21 décembre 2007

Joyeux Noël

Nous sommes à Madagascar depuis dimanche et hier, le 19 nous avons fêté nos 3 mois de voyage !
Nous ne savons pas encore où nous serons pour le réveillon de Noël mais probablement dans un endroit ou nous n'aurons pas internet. C'est donc avec un peu d'avance que nous vous souhaitons à tous de très bonnes fêtes.
Avec ce soleil nous avons un peu de mal à réaliser que c'est dans 4 jours, d'autant qu'ici nous sommes loin de la frénésie des achats de Noël que nous connaissons habituellement.
Nous sommes carrément en retard sur le blog, il nous reste à vous raconter quelques journées de notre séjour en Tanzanie et notamment les 6 jours passés à Zanzibar avant de passer au récit de la Grande Ile.

J+78-80 / Le café le plus haut d'Afrique !

De retour à Moshi avec un jour d'avance, nous retrouvons notre petit hôtel luthérien où pour le même prix que nous avions payé deux jours plus tôt on nous propose une suite... c'est pas le grand luxe, mais nous disposons d'un salon, d'une cuisine, douche et toilettes séparés, un réfrigérateur pratique pour garder l'eau au frais par ces grosses chaleurs. Nous y déposons notre baluchon.
Avant de partir nous avions vu qu'ils s'organisaient un Coffee Tour pour découvrir les plantations du Kilimanjaro, il était un peu cher, mais puisque nous n'avons pas tout dépensé lors de notre petit safari pourquoi pas en profiter. Le lendemain matin après quelques démarches nous finissons par rencontrer le responsable, il nous organise la petite excursion pour l'après midi. Rendez-vous est pris vers 15 h avec un guide qui nous attend dans le village d'Uru. Nous avons plus d'une heure de retard, quand nous sommes arrivés au Dala-dala, il était vide et nous avons dû attendre une petite heure qu'il se remplisse, puis qu'il traverse comme il pouvait une piste des plus caillouteuses jusqu'au village, une petite heure de plus. Notre guide nous attend à la sortie du bus et nous emmène jusqu'à la ferme, la pluie commence à tomber, avec le soleil toujours présent, cela donne une atmosphère étrange à cette randonnée à travers les caféiers du Kilimanjaro. Notre guide nous propose une petite halte pour prendre un café à la coopérative et la pluie cessant nous repartons à travers des petits sentiers qui nous emmènent jusqu'à une petite bicoque qui appartient à l'un des fermiers de la coopérative. Celle-ci vend sa production dans le cadre du commerce équitable, tous les fermiers qui sont adhérants touchent un peu plus d'argent ce qui leur permet de vivre un peu mieux et notamment d'envoyer leurs enfants à l'école au lieu de les garder aux champs. Josephat, notre guide nous installe deux petits tabourets dans la cour et commence son explication sur le cycle de production du café d'Uru.
D'abord planter la petite graine face plate contre terre, dans des petits pots à la terre enrichie. Quand la jeune pousse atteint le stade de 7 paires de feuilles, environ 7 mois, c'est le moment pour qu'elle soit repiquée en terre dans un trou de 30 cm d'arête en mélangeant la terre extraite du trou additionnée à de l'humus. Les plants de café sont espacés de 8 pieds les uns des autres. Pendant un an ils plants ont encore besoin de soins particuliers et surtout d'eau et deux ans plus tard les fermiers peuvent commencer à récolter les baies et cela pour les dix années à venir, après cette date la production et la qualité du plant vont décroissants. Il faut savoir qu'un caféier peut vitre une cinquantaine d'années ; parfois quand un plant n'est plus utilisé pour ses baies il peut l'être pour son bois de bonne qualité pour la marqueterie. La récolte des baies dans cette région à lieu presque toute l'année ; la floraison a lieu entre novembre et décembre. On peut parfois trouver sur une même branche, des fleurs, des jeunes baies qui mettront quelques mois à mûrir et les baies prêtent à la récolte, ce qui implique une récolte manuelle. Une fois les baies récoltées les fermiers les passent immédiatement dans une machine pour en extraire les grains qui tremperont trois jours, ce sont les cafés « washed » ; puis ils seront posés sur des tamis à quelques centimètres du sol et à l'abri du soleil - contrairement à l'Éthiopie - ce qui en améliore la qualité. La période de séchage dure une quinzaine de jour. C'est à ce moment de la production que le café est acheminé vers des places de vente aux enchères. Les fermiers en gardent une partie pour leur consommation personnelle. Josephat nous emmène derrière la ferme où un petit feu nous attend, une petite marmite en terre y est disposée, il pose les grains, puis remue doucement pendant une quinzaine de minutes. Petit à petit les grains commencent à prendre une couleur « robe de moine », une agréable odeur de café commence à se dégager. Ensuite il transfert les grains fraîchement torréfiés dans un pillon ; le grain se fait poudre et enfin il passe l'eau chaude dans une passoire pour remplir trois bonnes tasses de café que nous dégustons ensemble. Le meilleur café que nous ayons bu. Nous n'avons participé à aucune cérémonie du café en Éthiopie, mais cette visite en possède presque toutes les qualités! Heureux nous reprenons le chemin de la coopérative, où un homme nous attend pour nous redescendre à Moshi, mais avant cela Josephat nous invite à boire une bonne bière « Kilimanjaro » au pied du sommet du même nom, parfait. De retour en ville nous allons nous régaler d'une bonne pizza tanzanienne.
Le lendemain, nous sommes en place dès 9h30 devant l'office de booking « Dar Express » à 9h45 le car pour Dar-es-Salam entre en scène, le plus beau bus que nous ayons vu depuis longtemps, nos bagages sont mis en soute et nous prenons place sur nos sièges numérotés. À 10 heures le car se met en route pour la capitale tanzanienne. Comme prévu nous arrivons à 18 heures ; autant de ponctualité dans une même journée, décidément nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec l'Afrique. Sans trop de difficultés nous trouvons un hôtel, malheureusement sans climatisation ; c'est beaucoup trop cher pour notre budget. Nous passons cette soirée dans la moiteur en attendant de prendre le bateau le lendemain pour Zanzibar...

14 décembre 2007

J +76-77 / Chasse à la girafe

Il est venu le temps du safari. Nous avons quitté la petite ville de Moshi où nous avons fait un tour dans le marché couvert pour acheter de quoi subvenir à nos besoins alimentaires pendant deux jours. Au menu : mangues, bananes, fruits de la passion, tomates, boite de thon, riz et deux œufs durs que nous avons dérobés à la cantine de notre hôtel. Premier objectif le « Colobus Moutain Lodge » à l’entrée du Parc d’Arusha, au pied du Mont Meru, qui était le plus haut sommet d’Afrique il y a quelques millions d’années. Je vous épargnerai les détails du voyage jusqu’au lodge, si ce n’est le dernier où nous avons été pris en stop par une camionnette d’assistance d’une course de voitures genre Bullit qui avait lieu dans la région.
Arrivés au lodge, nous sommes confortablement installés dans un bungalow genre hutte tanzanienne version luxe. Murs blancs, toit de paille, lit à baldaquin et ce petit nid d’amour prend place dans un jardin à la végétation fleurie et luxuriante. Le décor est planté. Demain nous partons au petit jour pour découvrir les merveilles de ce petit parc que nous pouvons explorer en partie à pied, retour au lodge prévu dans deux jours. Nous avons rendez-vous le lendemain avec un ranger qui sera notre guide et le soir nous prévoyons de dormir dans un refuge au cœur du parc.
Ce jour tant attendu par Laetitia arrive, chaque nuit elle rêvait de girafes, d’éléphants, de zèbres et autres bestioles qui habitent l’imaginaire des mzungus - étrangers en Swahili - que nous sommes…cela devenait cauchemardesque pour moi, alors j’ai sorti les dollars et je lui ai offert son safari à ma petite chérie. Nous prenons un petit déjeuner très consistant dans l’immense salle à manger du lodge. Ce décor nous change de nos habituels lieux de gîtes qui au mieux possèdent une douche et des toilettes fonctionnelles. Nous sommes en plein luxe et c’est le lodge le moins cher que nous ayons trouvé. Je m’égards, revenons à nos girafes. Nous sommes à l’entrée du parc et réglons les formalités administratives, en dollars bien entendu ; et nous nous mettons à la recherche d’une voiture qui pourrait nous emmener au centre du parc, point de départ des randonnées. Cela ne prendra pas longtemps car en Tanzanie on ne laisse jamais un mzungu seul dans la jungle, bref nous voilà à bord d’une superbe Subaru 4x4 sans âge sur une piste caillouteuse. Au premier virage un peu sec, nous voyons apparaître sur notre gauche le long coup de dame girafe. Laetitia est aux anges. Notre chauffeur réattaque en première, prend le virage suivant comme il peut, nous manquons de rester coincés dans une ornière bien trop haute pour notre voiture de course plus adaptée au rallye sur route qu’à la piste pleine de nids de poules que nous sommes en train d’emprunter. Heureusement ça passe et nous découvrons à la sortie du virage une petite savane où nous retrouvons notre girafe accompagnée d’autres dames girafes, de zèbres et de buffles courrant dans le lointain. Quelques minutes plus tard nous arrivons au poste de ranger, où nous attend Naceri, ranger armé comme il se doit, que nous avions contacté l’avant-veille et qui avait eu la gentillesse de réserver pour nous une hutte dans le lodge car nous n’arrivions pas à joindre l’hôtel. Nous commençons notre randonnée direction le mont Meru chargés de nos sacs remplis de victuailles pour les deux jours. Après quelques minutes de marche nous découvrons encore une petite savane où paisse un troupeau de buffles, tandis que des phacochères gambadent joyeusement. , dominant la situation, quelques girafes traversent avec élégance cette scène des plus africaine. Pendant que nous commençons l’ascension, Naceri nous apprend qu’il n’y a qu’un chemin de promenade et que le reste du parc doit se faire en voiture…espérons que nous pourrons trouver quelques touristes pour parasiter leur voiture, ce qui nous éviterait d’avoir à en louer une, payer l’entrée de la voiture et celle du chauffeur, ce qui nous ferais une dépense supplémentaire de 120 dollars sans compter nos entrées à 35 dollars par tête !
En attendant profitons de la grimpette. La savane laisse place petit à petit à la jungle. Une végétation plus dense, de plus en plus de lianes, des arbres gigantesques chargés de mousse, tandis que d’autres laissent tomber leurs racines aériennes vers le sol… Des cris de singes dans le lointain, sifflement d’oiseaux. Quel délice de plonger dans cette anarchie tropicale. Après une heure de marche nous arrivons à l’arbre sacré du Mont Meru, il forme une arche tellement grande que les éléphants peuvent passer en dessous. Cet arbre est sacré pour les Masais, quand les pluies se font rare, ils viennent y prier pour invoquer la pluie salvatrice. Le pente devient de moins en moins ardue, nous laissons sur notre gauche un marais de montagne, quelques torrents forestiers et devant nous les arbres deviennent plus rares pour laisser place à un panorama exceptionnel : à 50 kilomètres de nous se dessine le plus haut sommet d’Afrique, le Kilimandjaro. Comme à son habitude il a la tête dans les nuages ; cela n’enlève rien à sa majesté volcanique. C’est l’heure de la redescente, retour dans la forêt par un sentier encore plus petit que celui que nous avons emprunté à l’aller. Nous découvrons dans la canopée quelques singes Colobus, très proches de ceux que nous avions vu lors de notre promenade au « point zéro du café » en Ethiopie. On pourrait qualifier ces Colobus de royaux par rapport à leurs cousins d’Ethiopie qui ont le poil plus court. Sur le chemin nous découvrons quelques crânes, dont un qui est celui d’un buffle qui a blessé un ranger lors d’une randonnée. Il est midi l’heure de la pause déjeuner au cœur de la forêt, nous nous installons sur un tapis de mousse et nous régalons de notre repas très frugal. Quelques minutes plus tard nous débouchons sur une étendue de sable noir, laissé la il y a quelques millions d’années lors de l’irruption du mont Meru. Sur ce sable quelques arbustes essayent de survivre, cet espace est traversé par un torrent, nous le remontons et arrivons au pied d’une falaise qui se resserre pour finir au pied d’une chute d’eau de plus de 50 mètres. Nous sentant très petit nous faisons demi tour et retrouvons la savane où nous avions abandonnées nos girafes, buffles, phacochères il y a quelques heures. Nous longeons la rivières les regardant brouter paisiblement. Il est 14h30, de retour à la porte des rangers, nous essayons de nous organiser pour le lendemain ; rapidement nous arrivons à la conclusion que nous ne pourrons pas continuer notre safari sans louer de voiture. Le chauffeur du matin qui travaille dans le parc, flairant la bonne affaire nous propose de faire le tour du parc avec sa Subaru avant que le parc ne ferme ses portes. Il nous demandes 70 dollars, après une courte réflexion nous acceptons, un safari en voiture de course cela ne se refuse pas, même si celle-ci est hors d’âge. Nous repartons à l’assaut des pistes accidentées du parc, et même si la voiture est une quatre roues motrices, elle du mal à franchir les obstacles qu’un Land-Rover passerait sans peine. Nous complétons notre paysage animalier : dik-dik – une sorte de mini gazelle - , gazelles des eaux, hyènes, hippopotames, singes bleus et babouins Gellada. Pour achever ce « game drive », le chauffeur gare sa voiture au sommet d’un cratère de plus de deux kilomètres de diamètre ; celui-ci s’est formé lors de l’irruption du mont Meru à 10 kilomètres de là ; cela donne la mesure de la force de l’irruption. Notre très sympathique et très malin chauffeur qui a aussi été un bon guide nous dépose au lodge, nous lui laissons notre nourriture que nous ne pourrons pas utiliser puisque nous n’aurons plus de cuisine à disposition avant longtemps. Notre safari est écourté d’une journée, mais nous avons tout de même pu voir l’essentiel du parc à l’exception des éléphants qui sont cachés dans la montagne en cette saison. Heureux, nous retrouvons notre petite hutte de luxe, une bonne douche et nous prenons place dans l’immense salle à manger du lodge que nous avons pour nous tous seuls, la saison touristique n’est pas commencée et les safaristes sont encore rares.

J+69-75 / Un camion pour Tanga

Nous n’avons que quelques mètres à parcourir depuis notre « border hôtel » pour passer la frontière kenyane. Les formalités de sortie d’un pays sont toujours assez rapides, surtout quand on a un visa en règle. Juste avant de passer la barrière, j’interpelle un routier pour lui demander le taux de change des shillings kenyans en shillings tanzanien et il nous conseille de faire notre transaction du côté tanzanien, plus avantageux. Il y a une zone d’une dizaine de kilomètres avant la Tanzanie et le village de Horo Horo où se trouve le poste frontière, nous les parcourons en matatu, sûrement le plus pourri de tout le pays, d’ailleurs il faut le pousser pour le démarrer et il n’est visiblement pas capable de faire un autre trajet que l’aller retour entre les deux postes frontières. Une autre preuve en est que contrairement à tous les autres minibus que nous prenons, ils ne le chargent qu’à moitié de peur qu’il tombe en poussière. Horo Horo est déjà très différent de son voisin kenyan de Lunga Lunga. La route d’asphalte est devenue piste, et oui, encore, et l’ambiance n’est pas du tout la même. Nous nous arrêtons boire un petit café en espérant que ce ne soit pas de l’instantané mais on nous sert du thé ! La serveuse enverra quelqu’un acheter un sachet de café en poudre en voyant notre déception ! Décidément les anglais ont eu une bien mauvaise influence sur la consommation de café des kenyans et des tanzaniens… Pendant que nous discutons avec un gars originaire de la région du Kilimandjaro, région d’origine du café, nous retrouvons le routier qui nous a renseigné sur le taux de change et il nous propose de nous emmener jusqu'à notre prochaine étape Tanga. Lui va à Dar Es Salaam mais c’est sur la route. Nous acceptons la proposition et nous retrouvons à partager la cabine avec 7 autres personnes. Et oui, à 9 ça rentre ! John, le chauffeur n’en fini pas de nous vanter les qualités de son beau semi-remorque Scania, et de faire rugir le moteur pour nous faire apprécier son doux bruit. Une demi heure plus tard, c’est la première panne. Super ton camion John ! Les deux mécanos descendent voir ce qu’il se passe. Que ce soit en Ethiopie, au Kenya ou en Tanzanie, les routiers sont toujours accompagnés d’un ou deux mécanos, vu l’état des routes c’est plus prudent, les pannes et surtout les crevaisons ne sont pas rares. Un coup de tournevis et ça repart, ouf. La piste n’est pas des plus facile et elle grimpe, ce qui n’arrange probablement rien. Sous son grand sourire, nous sentons John inquiet côté mécanique. D’ailleurs une nouvelle pause s’impose et nous devrons tous descendre en attendant que la réparation se fasse. John nous dit que ce n’est rien que son camion c’est le meilleur et que tout va bien. Nous ne demandons qu’à le croire et remontons dans la cabine mais nous sentons bien que l’engin peine et John a un peu perdu de sa bonne humeur. Et comme, jamais deux sans trois, un nouvel arrêt et cette fois ça a l’air sérieux. Nous nous installons à l’ombre et les deux mécanos galèrent sur une pièce qu’ils ne parviennent pas à démonter. Ils n’ont pas le bon outil. Stan leur propose d’utiliser son Lethermann et visiblement c’est ça qui va leur permettre de finir leur réparation proprement. Ca fait beaucoup rire tout le monde et pour fêter ça, John va nous trouver des mangues, des bananes et des noix de cocos. Ces fruits tombent à point, il est dans les 14h et nous n’avions pas déjeuné, nous nous régalons pendant que la réparation avance dans la bonne humeur. Il est encore tôt mais nous nous demandons si nous arriverons à Tanga avant la tombée de la nuit. John prévoyant et voulant nous faire une démonstration de la gentillesse et de la solidarité des tanzaniens arrête les camions qui passent pour leur expliquer qu’il est en panne et qu’il ne sait pas quand il pourra reprendre la route et il récupère une bouteille d’eau et un dîner dans sa petite boite hermétique. Il est très fier de lui et ses mécanos rigolent de ses bonnes blagues, et nous aussi d’ailleurs.
Finalement, le moteur repart mais n’a pas l’air au top et nous finirons les quelques kilomètres jusqu'à Tanga avant la fin de la journée. Jonh décidera d’y passer la nuit parce qu’il est trop tard pour aller jusqu’ à Dar Es Salaam et que son camion a besoin d’être plus sérieusement réparé. Avant de partir il nous donne ses coordonnées pour que nous essayions de nous revoir. Un sacré phénomène, ce premier contact avec les tanzaniens est très positif. Tanga est une agréable ville sur la côte est tanzanienne qui a eu ses heures de gloire en faisant le commerce du sisal. Malheureusement le port n’est maintenant plus aussi actif mais la ville a gardé son charme. Nous y resterons 3 jours pour nous imprégner de l’ambiance et aller voir les ruines de Tongoni, ancienne mosquée datant l’occupation arabe de la région, à quelques kilomètres. Elles se trouvent dans un petit village de pêcheurs face à l’océan indien et près d’une très belle mangrove. C’est aussi à Tanga que nous goûterons une spécialité musulmane, la pizza. Rien à voir avec l’italienne que l’on connaît. Celle-ci vient de Zanzibar et est une sorte de galette carrée fourrée de viande, légumes et œuf et cuite sur une plaque chaude, un régal ! Nous y apprendrons également qu’en Tanzanie il y a du vrai café, quand même, cela nous rassure. Il se trouve dans la rue où des vendeurs en proposent de petites tasses et il se boit assis sur le trottoir accompagné de croquants aux cacahuètes. On les trouve plus facilement dans les villes à majorité musulmane et c’est très agréable à déguster dans la rue à l’ombre. Après ce sympathique et reposant séjour, nous prenons la route pour Moshi, au pied du magique Kilimandjaro. Là-bas nous attendent deux missions : rejoindre le Parc National d’Arusha pour faire enfin notre safari et trouver les plantations de café. Dès notre arrivée, le plus haut sommet d’Afrique s’impose à nous, nimbé de son voile nuageux. En fin de journée, nous pourrons en admirer le sommet enneigé, éclairé par le soleil couchant. Impressionnant.

6 décembre 2007

J+66-68 / Kenya Express

Le camion file sur la piste direction Isiolo. Nous sommes bien contents d’être dans la cabine, niveau confort c’est incomparable ! Sur le toit, quelques passagers, que nous plaignons à chaque trou ou bosse, et un militaire armé, comme à chaque déplacement de camion, en tout cas dans le nord du Kenya. Visiblement des bandits attaquent parfois les camions, il y aurait eu deux attaques la veille dans la journée. Quand les camions sont escortés cela dissuade, forcément, et cela nous rassure. La piste que nous empruntons traverse en partie le parc national, nous avons d’ailleurs l’occasion de voir quelques animaux, un éléphant, deux hyènes, un chacal, des antilopes, un zèbre et beaucoup d’oiseaux, comme un échantillon de safari ! Le chauffeur connaît chaque difficulté de la route. Nous apprenons qu’il fait l’aller-retour vers Isiolo trois fois par semaine depuis 15 ans ! Il nous faudra huit bonnes heures dont six de nuit pour que notre chauffeur nous dépose à Isiolo. Il est minuit, heureusement il a ses habitudes dans un hôtel de la ville et il nous trouve une chambre facilement en passant par le veilleur de nuit. Nous sommes nous nous couchons sans manger, de toute façon, à cette heure-ci impossible de trouver quelque chose d’ouvert. Le soleil se couchant vers 18h30, les gens mangent en général vers 19h et souvent à 20h tout est déjà fermé. Isiolo ne présente pas vraiment d’intérêt. Nous n’y restons donc pas plus que la nuit que nous venons de passer et dès le lendemain nous décollons, direction Meru d’où nous pourrons prendre un bus pour Mombassa. Nous pourrions descendre tout droit pour rejoindre la Tanzanie mais près de Mombassa, à Diani Beach, nous devons passer voir des connaissances pour les saluer et récupérer la carte bleue de Stan qu’une amie a déposé pour nous une quinzaine de jours plus tôt. De toute façon nous ne pourrons malheureusement pas rester très longtemps au Kenya. Nous avons un vol de Dar Es Salam en Tanzanie, pour Madagascar le 15 décembre et nous n’avons pas pu le décaler à cause des vacances de Noël. Comme nous ne voulons pas louper le Kilimandjaro (La région du café) nous avons décidé de privilégier la Tanzanie.
Meru qui se situe à quelques kilomètres de l'équateur est la capitale kenyane du qat qui ici s’appelle le mirra. Nous avons constaté que le qat et le café sont souvent plantés au même endroit. Dès notre arrivée en ville nous demandons donc si il y a des caféiers dans le coin. Apparemment oui, on nous indique la direction et on nous conseille de prendre un taxi pour y aller. Le bus pour Mombassa part à 18h, nous avons le temps. Nous déposons nos gros sacs dans a l’office du bus et nous montons dans le taxi. A peine 5 minutes plus tard, nous nous retrouvons devant une grille qui s’ouvre sur la cours d’une usine ! Des caféiers, ici ? En fait il s’agit d’une société qui exporte du café ! Nous, c’était des arbres que nous voulions voir, mais pourquoi pas. Un gars au volant de son 4X4 tout neuf est planté au milieu de la cour, c’est le manager. Génial, il va pouvoir nous faire visiter l’usine. Il nous apprend que nous sommes dimanche, et oui, nous avons un peu tendance à ne pas forcément savoir quel jour nous sommes, donc l’usine est fermée ! Il nous donnera quand même quelques infos sur le café kenyan, comme par exemple que l’Arabica et le Robusta sont cultivés dans le pays et que le Robusta sert à faire le café instantané, que le café exporté est un mélange des différents cafés du pays et qu’au Kenya c’est surtout autour du Mont Kenya que les plantations se trouvent. Le déplacement n’aura donc pas servi à rien mais maintenant il est trop tard pour sortir de la ville pour voir des caféiers, le bus part dans 2 heures. Nous aurions pu rester une journée de plus mais nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous. A 18h, le bus part. Le toit est chargé de sacs de mirra et de fruits et de légumes pour les marchés de Mombassa. 12 heures et donc la nuit dans le bus pour rejoindre la deuxième ville du Kenya. C’est dans une chaleur étouffante chargée d’humidité que nous abordons la ville. Le bus débarque directement dans le marché ! Des dockers déchargent les sacs de mirra un à un au pied du bus. Des dizaines de gens qui semblaient attendre leur livraison avec impatience se précipitent et la récupèrent. Ils payent leur du pour le transport à un homme qui se retrouve rapidement les mains pleines de billets. Les bottes de qat seront ensuite vendues au détail sur le marché au consommateur final. C’était assez étonnant de voir ce bus entrer dans ce grand marché où se vendent toutes sortes de choses, des fruits, des légumes, des vêtements, des ustensiles de cuisine, des chaussures et du mirra. Diani Beach est à seulement une vingtaine de kilomètres. Nous devons d’abord prendre un bac pour passer sur l’autre rive. De là un matatu, minibus kenyan, nous emmène jusqu'à Diani. Nous avons prévenu de notre arrivée et nous avons rendez-vous dans un bar. Nous sommes un peu crevés après cette nuit passée dans le bus, nous avons enchaîné pas mal de déplacements depuis quelques jours et il fait très chaud. Et là nous aurons la démonstration que « les amis de tes amis ne sont pas forcément tes amis ». L’échange durera une minute chrono. Nous leur proposons de boire un verre mais ils refusent presque poliment : monsieur serait sous antibiotique, moi aussi et je ne la ramène pas… Ils nous donnent notre carte bleue, nous souhaitent bonne route et s’en vont. Nous n’en revenons pas et mettrons quelques minutes à réaliser. Le plus drôle c’est qu’en plus la banque de Stan n’a pas fait ce qu’il fallait et que la carte bleue ne nous est d’aucune utilité ! L’endroit ne nous plait pas tellement. Trop de touristes, et pas du genre de ceux avec lesquels nous pourrions sympathiser. Nous avons vu une femme accompagnée de son boy pour porter son chien-chien ! De plus, les prix sont assez élevés puisque l’endroit est touristique, nous décidons donc de passer la frontière tanzanienne dès le lendemain. Nous aurons toutes les plages que nous voudrons à Zanzibar. C’est à Lunga Lunga que nous devons nous rendre. Un matatu nous y emmène rapidement et nous voila dans un très joli village. Des baobabs et des cocotiers ont remplace les acacias et la vie ici semble paisible. Coté hôtel, c’est vite vu, il n’y en a qu’un et pas des plus chics mais cela fera l’affaire. Une petite ballade dans ce joli village pour imprimer dans nos mémoires quelques images supplémentaires du Kenya et demain nous changeons de pays, il nous suffit de passer la frontière et de parcourir la dizaine de kilomètres pour rejoindre le village tanzanien de Horo Horo et de transformer nos shillings kenyans en shillings tanzaniens grâce aux magiciens du black-marcket. L’aventure kenyane aura été de courte durée mais riche en événements et en rencontres et nous a donné envie de revenir pour une visite plus approfondie.

J+63-66 / Marsabit la maudite jamais tu ne la quittes

Toc toc toc… Mmmm Grrrrr…Toc toc toc. Laetitia se lève. “Yes ?” “If you want there’s a departure to Nairobi” “No thanks, we take time to have a rest” “Ok no problem”. Il est 6 heures du matin, Laetitia se recouche pensant que c'est du bus dont on lui a parlé. Nous nous rendormons aussitôt. Pendant que Laetitia s’accorde une grâce mat bien méritée, je prends mon petit-déjeuner en solo et je pars explorer le bled. Et là je découvre le premier héritage que les anglais ont laissé aux kenyans : le brouillard. Je ne vois pas à dix mètres. Rapidement je découvre le deuxième, la pluie. Les gens apparaissent et disparaissent tels des fantômes. Il est 7 heures, tout le monde vaque à ses occupations, toutes les petites échoppes sont ouvertes, certains poussent des brouettes de nourriture vers la petite halle du marché en évitant les grandes flaques de boue. Les bouchers dépècent les bêtes et balancent les restes au milieu de la place où les chiens attendent comme nous le ferions au restaurant quand un plat tarde à venir. Vers 10 heures, le voile de brume se lève et laisse place au soleil, un changement de décor radical, de la Grande-Bretagne, téléportation immédiate vers le Kenya. Quand le soleil se pointe c’est l’heure de sortir Laetitia du lit, car contrairement aux british, le brouillard ce n’est pas sa tasse de thé. Enfin nous arrivons au troisième héritage de nos amis d’outre-manche : le thé…A Marsabit il n’y aura pas de vrai café, mais que du Nescafé. Espérons que cela changera quand nous descendrons plus au sud du Kenya.
Avant de partir en promenade dans les alentours de la ville, nous faisons un petit tour à la banque pour changer nos derniers birrs, mais la banque refuse notre monnaie éthiopienne et nous renvoie vers le marché noir du village ! Nous supposons que l’Ethiopie est un pays trop pauvre et sa monnaie trop instable. Nous voilà à négocier nos restes de birrs, mais nous y perdons. D’un taux de 7 nous passons à 6, par rapport à ce que nous avions changé à Moyale ; nous allons de vendeur en vendeur, et toujours le même taux, on nous propose même de nous les acheter à 5…nous finissons tout de même après une âpre négociation à obtenir 6.05 et ce sera leur denier mot. Bien dégoûtés nous partons découvrir la région, terre rouge-orange qui se détache de façon très nette sur la végétation d’un vert flamboyant. Le tout agrémenté de cônes volcaniques qui ressemblent à des pyramides et des cratères ; comme si les égyptiens étaient passés dans la région pour préparer leurs prototypes il y a quelques millions d’années de cela. De retour de ballade, nous regardons si le bus pour Isiolo est arrivé. Il n’est pas là. Nous glanons quelques informations à propos de la ligne de bus Moyale-Isiolo et nous apprenons que ce n’est absolument pas une ligne régulière comme indiqué dans notre guide, mais que les bus partent quand ils sont plein, mais que personnes ne veut les emprunter vu leur vétustés ! Les passagers préfèrent trouver une voiture personnelle ou monter sur le haut des camions pour les moins fortunés. Donc ce bus journalier se transforme la plupart du temps en bus hebdomadaire, et nous ne l’avons pas pris alors qu’il était là le soir de notre arrivée ; sans commentaire. Nous serons peut-être plus chanceux demain. Le soir à l’hôtel, nous apprenons que la personne qui nous a réveillé le matin venait pour nous proposer de nous emmener à Nairobi ! Voilà ce que c’est de ne pas poser de questions quand on n’est pas réveillé ! Nous avons loup é une super opportunité de quitter le village…
Le lendemain au réveil, le bras de Laetitia a doublé de volume, sans doute le voyage en camion et les 8 heures de poussière sans discontinuer. Heureusement un médecin tient un cabinet dans le même bâtiment que notre hôtel. Rapide diagnostique, infection et elle confirme que la poussière en est sûrement la cause : antibiotiques, anti-inflammatoires, et désinfectant « Sphinx » dont la formule n’est pas indiquée sur la bouteille ; sans doute une préparation d’un rebouteux local ! Nous finissons la journée à vous préparer des textes pour agrémenter le blog, et prier pour que le bus arrive ce soir, car même si ce petit oasis de verdure est très sympathique, nous de l’avons pas prévu au programme et notre avion pour Madagascar décolle le 15 décembre, nous sommes le 22 novembre, soit trois semaines pour visiter le Kenya et la Tanzanie, alors que nous avons passé six semaines en l’Éthiopie. Le compte à rebours est lancé. 18 heures et aucun bus à l’horizon. Demain nous nous lèverons à 6 heures, et passerons en mode auto-stop, car nous ne voulons pas renouveler l’aventure sur le sommet d’un camion, surtout que le bras de Laetitia ne s’est pas encore rétabli.
Petit déjeuner : café, œuf sur le plat, Nescafé et mandazi : pâtisserie locale délicieuse. Toilette au chant du coq, et nous nous enfonçons dans le brouillard direction la station service, le meilleur spot pour catcher des voitures. Au bout d’une heure et demi pas de voiture partant pour le long court, que de la desserte locale. Un jeune homme que nous avions vu l’avant-veille vient nous voir, nous annonçant qu’il a un plan dans un camion, je vais voir au cas ou il y ait de la place en cabine. Faux plan, le camion ne part pas aujourd’hui. Je rejoins Laetitia qui est restée en poste pour guetter les voitures, en chemin je vais voir les voitures à tout hasard. J’arrête un 4x4 flambant neuf, la vitre s’ouvre, je reconnais le gars que nous avions croisé la veille à l’internet et qui galérait comme nous avec la connexion super bas-débit. « Jambo, how are you? » « Fine, did you manage yesterday with your gmail” “Yes I did, with time its’always possible” “So, what do you want?” “ May-be you go to Isiolo” “Not today” “mmm” ‘ But, I leave Marsabit tomorrow to Nairobi, if you’re interested” “Yes, of course !” “ 7AM, tomorrow morning” “Great, how much” “It’s free” “Really ? Asanti sana, see you tomorrow then”. J’annonce la bonne nouvelle à Laetitia, fier comme un pécheur qui ramènerait une prise exceptionnelle à sa femme, de quoi nourrir le foyer pendant plusieurs jours. Sur ce, nous retournons à l’hôtel poser nos affaires. Cela fait sourire l’organisation de l’hôtel. Nous décidons d’occuper notre journée en partant à la découverte de la nature, direction l’entrée du parc, pour voir si nous ne trouvons pas un petit chemin de traverse qui pourrait nous emmener dans cette forêt semi tropicale, et nous le trouvons. Il nous permet de nous engager sur les coteaux de cette montagne volcanique, nous découvrirons des babouins Geladas pas farouches et une végétation luxuriante comme dans les films de Tarzan avec la couleur, l’odeur et les bruits en plus…c’est génial nous sommes en plein film d’aventure. Au sommet nous rebroussons chemin direction la civilisation. Arrivés au village, un homme nous accoste et nous apprend que la personne qui devait nous emmener le lendemain matin a été appelée en urgence, qu'il nous a cherché, mais nous ne trouvant pas il est parti il y a deux heures environs. Il 15 heures, on a les boules. Nous reprenons notre bâton de galérien et allons de voiture en voiture en espérant en trouver une pour le lendemain. Au bout d'une heure nous nous résignons, nous préparant psychologiquement à nous lever une nouvelle fois à l'aube pour affronter le brouillard dans l'espoir de trouver un véhicule, à moins que le bus n'arrive ce soir ; ce ne sera pas le cas. Nous méditons sur notre sort dans le restaurant désert de l'hôtel ; à déguster le même menu que la veille et l'avant-veille...
5 heures, réveil. 5h30 Nescafé et oeufs sur le plat. 6h, douche. 6h30 nous sommes sur la piste jouxtant la station service avec la ferme intention de quitter cette maudite ville de Marsabite. Un trucker nous propose de monter sur le sommet de son camion pour à peine le double du prix normal, nous ne demandons même pas pour la cabine. Deux heures plus tard le brouillard commence à se lever et nous n’avons pas bougé d'un centimètre. Un petit jeune vient nous voir et nous propose de chercher un plan pendant que nous tentons le stop. Une heure plus tard, il revient avec un embryon de solution, un camion doit partir dans l'après-midi pour Isiolo et pour un bon prix il pourrait nous faire monter en cabine. Marché conclut, il est 10 heures. Au cas ou le camion ne partirait pas nous continuons à demander à toutes les voitures qui passent. Il est 13 h pas de nouvelles du routier. Le jeune reste dans les parages et en discutant il nous apprend qu’ici un père peut marier sa fille en échange de 10 vaches. C’est ce qui est arrivé l’année dernière à sa sœur de 16 ans. Elle faisait des études qu’elle a du arrêter pour être mariée a un homme qu’elle ne connaissait pas. Aujourd’hui ils sont sépares et elle se retrouve sans rien et avec un bébé. Comment gâcher la vie de sa fille pour 10 malheureux bovins…14 heures nous regardons toujours les mouches voler, et les voitures électorales faisant le tour de la ville pour vanter les mérites de leur candidat et dispenser de l’argent à qui voudra bien voter pour eux, il s’agit de la campagne présidentielle. La démocratie s’achète 200 shillings kenyans la voix. 16 heures, le jeune homme revient et nous annonce que le camion ne devrait pas tarder à se mettre en route, le chauffeur est parti chercher des militaires pour l’escorte. Nous nous regardons avec Laetitia, nous demandant si c’est bien vrai que nous allons pouvoir enfin quitter Marsabit la Maudite...