12 juillet 2008

J+235-242 / Incroyables colombiens Episode III suite

Dimanche 5 mai, 11 heures Bogotá s´éveille. Nelly, leur dame de maison nous apporte café, jus d´orange, tartines : pas si mal de vivre dans l´aisance ! C´est le jour de la fête des mères en Colombie. Rapidement Olga nous laisse pour rejoindre sa famille, il y a une bonne trentaine de personnes attendues. Tomàs traîne un peu avec nous le temps de me donner deux nouvelles leçons d´échecs et de partir à son tour et en retard pour rejoindre sa famille. Quelques dizaines de minutes plus tard nous sommes dans les rues de Bogotá, direction le marché aux puces ; de marché aux puces il n´a que le nom, c´est plus tôt un marché artisanal, cela nous va très bien pour occuper ce dimanche ensoleillé. Après ce premier aperçu de jour, nous ne pouvons pas dire que Bogotá soit une belle ville, mais plutôt une capitale à vivre. Entourée de montagnes, d´immenses artères la traversent où à toutes heures circulent bus, motos, voitures, dont beaucoup de nos légendaires R12, la Colombie est l´autre pays de la Renault 12, comme le Maroc est la contrée de la 504, le Mexique celui de la Coccinelle. Les bus il y en a de toutes sortes, des récents, des vieux, des customisés, des petits, des grands et des très très grands appelés "Transmilenio" ; ils fonctionnent comme des métros, ils traversent la ville sur des voies dédiées cela permet d´admirer la ville sans perdre trop de temps dans les embouteillages, regarder les graphitis qui font leur retour. Depuis Rio de Janeiro nous n´en avions plus vus d ´intéressants. On peut se demander si le graf est signe d´une société industrialisée. Dans ces bus ultramodernes, une chose étrange nous a frappés, des pancartes donnant la priorité aux enfants pour les sièges et Laetitia en a été victime lorsque qu´un jeune père de famille lui a demandé de se lever pour laisser place à son morveux de 6 ans. L´enfant roi, un scandale, par contre, les vieux peuvent rester debouts.
Nous passons une semaine à Bogotá, nous pensions passer un peu moins de temps mais Olga et Tomás n´ont pas voulu nous laisser partir avant que nous ayons fait la fête le samedi suivant. Bogotá, une capitale plus près des étoiles, un titre un peu usurpé selon nous après être passés à La Paz qui frise les 4000 mètres d´altitude alors que Bogotá atteint un petit 2000. Enfin nous sommes suffisamment près de la voie lactée et des nuages pour nous habiller chaudement contre le froid et nous protéger de la pluie. Nous occupons notre semaine à ne pas nous lever trop tôt, visiter les lieux que nous ont préconisés Olga et Tomàs. Errer dans la ville entre les immeubles, déambuler dans les boutiques, notament la mémorable librairie française. Nous passons plus d´une heure à choisir des ouvrages, nous arrivons à la caisse avec notre pile de livres entre les bras, satisfaits de notre choix. La dame prend le premier livre, annonce sans autre mot "45 mile cada" "45?" "si 45" "porque, no es 22 mile per libro" la réponse est "45" le ton monte devant tant d´ammabilité et si peu d´explications. Nous comprenons par nous même que l´étiquette sur les livres ne sont qu´un code, nous comprenons aussi pourquoi ces livres prétendus neuf ont l´air aussi vieux et poussiéreux. Nous reposons la pile de livres sur le comptoir et gagnons la rue où l´atmosphère est beaucoup plus sympathique malgré la pluie. Nous sautons dans le premier bus direction le centre ville où nous parcourons toutes les boutiques de livres d´occasions, avec toujours la même phrase en bouche "Tiene literatura francesa en frances?" dans 80% des cas les réponses sont négatives, mais nous finissons par trouver notre bonheur: que du classique, mais dans des genres assez variés, science-fiction, polar, romantique... Après cette bien palpitante aventure il est l´heure de se restaurer un peu. Nous gagnons "La Fausse Porte" un petit restaurant qu´Olga nous a conseillé près de la place Simon Bolivar où s´agitent au son de la fanfare un bon millier de soldats. Nous y mangeons un tamal, une préparation de viande et de légumes enrobée dans de la feuille de banane, typique et très bon. En sortant du restaurant nous admirons quelques minutes les soldats en fumant une cigarette ; il n´est pas possible de fumer dans le resto, mais je vous rassure cela reste possible dans la plupart des endroits en Colombie car c´est le propriétaire des lieux qui choisit sa politique nicotique. Bref on peut choisir, pas comme dans certains pays ; c´est peut-être cela la démocratie. A moins que la démocratie ne soit plus qu´un masque pour une minorité bien pensante et dirigeante où seule la consommation et le profit doivent régner tout en préservant l´apparence d´un être bienveillant pour la plèbe - aujourd´hui sommes nous autre chose qu´une plèbe portant nos élus et nos patrons tel des pharaons - qu´elle cesse d´écouter de jours en jours. Fin de la parenthèse. Sur ce nous partons de la place pour prendre un bus direction le casino, nous aussi ce soir nous allons brûler de l´argent sur les autels du dieu dollar. Nous déboursons notre droit d´entrée pour la partie de poker, 30 mille pesos pour 20 jetons, c´est tout. On s´installe, la partie commence : les blindes sont à 1 et 2, la déprime ça sent l´arnaque ce tournoi. Dix minutes plus tard les blindes passent à 2 et 4. Cinq minutes plus tard Laetitia se fait sortir, très très déçue, avec son As-Dame ; quant à moi je tiens une heure de plus et me fait sortir deuxième de la table finale. On prend un taxi, qui démarre pied au plancher direction l´appartement. Sur les artères désertes à cette heure, il fonce à plus de 100 kilomètres heures en ralentissant à peine au feu rouge, préférant jouer du klaxonne. Arrivés à destination il nous allège de 20 mille pesos de plus. Il y a des jours meilleurs que d´autres. On rejoint nos petits lits d´enfants (nous occupons la chambre de Matéo le fils de Tomàs) et nous nous endormons.
Nous nous apercevons que notre visa n´est que de trente jours, et quatre semaines pour la C
olombie c´est peu. Nous demandons à Tomàs où se trouvent les bureaux de l´immigration pour que nous allions le prolonger. Pas de problème pour lui il nous donne rendez-vous dès le lendemain à son cabinet pour nous y conduire. L´histoire ne sera pas aussi simple qu´il y parait et nous devrons le priver d´un temps sans doute précieux en errant d´administration en administration avant de trouver le bon bureau. Au passage il nous offre un très bon restaurant italien. Notre visa est en tout cas prolongé de deux semaines.
Une autre promenade nous emmènera au jardin botanique, où la plupart des climats colombiens sont reproduits : désert, montagne, jungle...puis nous gagnons "la city" quartier de buildings au pied d´un des coteaux de Bogotá, au sommet quelques 500 mètres plus haut domine un petite église toute blanche qui prend magnifiquement la lumière du soleil en ce jour d´orage. Arrivé au sommet après avoir emprunté le téléphérique, nous pouvons admirer la ville qui s´ettend sous nos yeux dans son voile de brume. La petite église qui était si belle d´en bas perd rapidement de son charme à la voir de plus près mais cela n´empêche pas quelques fous de course à pieds de la rejoindre en moins de 20 minutes en partant du bas de la montagne. Retour à la ville basse par des moyens plus économiques en calorie et en sueur. Nous passons par une maison qui fut habitée par Simon Bolivar fondateur de la grande Colombie et libérateur d´une bonne partie de l´Amérique Latine du joug de la couronne d´espagne. Simon ne devait pas avoir la vie désagréable quand il séjournait dans cette maison de plain pied entourée d´un charmant jardin des plus fleuris. Un dernier passage par le coeur de Bogotá et ses buildings d´affaires et nous rejoignons l´appartement d´Olga et Tomàs. Ce soir nous faisons une partie de poker tout les quatre, Tomás en fin stratège comprend rapidement les principes du jeu et de mises mais cela n´empêchera pas Olga de ramasser le pot final avec un style plus que déconcertant.
Le lendemain et dernier jour pour nous dans la capitale. Tomas part s´occuper de l´anniversaire de son fils et nous partons nous promener avec Olga, profitant de ce samedi chômé pour elle pour traîner et déguster un café dans un troquet de luxe Juan Valdez. Comme il se doit, nous clôturons notre séjour en sortant tous les quatre dans une Rumba. Nous buvons, nous dansons en écoutant les dernières chansons de La 33, un groupe de Salsa en pleine ascension et qui dépoussière l´esprit de cette musique bien souvent un peu conservatrice.
Le lendemain nous prenons notre baluchons direction le nord pour Santa Marta au bord de la mer où Tomás nous prête sa maison de famille pour quelques jours, ils sont vraiment incroyables ces colombiens...