure kenyane aura été de courte durée mais riche en événements et en rencontres et nous a donné envie de revenir pour une visite plus approfondie.