19 juin 2008

J+217-224 / Incroyables colombiens Episode I

Nous voici avec Rafael, spécialiste du café en Colombie, pays du café 100% Arabica. Nous sommes donc à la meilleure place dans le cadre de notre tour du monde du café. Nous montons à bord du 4x4, le même que celui du père de Laetitia, un autre très bon signe pour ceux qui aiment en voir partout où il est possible d´en voir, je crois que je fais partie de ceux-là, surtout quand les augures sont bonnes !!! Nous sommes contents de nous revoir et Rafael est ravi de nous accueillir dans son pays.
Nous arrivons dans la résidence de Rafael, nous nous présentons au portail, le gardien nous ouvre. On sent que le pays n´est pas sûr. La résidence se compose d´un ensemble de petits immeubles assez modernes. Ana-Lucia -la femme de Rafael- est là et elle aussi est ravie de nous revoir. Le temps de poser nos affaires dans une chambre qu´ils ont préparé pour nous et nous partons dîner dans un centre commercial, pas n´importe lequel : Carrefour. Quand tu pars autour du monde, il faut toujours s´attendre à des expériences nouvelles et inédites. Rafael et Ana-Lucia sont très curieux de notre parcours, nous leur racontons tout en détail. Évidemment la conversation dérive d´elle même vers le café. Rafael est intarissable, nous pouvons lui octroyer le titre de professeur tant sa connaissance est étendue sur le sujet. Il nous parle aussi du programme qu´il nous a préparé. Visite de l´usine dont il est le manager, une trieuse à café ; mais aussi visite d´une ferme qui produit l´un des meilleur café de la région de Tolima, celle du siège local de la "Federacióon Nacional de Cafeteros de Colombia", visite d´un des entrepôts du plus gros exportateur de café de Colombie, d´une entreprise d´engrais naturels spécialisée dans le café... les prochains jours vont être chargés, nous n´aurons pas le temps de nous reposer, mais peu importe. Retour à l´appartement, Rafael nous propose un café, comment refuser ? Il sort sa machine à torréfier, quelques minutes plus tard la douce odeur du café commence à se répandre dans l´appartement. Les grains verts commencent à brunir et à prendre cette belle couleur café. Ensuite il le moud et encore d´autres arômes s´en dégagent. Bonheur et félicité quand il nous sert ce café, le plus frais que nous ayons eu l´occasion de déguster depuis notre visite d´une ferme au pied du Kilimanjaro. Nous nous souhaitons une bonne nuit et allons chacun rejoindre nos chambres. Nous sautons dans un lit deux places au matelas épais, avec des draps ajustés, des oreillers moelleux. Que de bonheur aujourd´hui.
Sept heures Rafael tape à notre porte, il est l´heure de se lever, de prendre une douche, un bon café et de partir visiter son usine à quelques kilomètres de là sur la route de Bogotà. Mais avant de vous parler de cette visite, nous allons causer de celle de la ferme que nous avons fait le lendemain, ce qui facilitera la compréhension du processus. Nous partons de très bonne heure pour une ferme située à deux heures de route d´Ibague, pendant une bonne heure nous suivons la route de Bogotà avant de bifurquer vers les montagnes où pousse le café, en général entre 1000 et 2000 mètres pour l´arabica. Nous commençons à serpenter sur les sublimes routes colombiennes et avant d´arriver à la ferme nous faisons une petite pause pour prendre un petit-déjeuner à la mode colombienne : saucisses, patacones (bananes écrasées et frites). Une dizaine de minutes plus tard nous abordons des chemins boueux et caillouteux que le 4x4 passe sans aucun problème. Nous nous garons et finissons le chemin à pied. Ferme de taille moyenne parmi la multitude de celles qui produisent ce fameux café colombien que vous trouvez régulièrement chez votre épicier préféré. Une femme nous accueille très gentiement et nous commençons la visite. D´abord nous partons sur les coteaux verdoyants où des saisonniers sont en train de récolter à la main de grosses baies rouges sur des branches chargées comme des grappes de raisin. Nous nous dirigeons ensuite vers un bâtiment où sont déchargés les paniers dans une machine qui en ôtera la peau, par la suite les baies passent sur un tapis qui les emmène vers une machine qui va les laver à grandes eaux. La dernière étape, le séchage se fait dans un séchoir qui permet d´assécher les baies très rapidement. Une fois séchées les baie, qui possèdent encore leur coque jaune, sont mise en sac ; les sacs seront acheminés vers des entrepôts de triage comme l´usine de Rafael. Maintenant je peux revenir à la visite du jour, l´usine de Rafael. Je vous épargnerai tous les détails mais je vais tout de même vous décrire l´essentiel du processus. Les camions chargés de sacs de grains arrivent à l´usine, ils sont pesés puis déchargés. Une fois dans l´entrepôt ils sont vidées dans la trieuse, 30 mètres de haut, 20 de large sur une bonne quarantaine de long. C´est à ce moment que les grains sont séparés de leur coque, ensuite ils sont triés pour retirer les mauvais grains. Selon la demande du client, le tri peut être très précis, et pour les clients les plus exigeants, une sélection manuelle peut être faite. En général seuls les meilleurs cafés subissent cette ultime étape, car elle en augmente le prix de façon trés significative. Les grains sont ensuite reconditionnés dans des sacs dont on prélève des échantillons qui sont dégustés par les personnes du laboratoire pour évaluer les différentes propriétés, défauts et qualités des grains et des arômes qui sont notés lors de la catation, procédé similaire à celui du vin. Par la suite les sacs destinés à l´exportation subiront des contrôles des douanes colombiennes et parfois américaines très sévères avant de partir pour les différentes régions du monde. C´est seulement en arrivant dans les pays de destination que les grains seront torréfiés, chaque pays ayant sa méthode, mais aussi pour une raison plus simple c´est qu´une fois torréfié le café perd rapidement de sa saveur et doit être moulu et bu dans les deux mois. L´un des plus grands noms de la torréfaction est la maison Illy à Trieste en Italie, d´ailleurs à notre retour nous avons l´intention d´y faire un petit tour, pour achever notre tour du monde en dégustant le meilleur café du monde.
Dans la journée nous visiterons aussi le siège de la Coopérative locale de café, une institution des plus importantes en Colombie car elle gère environ 50% de la production nationale et aide les cultivateurs par des programmes de scolarisation pour les enfants, aide à la construction des routes dans les zones rurales et caféières, mais intervient aussi dans les programmes de santé... Nous passerons aussi dans une ferme qui produit de l´engrais organique de façon industrielle. Tout cela nous a pris trois grosses journées. Notre connaissance en café est maintenant presque professionnelle !!!
Pour notre avant dernier jour à Ibague, des amis d´Ana-Lucia nous invitent à un concert. Laetitia a vu l`affiche dans la rue et m´avertie que cela risque de ne pas être notre meilleur concert. Nous voilà dans la file d´attente et nous sommes rapidement séparés en deux files, une pour les hommes, l´autre pour les femmes. Celle des femmes est infiniment plus longue que celle des hommes, si j´étais misogyne je dirais que c´est mauvais signe ! Nous entrons dans le chapiteau côté VIP, bizarrement ce sont les places les plus au fond. Tables et chaises ambiance cabaret sous tente. Le tout sur fond de musique Salsa, jusque là tout se passe bien. Nous sommes tous les six attablés à déguster des petits verres en attendant que le concert commence. Nous avons le temps de finir une première bouteille et d´entamer largement la seconde. Nous sommes entré dans la salle vers 20 heures, il est maintenant plus de 22 heures. Ça doit être une sacrée star pour se permettre autant de retard. la salle s´impatiente doucement quand enfin vers 23 heures les lumières s´éteignent ; tonnerre d´applaudissements, plein feu sur la scène et c´est à ce moment là que ça tourne mal pour nous. Un quinquagénaire chilien aux allures de Julio Iglesias commence son répertoire ennuyeux à la plus grande joie du public qui reprend en choeur chacune des paroles d`amour de leur idole. Notre torture durera pas moins de deux heures, d´ailleurs nous ne sommes pas les seuls, Rafael n´a pas l´air très emballé non plus. Nous nous disons qu´il est là parce qu´Ana-Lucia nous a invité et qu´il aurait été de mauvais goût qu´il reste chez lui... A la fin du concert vient le moment temps redouté du "alors qu´avez vous pensé du concert ?". Très diplomatiquement Laetita répondra que ce n´est pas sa tasse de café ! Comme on dit, tout cela partait d´un bon sentiment...
Le lendemain c´est dimanche mais ce n´est pas pour autant que Rafael se repose. Il passe la journée à déguster des cafés pour les noter. Le soir nous préparons un repas pour remercier Rafael, Ana-Lucia et ses amis pour leur invitation. Ils nous offrirons des cadeaux couleur café, et nous passerons une bien meilleure soirée que la veille à discuter café, politique et du futur mariage des amis d´Ana-Lucia qui aura lieu la semaine prochaine. Le lendemain Rafael doit partir pour les États-Unis pour une foire internationale de café, quant à nous nous prendrons la route du sud, direction le Désert del Tatacoa.