28 septembre 2007

J+5 à 8 / A l'ouest, le Djebel Harraz

C'est l'heure de quitter le bitume, les gaz d'échappement, les klaxons, bref le bonheur de la vie sanaai. Il est trois heures, nous voilà chargés comme des mulets pour rejoindre la station de cars, une demie-heure de marche plus loin, pas de car pour Manakha avant le lendemain. Pas grave, direction la sortie de la ville pour taper le stop. De petits bus en petits bus, nous y arrivons, là une stations de taxis collectifs nous attend. Fini le stop, c'est l'heure du négoce. Premier prix à 16 000 Rials, après un coup de téléphone à un contact pour avoir une idée des prix - François un français qui travaille pour une ONG à Sana'a - nous arrivons à un prix raisonnable de 3 000 R. En route pour Manakha, petite ville à deux heures, à l'ouest de Sana'a ancienne cité qui à l'époque des ottomans était un point clé du commerce du café par sa production et sa position géographique en direction du port de Moka.
C'est parti pour un rodéo de deux heures sur les routes de montagne yéménites dans un pick-up chargé à bloc et avec un chauffeur prêt à prendre tous les risques pour nous mener à bon port. Sur cette route digne des meilleurs westerns spaghetti nous passons deux check-points, doublons des camions crachant fumée et poussière, traversons des hameaux ou une foule de gens viennent se ravitailler, dans l'un d'eux une altercation, les djambias sont de sortie. Pas le temps pour nous d'en voir plus car le chauffeur ne s'en émeut pas et continue son ascension vers Manakha. La nuit tombée nous voilà au Tourist Hotel. Nous nous installons dans notre chambre avant de passer enfin à table pour un dîner gargantuesque puis une petite promenade digestive pour nous ravitailler en cigarettes - 0,50 euros le paquet - et nous rendre compte que le village ressemble à une décharge à ciel ouvert avec des gens qui vivent dedans !!! Nous rentrons rapidement à l'hôtel car l'approche de nuit de ce genre de lieu n'est pas pour nous mettre en confiance. Le lendemain nous décidons de rejoindre à pied le village 5 km plus haut, Al Hajjarah qui lui est propre et magnifiquement situé sur un piton rocheux dominant la vallée. Le funduq - hôtel - qui s'y trouve est beaucoup plus sympa et dans une construction typiquement yéménite. Le lendemain matin nous partons sur les pistes des caféiers que nous finirons par trouver parmi les mille plantations de qat. Le producteur est dans sa petite plantation en terrasses, occupé à ramasser les baies mûres -rouges - avec sa famille. Après une discussion des plus sommaire nous reprenons notre route, heureux que notre voyage commence à prendre du sens, direction un village planté au sommet d'un promontoire rocheux.
L'arrivée nous enchante malgré la fatigue qui commence à s'accumuler dans nos petites jambes de citadins. Mais la pauvreté des gens qui y habitent, son état de délabrement et les détritus qui jalonnent ses petites ruelles lui retirent sa splendeur. Sur la route du retour nous nous arrêtons pour nous préparer un petit café avec la cafetière italienne que nous avons emportée. Pas moins de trois quart d'heure de préparation pour deux demi-verres d'un café made in Yemen. Il nous faut encore plus de deux heures pour rejoindre Al Hajjarah ou nous passons la soirée à discuter et à jouer aux dominos avec les employés du funduq. Rendez-vous est pris le lendemain avec Djelel qui habite le village et qui se propose de nous le faire visiter.