23 juin 2008

J+224-226 / Interlude : un désert sous la pluie

Le minibus ralentit, nous descendons et récupérons nos bagages. A la croisée des chemins, nuit noire et chaude. Nous marchons jusqu´au centre d´Aipé, le temps de transpirer mais point trop. Nous trouvons l´hôtel que nous a recommandé Rafael sans difficulté. Une vieille dame se balançant dans son rockincher nous accueille la clope au bec et grand sourire. Elle appelle sa fille qui nous indique une chambre dans le fond de la cour. Le prix est bon, l´endroit agréable et il y a un ventilateur. Nous nous installons, fumons une tige avec la grand-mère et partons dans le village en humer l´atmosphère et elle est aussi bonne que la bière que nous prenons fraîche à la terrasse d´un troquet qui donne sur la place principale. Nous glanons quelques infos pour rejoindre le désert del Tatacoa, il nous faudra prendre demain matin une barque pour traverser le Rio Magdalena pour atteindre Villavieja un village sur l´autre rive où commence le désert. Nous demandons si nous pouvons laisser nos gros sacs à l´hôtel le temps de notre petite traversée du désert, cela ne pose évidemment pas de soucis, contrairement à l´hôtel où nous avions dormi au Vénézuela qui nous avait allégé de quelques centaines de bolivianos pour le même service. Après une bonne nuit de sommeil sous les bons hospices du ventilateur et un bon petit déjeuner, nous partons en direction du port d´Aipé pour nous rendre sur l´autre rive. Rapidement nous sortons du village et nous retrouvons sur un sentier inondé où n une dame qui loge régulièrement des voyageurs, malheureusement elle reste introuvable. Finalement il nous propose gentiment de nous héberger et nous allons avec lui jusqu´à sa demeure. Dans le salon sa femme hypnotisée par la télé nous salut à peine. La chambre se résume à la plus simple expression, un lit au milieu de quatre murs en parpaings recouverts d´une taule ondulée. Ce sera très bien pour passer la nuit, surtout que nous voulons nous lever bien avant l´aube pour voir le soleil se lever sur le désert qui est une heure demie de marche du village. Nous visitons le musée archéologique, où nous pouvons admirer de très beaux spécimens de fossiles de tortues datant de l´âge où la mer recouvrait la région. Ensuite nous nous rendons à pied à l´observatoire astronomique qui se situe près du laous devons passer de pierre en pierre pour nous garder au sec. Après avoir traversé un champ, nous sommes en vue du port : un banc sur le bord de la rive à l´ombre d´un arbre plusieurs fois centenaire. Trois colombiens attendent près de leur moto. Nous attendons le bateau qui mettra une bonne heure pour venir. Plutôt qu´un bateau, c´est une barque en bois à moteur qui pointe à l´horizon. Nous embarquons et la moto avec nous, espérons juste que nous ne chavirerons pas car le Rio Magdalena est large et puissant en cette saison des pluies. Sans encombre nous débarquons dix minutes plus tard sur l´autre rive. Le soleil est déjà puissant, et nous arrivons en sueur jusqu´à la place centrale largement désertée à cette heure. Nous allons dans l´unique restaurant-hôtel de la ville, très beau bâtiment colonial. Nous prenons un solide repas et nous demandons pour une chambre, malheureusement l´hôtel est complet. Le garçon se renseigne et nous renvoie versbyrinthe de Cusco qui marque le début du désert. Nous partons malheureusement un peu tard et nous manquons le couché du soleil, mais nous ne manquerons pas de voir saturne par l´oeilleton de la lunette astronomique. Nous retournons au village dans la chaleur de la nuit. Heureusement l´astronome qui rentre lui aussi au village en moto-taxi nous prend en stop à mi-chemin. Mais à peine quelques centaines de mètres plus loin un car de touristes remplit de filles s´arrête à notre hauteur. Notre astronome au grand coeur nous abandonne et nous finissons la course en solo. Nous rejoignons notre piaule ; réveil dans 4 heures. Deux heures après nous être endormis nous sommes réveillés brutalement par une pluie diluvienne. Le bruit est incroyablement amplifié par la taule. Espérons que la pluie cessera, nous nous rendormons. Mais ce n´est pas le cas quand le réveil sonne, la pluie a diminuée mais n´a pas cessée. Notre marche vers le désert commence sous la pluie, nous serons peu chanceux, la pluie ne s´arrête pas et nous ne verrons pas non plus le levé du soleil sur le désert. Sensation étrange que d'aller dans un désert alors que nous sommes trempés, c'est comme se promener au pôle nord en maillot de bain. Sur cette déception, nous prenons un solide petit déjeuner et nous nous mettons en route pour notre longue marche, en espérant que la pluie cesse, c´est tout de même incroyable un désert sous la pluie. Petit à petit nos chaussures se transforment en plateformboots se chargeant d´une boue gluante, elles prennent du poids à chaque pas que nous faisons. Nous avons encore bien 5 heures de marche avant d´atteindre une piscine naturelle qui se trouve au creux des canyons du désert del Tatacoa. Heureusement à mesure que la journée s´écoule, le temps change, les nuages s´en vont et la chaleur commence à venir, enfin ! Il ne nous faudra pas longtemps pour s´en plaindre en bon français que nous sommes. Nos tee-shirts n´ont pas même le temps de sécher de la pluie matinale qu´ils sont trempés de sueur. Rapidement le niveau d´eau de nos gourdes baisse. Il est midi, et nous comprenons enfin pourquoi nous sommes dans un désert, soleil de plomb, peu de végétation et beaucoup de cactus. Il est une heure quand enfin nous arrivons aux abords de la piscine naturelle. Espérons que l´eau sera fraîche ?
Nous nous engageons dans le labyrinthe que forme cette partie du désert. Quand enfin nous trouvons la piscine, c´est la déception : à peine 40 cm d´eau boueuse, sans aucun doute due à la pluie diluvienne de la nuit... Demi tour pour prendre une boisson pas bien fraîche et repartir pour la labyrinthe de Cusco qui doit être à cette heure sec et donc accessible. Nous sommes fatigués après ces huit heures de marche et nous décidons de tenter le stop, le premier 4x4 s´arrête, étant plein, le chauffeur nous propose de nous accrocher à l´extérieur. Nous faisons à peine quelques mètres que nous stoppons la voiture tant il est difficile de rester accrochés. Finalement le chauffeur nous cale dans le coffre et nous repartons. Nous nous arrêtons à Cusco et après une petite discussion, Jorge le chauffeur nous propose d´aller le lendemain à San Augustin avec eux, site pré-colombien à 5 heures de là. Il insiste tellement pour que nous les accompagnions que nous prenons son numéro et lui proposons de le rappeler ce soir quand nous serons de retour à notre hôtel pour convenir d´un rendez-vous pour le lendemain où ils seront moins nombreux et où il y aura donc de la place dans la voiture. Ils continuent leur route, après que la grand-mère ait largement insisté pour que nous les rejoignons demain à Neiva, une demi heure plus au sud de Aipé. Sur ce nous descendons explorer le labyrinthe rouge de Cusco et nous nous perdons dans le dédale pendant une bonne heure, transpirant sang et eaux tant la chaleur se concentre dans les gorges de ce labyrinthe.Nous regagnons Villavieja en stop et encore une fois un 4X4 plein s´arrête et nous propose de nous accrocher sur les côtés. Cette fois c´est plus confortable et nous acceptons sans hésitation. Arrivés chez nos hôtes nous prenons une douche bien méritée avant de les saluer et de partir pour Aipé. Quand nous abordons l´autre rive, l´eau a inondé une bonne partie des champs et nous regagnons difficilement le village. Heureusement nous trouvons un bar ouvert où une bière bien fraîche n´attendait que nos grands gosiers assoiffés. Nous prévenons Jorge que nous les rejoignons demain matin pour faire la route avec eux. Une bonne pizza dans un bouiboui à roulette installé sur la place et nous allons nous écrouler dans notre chambre.