20 mai 2008

J+203-206 / Le ruban amazonien

La pluie cesse. Pendant ce temps viennent s´installer à côté de nous, deux touristes suisse-allemands, et pas très loin une autre allemande d´origine espagnole. Nous sommes plus de 160 sur la lancha et une poignée de touristes, sans doute le résultat des phéromones, tout corps se ressemblant s´attire et s´agglutine naturellement pour le meilleur et pour le pire. Avec à peine une heure de retard le bateau se détache de la berge et rapidement nous sommes au milieu de l´Amazone. Deux heures plus tard nous accostons dans le port de Benjamin Constant, une pause de deux heures qui nous laisse le temps de faire quelques courses au marché et dans les échoppes avoisinantes qui s´agglutinent autour du mercado. Pendant ce temps sur le bateau les vendeurs profitent de l´escale pour faire quelques profits en vendant fruits, biscuits, glaces, couvertures, hamacs et autres bricoles toujours utiles pendant ce genre de traversée. A nouveau le bateau manœuvre pour se décrocher du quai flottant. Rapidement la nuit tombe et nous montons sur le pont supérieur pour écouter un groupe de musique : musique pourrie, bière immonde au triste goût de métal contrairement à la musique, et nous mangeons avec nos petites cuillères la bouffe achetée sur le port, servie dans des sacs en plastique : la croisière s´amuse comme elle peut !!! Il y en a pour 5 jours et 4 nuits.
Direction les hamacs, histoire de passer une nuit de sommeil bercée par le roulis du bateau, parfait jusqu´à deux heures du mat. Toutes les lumières s´allument, contrôle de police, 15 policiers remontent le long des hamacs. Vérifications des papiers et des sacs. Arrive notre tour, nous donnons nos passeports puis ils commencent à fouiller le haut de mon sac, deux trois trucs tombent par terre, ils les laissent tels quels. J´essaye de leur faire comprendre que j´aimerai fermer le haut du sac voire qu´ils les remettent là où ils étaient avant qu´ils ne fouillent le reste, on peut rêver. Trois essais infructueux, je commence à gueuler, résultat, fouille complète des deux sacs, toutes nos affaires sont balancées à même le sol et ils s´en vont continuer leur fouille. Pour les policiers le résultat sera bon, un kilo de cocaïne saisi dans les machineries.
Le reste de la croisière sera plus agréable, la journée à bouquiner, regarder le fleuve se dérouler, nous dégourdir les jambes lors de courts arrêts dans les petits villages qui jalonnent la rive, tout cela rythmé par les repas et la cloche qui les annonce : 6 heures du mat, petit dej : café sucré d´office -alors p
as de café pour Laetitia- et un pain ramollo ; 11 heures déjeuner, en moins d´un quart d´heure dans une petite cantine de 15 places pour ceux qui n´ont pas leurs gamelles comme nous et au menu viande accompagnée invariablement de haricots, riz, spaghettis et manioc ; et rebelote à 17 heures 30 pour le dîner -oui, pour le dîner c´est tôt ! Le soir point de lecture, direction le pont supérieur pour se rafraîchir le gosier en buvant de la bière, en fumant des clopes, en racontant des conneries sur fond de musique d´ambiance. La croisière se détend. Nous rencontrons un vieux pépé qui a vécu en France il y a une vingtaine d´année dans le bordelais, il a perdu son français, mais en gardé l´esprit de la bouteille, dès midi il attaque à la bière pour finir à la clôture du bar vers minuit. Pour les autres personnages notables, une vieille folle qui fume clope sur clope en dansant frénétiquement au son des reprises que les jeunes musiciens exécutent en boucle du midi au soir.
Le dernier soir arrive avec les lumières de Manaus qui scintillent sur la berge, nous quittons l´Amazone pour rejoindre le Rio Negro et accoster dans la plus grande ville d´Amazonie. A Cusco nous étions sur l´un de ses affluants, nous suivons donc le fleuve depuis plus de 2500 kilomètres. Enfin nous sommes à Manaus, une des destinations qui a fait travailler notre imagination, comme Moka, Addis-Ababa, Zanzibar, Rio de Janeiro… les prochaines villes, Bogota, Mexico, Vegas, pour moi et pour Laetitia San-Francisco. Il est onze heures du soir et nous n´avons pas envie de plonger dans la ville avec nos gros sacs tout de suite et de galèrer pour trouver un hôtel à cette heure tardive. Alors, puisqu´on nous y autorise, nous finissons la nuit dans nos hamacs et nous décidons de débarquer, avec nos trois compagnons de voyage Patricia, Reto et Julia seulement le lendemain. Nous ne sommes pas les seuls, il reste encore une bonne vingtaine de personnes à bord et le membres d´équipage qui vont veiller sur nous.