28 novembre 2007

Une petite sélection de photos d'Ethiopie

La connexion tanzaniene ne nous permet pas d'en mettre en ligne autant que nous voudrions mais en voici quelques-unes.


La suite, demain

Comme promis...


Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.

J+61-62 / Born to be dust !

Un dernier regard en direction de l’Ethiopie et nous prenons la direction du centre ville, nos semelles battant la poussière. Un rapide coup d’œil sur les bâtiments nous fait comprendre que cette petite bourgade n’est pas là pour accueillir les touristes, mais plutôt des gens en transit en direction de l’Ethiopie ou de Nairobi. Nous trouvons une première guest-house au confort très relatif, bref nous repartons en quête d’un autre hôtel. Nous nous faisons aborder par un jeune homme à l’œil vitreux, la voix engageante et la démarche légèrement titubante, mais il arrivera à nous mener jusqu'à un hôtel où nous trouverons une piaule pour la nuit. Je lui lâche quelques birrs pour le service, il en profite pour m’informer qu’il y a un départ de voiture de l’UN demain pour 500 Ks par personne. Marché conclut, rendez-vous demain 7h.

Une bonne douche au seau d’eau froide dans une cabine en ciment pour nous nettoyer des dernières impuretés que nous avons récoltées ce matin avant notre départ de Dilla. Propres nous nous engageons dans les ruelles sombres, sales et poussiéreuses à la recherche d’un restaurant. Faute d’en trouver un, nous finissons dans une d’auberge où traînent trois tables en plastique et quelques chaises, deux gars dans l’ombre finissent un repas en silence. Nous prenons place et attendons que quelqu’un veuille bien s’occuper de nous, mais personne n’a l’air de s’intéresser à nous. Enfin le tenancier vient nous voir, et nous commandons ce qui est encore disponible, ce sera « Fried meat with bred and two Coca ». Les cocas sont chauds et la viande immonde. Il y a plus qu’à aller se coucher.

Bipbipbip, 6h30. Nous rencontrons notre gars qui a l’air d’aller un peu mieux, il nous présente les gars de l’UN, qui en faite ne sont que des sous-traitants qui vont escorter la voiture de l’UN jusqu'à Marsabit car la zone nord est sujette aux attaques de bandits. Le chauffeur nous donne rendez-vous à la barrière vers 9h, mais quelle barrière pas le temps de lui demander qu’il est parti avec son 4x4 direction la police station pour préparer son voyage. Petit déjeuner au Bagdad-Hotel, finit le café, bonjour le Nescafé. Puis nous attendons sur la place centrale avec notre contact qui nous dit de patiente, il gère. De là nous pouvons voir le bus pour Nairobi, il ne donne vraiment pas envie de s’y installer. Des trucks en train de charger marchandises et passagers ; mais aussi quelques pick-up qui font le plein de personnes. Cela donne l’impression que tout le monde doit partir en même temps, une sorte de convoyage. Enfin notre contact nous fait signe de nous dépêcher, nous le suivons, faisons quelques mètres et nous retrouvons face à la barrière surplombée par une guérite occupée par des militaires qui nous demande de les rejoindre. Contrôle des passeports, quelques questions sur notre destination, ils nous demandent le numéro de la plaque du véhicule qui va nous emmener…nous sommes incapables de répondre. Nous voyons notre voiture passer. Notre contact nous dit de nous presser. Les militaires sont en train de noter des informations dans leur registre, un autre part noter le numéro du véhicule. On nous rend nos passeports, notre contact nous dirige vers une voiture, ce n’est pas celle que nous avons vue ce matin. « How much for Marsabit ? » « One thousand each » « It’s joke, I think five hundreds is a good price » « Ok seven, come on ». On va pour mettre les sacs, et le gars nous dit que finalement son pick-up est plein. Demi tour direction le bus, qui lui ne partira pas aujourd’hui faute de passager. Merde. Cigarette pour décompresser et petit savon à notre gars qui trace sans demander son tips. Lalou ne veut pas rester dans cette ville maudite une minute de plus et prend la direction des trucks, pour 700 Ks nous voilà au sommet d’un truck chargé de ferraille, les passagers doivent s’installer sur les barres de l’armature. A ma gauche un militaire. Le moteur se met en route, chacun s’ajuste sur les barres en fer du camion, un autre militaire grimpe pour vérifier les identités de chacun, la barrière s’ouvre, et nous engageons sur la piste qui domine une plaine immense qui s’étend à perte de vue. Tous les camions partent les uns après les autres, autant dire que nous sommes rapidement dans un brouillard de poussière, malgré le soleil qui cogne déjà bien fort. Le militaire enclenche sa mitrailleuse.

Une demi-heure de trajet, nous nous arrêtons. Contrôle d’identité, tout le monde descend. Nous nous mettons en ligne. Et les uns après les autres nous présentons nos identités, pour les jeunes qui n’en possèdent pas, le militaire vérifie leur bras peut-être cherche t-il des scarifications qui serait signe de majorité ? Nous franchissons la barrière à pied et nous remontons. Se suivront trois contrôles d’identité, cela rythme ce voyage d’une monotonie affligeante, plat pays, piste poussiéreuse et sans virage, aucune habitation. Vers midi quelques montagnes en vue, pause déjeuner, une pluie diluvienne prend la place du soleil. La pause finie, le soleil revient, nous repartons à travers un paysage encore plus désertique, la verdure a disparue et laisse place a quelques rares arbustes qui tentent de survivre dans la caillasse volcanique. En route nous récupérons quelques passagers supplémentaires victimes d’une panne de voiture, nous sommes chanceux car c’est le véhicule que nous aurions du prendre ce matin. Nous en chargeons d’autres dans un petit village, le confort devient de plus en plus précaire. Laetitia commence avoir sérieusement mal au bras qu’elle s’est blessé au départ de Dilla.

Enfin nous arrivons à Marsabit, le soleil se couche. On ne propose un bus pour Nairobi, encore 13 heures de voyage, la réponse est non. Après 5 jours sur les routes, il faut que nous reposions sinon nous ne tiendrons pas la cadence et puis nous avons grand besoin d’une bonne douche, nous sommes couverts de cette poussière rouge qui s’immisce partout. Nous choisissons le Jey-jey Hotel, le meilleur de la ville selon le guide.

J+61 / Ouverture du festival de la Loose pour nos deux mois de voyage !

Nous sommes le 19 novembre, cela fait donc 2 mois que nous avons quitté Paris. Au programme aujourd’hui, rejoindre Moyale, passer la frontière et rejoindre le Kenya. Nous avons nos billets en poche pour le bus qui part à 6 heures. Nous devons être à 4h45 devant le bus, nous prenons donc le chemin de la gare routière toute proche. A cette heure, il fait nuit noire et la ville ne dispose bien sûr pas d’éclairage public. C’est donc presque à tâtons que nous marchons sur le chemin de terre où nous faisons notre maximum pour éviter les bosses. Nous discutons de savoir si il vaut mieux être à droite ou à gauche dans le bus, rapport au soleil qui tapera fort quand il se lèvera, quand dans un cri je tombe droite comme un piquet dans une tranchée d’1 mètre cinquante de profondeur pleine d’eaux boueuses ! Stan enlève ses sacs et s’approche pour voir comment me sortir de là, après bien sûr s’être assuré que je n’avais rien de cassé, non, tout à l’air d’aller, et en traîtresse, la tranchée dont les abords sont irréguliers l’avalent à son tour. Il s’en sort comme il peut, trempé et pour ma part je m'en extrais grâce à l’aide de deux personnes qui avaient du assister à la scène. Ils sont désolés. Pas autant que nous. Nous sommes trempés de ces eaux usées. En effet, de nombreux trous jalonnent les rues de ce pays et maintes fois nous nous étions dit que c’était super dangereux. La preuve ! Evidement, rien ne signale ces gouffres ou en empêche l’accès. Ils doivent servir à se évacuer les eaux et les touristes ! La scène a du être assez drôle à voir de loin et heureusement je me suis juste explosée le coude droit, ça saigne et c’est assez profond mais rien de cassé. Je n’ose même pas imaginer la suite de l’aventure si je m’étais cassé un truc. Nous nous changeons avant de monter dans le bus parce que 8 heures dans un bus en Ethiopie ce n’est déjà pas la joie mais dans des fringues mouillées et dégueulasses c’est inenvisageable. Nous nous installons juste au moment où je me fais une petite baisse de tension sûrement due à la chute et nous voilà partis direction le Kenya. Le voyage est long et fatiguant comme toujours mais nous arrivons à Moyale avant la nuit. Nous nous installons pour déguster un dernier café éthiopien et en profitons pour changer nos birrs en shillings kenyans, au marché noir, ici les banques ne font pas le change du Birr vers une quelconque monnaie ! Le taux n’est pas super intéressant par rapport à l’officiel mais nous n’avons pas le choix, nous gardons tout de même la moitié de nos birrs au cas où nous trouverions un meilleur taux. Nous allons vers les services de l’immigration éthiopienne. Nous savons dores et déjà que nous allons galérer. Deux jours plus tôt nous nous sommes rendus compte que le visa était d’un mois alors que nous le pensions de trois comme la plupart et cela fait presque 6 semaines que nous sommes dans le pays. C’est vrai que nous avons fait l’erreur de ne pas vérifier et maintenant nous nous retrouvons au pied du mur. Les douaniers se rendent tout de suite compte du problème, et nous donnent la solution, retourner à Addis pour obtenir la prolongation ! Génial ! Au ton que prend la discussion nous sentons bien qu’il va y avoir une autre solution, moins légale. Apres avoir parlementer longuement nous leur proposons 600 birrs, eux demandent 1000. En sachant qu’à Addis le visa coûte 360 birrs et qu’il faut au moins quatre jours aller-retour plus ce que cela nous coûterait en déplacements, hébergements et nourriture, si ils acceptent nous nous en sortons bien. La discussion se prolonge et ils finissent pas trouver notre proposition honnête et apposent enfin le tampon de sortie du pays. Ouf ! L’idée de devoir retourner à Addis nous rendait dingue, c’est quand même pas la porte à coté. Soulagés nous nous dirigeons maintenant vers les autorités kenyanes où les choses se passeront beaucoup mieux. Contre 100 dollars nous avons 3 mois de visa pour visiter le pays. La tuile c’est que nous n’avons pas tout ce temps ! Premièrement notre visa tanzanien pris à Paris sur les conseils de l’Ambassade tanzanienne expire le 14 décembre et deuxièmement, notre vol pour Madagascar initialement prévu le 14 décembre ne peut être décalé, la faute aux vacances de Noël. Nous avons donc jusqu'à cette date pour « visiter » le Kenya et la Tanzanie, autant dire mission impossible vu la taille de ces pays. Nous allons devoir faire une sacrée sélection sur les endroits où nous allons et croiser les doigts pour que les transports ne soient pas trop lents ! Un festival je vous dis !

Le bitume Moyale-Ethiopie prend fin, et nous voilà sur les routes de terre de Moyale-Kenya…

24 novembre 2007

J+58-60 / En route pour le Kenya

Réveil à Sodo, dans un hôtel en rénovation. Une ville où beaucoup de routes arrivent et partent : Direction Addis Abeba, Jima, Arba Minch, Awassa…une ville qui existe pour sa position stratégique, bref une ville où le touriste ne fait que passer, et surtout ne s’y arrête pas, nous n’avons donc rien a faire ici. Alors nous nous rendons sans tarder à la gare routière. Nous trouvons facilement un bus pour Chachemene, d’où nous devrons trouver un autre bus pour Awassa. En dehors d’une petite crevaison, rien de bien palpitant à raconter sur cette petite bourgade poussiéreuse où le quartier de la gare sent les eaux usées. A noter aussi que le Rastafari Haile Sellassie dans sa grande générosité a accordé quelques centaines d’hectares pour que les Rastamans candidats au retour pour la terre promise puissent s’installer non loin de là.
Une pause de deux nuits à Awassa, petite ville sympathique bordant un lac où se débattent hippomanes, pélicans, calaos et autres bestioles fort exotiques pour les farenjis.
Après cette petite pause dans ce recoin de paradis, nous reprenons nos baluchons pour la ville de Dilla, dernière grosse ville avant Moyale qui borde la frontière avec le Kenya. Apres trois petites heures de bus nous arrivons à Dilla en début d’après-midi. Nous déposons nos affaires dans un hôtel non loin de la gare routière, le départ pour Moyale se fait le lendemain à l’aube. Nous profitons de notre temps libre pour découvrir un site néolithique, où des menhirs ont été élevés il y a plus de 4 mille ans. Pour changer nous serons escortés par une garde rapprochée de youyou.
De retour nous prenons nos tickets de bus pour le lendemain, nous dînons et nous couchons…

J+56-57 / En route pour Sodo !

Petit déjeuner face à la piscine et quelques longueurs, nous sommes prêts pour la traversée d’ouest en est par 150 km de piste récemment créée pour éviter de remonter plus au nord ce qui obligeait à un détour de plus de 300 km. Objectif, la ville de Sodo, ce soir si possible. A la gare routière nous nous renseignons. Plus de bus pour Sodo, ni pour Waka, les prochains sont demain matin à l’aube ; la destination la plus proche est Sheki. Pas le choix, nous embarquons. Le temps de remplir le bus et nous quittons Jima dans un nuage de poussière, au son des imams appellant à la prière du sommet de leur minaret en tôle ondulée.
Trois quarts d’heure plus tard nous arrivons à Sheki. Nous sommes en plein marché, odeur d’épices, de terre, de biquettes, étales colorés…on aurait envie de s’y arrêter et de flâner, mais notre équipement et l’attention générale que nous suscitons nous décide à rapidement prendre la tangente pour la sortie de la ville, accompagnés de notre cortège habituel de bambins, scandant leur « you, you » « Farangi » « Money, give me money ! » et autre « What’s your name ». A ces questions nous dispensons nos réponses habituelles « Yo, yo » « No money » « My name is Joe ». Après une petite heure de marche, nous trouvons un endroit ombragé où nous posons nos paquetages en attendant le premier véhicule pour tendre le pouce. Trois quarts d’heure se passent, toujours pas de véhicule. Nous avons le temps de faire connaissance avec quelques personnes, qui nous disent que le mieux serait de retourner à Jima et de prendre le bus du lendemain matin…sans commentaire. Une petite clope pour faire venir un hypothétique véhicule, mais cet appel reste sans réponse. Encore trois quarts d’heure d’attente, et enfin le doux bruit d’un moteur ; puis de la poussière et enfin se dessine la silhouette d’un Isuzu ! Nous balançons nos sacs dans la benne, et nous grimpons. Une centaine de mètres plus loin premier arrêt. Le cauchemar commence, une cinquantaine de personnes nous rejoignent à l’arrière. Coincés sur nos sacs, voyant à peine le jour, nous sommes prêts à repartir ; le ticket man ramasse les birrs, on charge les retardataires et nous partons, heureusement car la chaleur commençait sérieusement à monter dans cette cage à bestiaux. Bosses, poussières, écrasement de pieds et coups de coudes dans les virages. Une heure et demi de ce traitement avant d’être déchargés dans un village sans hôtel, ni électricité.
Il est 17h30, nous avons parcouru à peine 50 km. Nous nous renseignons immédiatement pour savoir si un hébergement serait possible au cas où nous ne pourrions décoller d’ici avant la nuit, sachant qu’elle arrive dans une heure. Une femme nous présente le directeur de l’école, qui parle un anglais parfait. Il est prêt à nous laisser dormir dans l’école. Un brouhahas coupe notre conversation, une nuée de youyouyouyouyouyoyuou pique droit sur nous, malheur c’est la sortie de l’école, à peine le temps de réaliser que nous sommes déjà encerclé. Je dégaine mon diabolo, c’est l’explosion quand les enfants le voient monter dans le ciel. Imaginez la scène : soleil couchant éclairant des huttes qui se dessinent sur la crête qui se détache sur ce ciel crépusculaire, une centaine d’enfants, chèvres et vaches paissant tranquillement et vous serez proche de la réalité…Nous sommes interrompus dans cette douce ambiance bucolique par le ronflement d’un moteur Isuzuesque. Les sacs chargés dans la benne, nous grimpons à notre tour. La piste serpente à travers la montagne tout droit en direction du soleil couchant. Rapidement le soleil fait place à la nuit. Notre vue se limite maintenant à l’éclairage des phares et à quelques feux qui éclairent la montagne de temps à autre. Nous arrivons dans un village, où nous trouvons le gîte et le couvert. Rien de sensationnel : hôtel cellule et Injera avec un peu de fromage de chèvre local, rien à voir avec un Saint-Maure ou un petit Picodon.
Le lendemain, après s’être rincé la figure et avalé un café sur un tas de parpaing, nous repartons accompagnés d’une escorte bambinesque. Une heure plus tard, bruit de moteur dans le lointain, à la sortie du virage un bus. Il s’arrête, nous reconnaissons le Ticket Man de la veille. On embarque, on lâche 40 birrs pour un trajet jusqu'au village où nous pourrons changer de bus direction Sodo. Après une bonne heure de piste nous arrivons. Parfait le bus pour Sodo est là ; nous avons même la chance de trouver une bonne place, il n’y a plus qu’à attendre que le bus soit plein. Il est 11 heures, nous devrions arriver à Sodo avant la nuit. Une heure plus tard, pas plus de monde dans le bus. Laetitia s’endort, je fais un petit tour dans la gare routière, et j’apprends que notre bus est en panne et que nous attendons la pièce de rechange qui est en route… Voilà qui me laisse le temps de faire un tour au marché qui se tient tout près. Quelques personnes possèdent un étale, mais la plupart sont installés à même le sol, regroupés par marchandises : fruits, légumes, viande, tissus, épices, ustensiles…retour à la gare, la pièce n’est toujours pas arrivée. A l’ombre d’un arbre nous attendons. Un bus arrive, et le peu de passagers de notre bus remonte à bord, il ne faudrait pas que l’on nous prenne nos places. Un quart d’heure plus tard on nous fait descendre du bus, en nous annonçant que nous devons prendre un autre bus…une fois installés, nous apprenons qu’il ne va pas à Sodo, et que nous devons remonter dans le bus dans le quel nous étions. Mais la pièce n’est toujours pas arrivée, cela fait trois heures que nous sommes dans cette putain de gare. On prend nos clics et nos clacs et on s’arrache pour taper le stop. A peine sortis du village nous sommes pris par un 4x4, installés confortablement à l’arrière, le bonheur sera de courte durée, au village suivant nous sommes déposés. Direction la sortie du village, accompagnés par quelques badauds attirés par le teint clair de notre peau, puis par une nuée d’enfants rapidement chassés par des adultes. Une heure se passe, un Isuzu arrive. Il est vide et il se rend à Sodo. Nous chargeons quelques personnes en route, qui lâchent quelques Birrs, le Ticketman nous fait signe que ce n’est pas la peine pour nous. Peu avant le couché du soleil nous arrivons dans un village, tout le monde descend, le propriétaire du camion nous fait signe de passer à l’avant du camion. Pendant que nous attendons, des hommes chargent le camion de sac de farines, apparemment une partie du chargement vient d’une aide internationale. Quelques stops supplémentaires dans le village, et à la nuit tombée nous partons. Arrivée prévue vers 22 heures. Même si nous sommes à l’intérieur de la cabine, on ne peut pas dire que se soit le grand confort, quatre à l’avant dans une cabine qui peut accueillir au plus trois personnes, chauffeur compris. A 21h30, nous stoppons dans un hangar où une partie de la marchandise est déchargée. Deux hommes postés sur le haut du camion déposent un à un des sacs d’une bonne cinquantaine de kilos sur les épaules d’un homme qu,i tête recourbée sous le poids du sac, fait des allers-retours entre le camion et le hangar.
Le vent se lève, nous retrouvons enfin le bitume, comme on revoit un ami après de longs mois d’absence. Dans une demi-heure nous serons à Sodo. Le vent souffle de plus en plus fort, heureusement que nous sommes à l’abri dans notre cabine. Petit à petit les lumières de la ville font leur apparition ; puis les maisons, enfin le camion s’arrête devant un immeuble, le ticketman fait un rapide aller-retour et vient nous chercher. Nous pourrons dormir dans cet hôtel, si on le souhaite. On débarque nos affaires, le conducteur nous demande 100 birrs : « Sorry, but it’s just fifty by bus… » « Yes, but with me, it’s one hundred » « You can do a little price » « No ». On lâche les 100, et nous nous dirigeons vers l’hôtel, chambre pourrie, pas d’eau, pas de chiottes et c’est 70, et pas moyen de négocier. Nous faisons demi-tour, heureusement les gars du camion ne nous lâchent pas. Nous faisons le tour des hôtels en cametar. Le ticketman, courrant d’hôtel en hôtel pour voir si il y a de place. Teddy le ticketman, fini par nous trouver un hôtel à 50, nous prenons nos sacs, et nous le suivons. Nous passons le portail, nous voyons la tête du gardien changer au moment où il se rend compte que nous sommes des farengis. S’en suit une discussion en amharique, pour nous ce sera 80, notre chauffeur a beau défendre notre cause, il y a rien a faire. Fatigués, nous acceptons.

J+53-55 / Nous avons découvert le point zéro du café !

Jima se trouve dans la région de Kaffa, d’où d'ailleurs viendrait le mot café et où nous a-t-on dit nous pourrons trouver des forêts et semi-forêts de caféiers. Nous nous rendons au "Coffee Plantation Development Entreprise" où après avoir expliqué à un responsable ce que nous faisons dans le coin et dans le pays, il nous dit où aller pour trouver des caféiers mais surtout nous apprend qu'à quelques kilomètres se trouve ce que nous avons appelé le « point zéro du café », le présumé premier endroit où du café a été découvert ! Il est trop tard pour y aller mais ce sera le programme du lendemain. Nous décidons d'aller au palais d'Abi Jafar qui selon le guide ne se trouve pas très loin. C'est le palais du dernier roi Oromo avant sa réunification au royaume éthiopien par l'empereur Haile Selassie. Nous pensions faire une ballade digestive et c'était une véritable ascension qui nous attendait ! La piste n'en finit pas de grimper et nous n'avons aucune idée de la distance qu'il nous reste à parcourir. A chaque tournant nous espérons voir apparaître le palais. Quand nous y arrivons enfin, nous sommes un peu déçus, nous avions imaginé quelque chose de plus prestigieux que cette maison en bois aux toits en tôle ondulée ! La visite sera rapide, d'autant que les pièces sont vides, tous les meubles sont exposés dans le musée en ville !
Le jour de la mission « point zéro du café » est arrivé. Nous prenons un premier minibus pour rejoindre le village le plus proche de notre objectif. De part et d'autre de la route nous apercevons les caféiers et devant les maisons, des baies sèchent au soleil. Pas de doute nous sommes bien dans la bonne région. Le minibus nous arrête à un embranchement et nous commençons à marcher sur cette route ne sachant pas si des bus l'empruntent ou non. La ballade est agréable et nous rencontrons de nombreuses plantations de caféiers dans lesquelles les paysans récoltent les baies mures, celles qui sont rouges. Un bus nous amènera jusqu'au village suivant. Après une pause Coca-Cola où pratiquement tous les enfants du village se sont massés devant nous, un truc impressionnant ! Nous reprenons la piste à la recherche du « point zéro ». Nous entrons dans une forêt de caféiers à l’ombre d’arbres plus grands. Nous sommes entourés de ces arbres dont la récolte est en train de se faire. Les baies mures sont ramassées par les paysans qui malheureusement ne parlent pas anglais. Dans les grands arbres nous voyons des singes ! De grands singes noirs et blancs avec une longue queue se terminant en plumeau blanc lui aussi. Ils sont difficiles à prendre en photos, ils sont farouches et très rapides. Coté bestioles, il y a aussi les araignées. Elles sont assez grosses et tissent leur toile entre les caféiers au dessus du chemin, heureusement pour nous, assez haut pour que nous ne tombions pas dans leurs filets. Le petit chemin bifurque sur la gauche et s’élargit. Nous arrivons enfin sur ce qui nous a été annoncé comme l’endroit où ont été trouvés les premiers caféiers en Ethiopie, donc les premiers plants au monde ! Un truc énorme ! Comme l’Ethiopie n’est pas les Etats-Unis, pas de tickets d’entrée, pas de pancarte qui clignote ou de musique. Juste une hutte, vide et une stèle récemment posée. L’endroit est tranquille et même si ce n’est peut-être pas ici qu’on poussés les premiers plants de café c’est agréable d’y croire. Pendant que Stan immortalise cet instant par un dessin, je pars à la chasse aux singes. Avec un peu de patience et de silence je parviendrais à prendre quelques photos avec mon modeste zoom. Une petite photo pour se souvenir de cet instant important dans notre tour du monde et nous reprenons la route. Nous croisons des personnes qui nous parlent de la culture des caféiers…, en amharique. Voici ce que nous avons compris mais c’est bien sur sans garantie. Il semblerait que pour multiplier les plants, quand l’arbre a bien produit et qu’il arrive en fin de vie, il soit coupé à sa base. Des rejets poussent à partir de ce moignon de tronc et ce sont ces rejets qui seront bouturés pour donner de nouveaux pieds. Intéressant non ? Nous reprenons un pick-up chargé de sacs de baies rouges et ensuite un minibus pour retourner à Jima, contents de notre journée qui marque un point important de notre tour du monde…

23 novembre 2007

Information Générale

Ca y est, nous sommes au Kenya depuis 3 jours. Nous allons decouvrir une nouvelle population, une autre culture, une langue encore differente...
Tout va bien et les textes manquants vont être mis à jour très bientôt (encore merci à Dinh pour son intervention).
Nous avons enfin pu nous connecter au blog après 6 semaines, bien que ce soit très difficile, c'est pour ca que c'est Dinh qui mettra en ligne pour nous les autres textes plus longs. Merci à tous pour vos commentaires, c'etait sympa de vous retrouver. Continuez comme ca ! Bisous à tous.

17 novembre 2007

J+45-52 / Poussières, asphalte et pneus usés…

4h30 du matin, l'heure de quitter Lalibela et de prendre le bus direction Addis Ababa, avec une étape pour dormir à Dessie. Nous arrivons à la gare routière à 5 heures du matin, pensant devoir attendre une bonne demi-heure avant que les autres passagers se présentent mais, malgré la pluie ils sont déjà là installés dans le bus et ont déjà pris possession des bonnes places, il s'en est fallut de peu pour que nous ne soyons pas assis l'un à côté de l'autre. Patiemment nous attendons le départ ; pendant ce temps des enfants montent dans le bus et proposent mouchoirs, soft drink, biscuits, des "prêtres" donnent une bénédiction contre quelques birrs, et des mendiants font la charité. Le moteur démarre, le ticketman commence à récolter l'argent du voyage, vérifie que le bus est complet, ferme les portes et c'est le départ pour la longue course qui va nous emmener jusqu'à Addis Ababa. Levé de soleil sur des montagnes encore brumeuses, poussière des camions que nous doublons, secousses incessantes sur cette piste plus que défoncée, odeur de vomi de notre voisine, musique éthiopienne volume maximum, et soyez heureux si les enceintes sont en bonne état…C'est le même programme à chaque voyage avec quelques variations, on peut parfois ajouter une ou deux crevaisons, ce qui permet de fumer une cigarette. Très peu d'éthiopiens connaissent le plaisir de l'intoxication pulmonaire, il n'y a donc jamais de pause cigarette lors des voyages en autocar, tout au plus une pause pipi, ce qui ne laisse jamais le temps de se fumer une bonne "Nyala" ; la plus longue pause que vous pouvez avoir, c'est la pause déjeuner qui se situe entre 10h et 12h selon la position du relais routier sur le parcours et elle dure rarement plus de 20 minutes. Voilà pour l'ambiance d'un voyage en bus. Après ce petit intermède d'information routière, la nuit s'approche il est donc temps pour notre caravane de trouver un endroit pour la nuit. Le bus entre en gare de Dessie, et là c'est la cohue des rabatteurs hôteliers pour ramener du client. Nous finirons avec d'autres éthiopiens dans un hôtel dans une chambre-cellule (une enfilade de chambres pourvues seulement d'un lit, d'une bassine et d'une bouteille d'eau pour la toilette) avec vue sur "gare routière", tout cela pour 20 birrs, parfait.
Le lendemain 5h, nous sommes avec tout le monde en train d'attendre l'ouverture des grilles. Quand elles s'ouvrent nous nous engouffrons tel un torrent dans la gare, chacun rejoint le bus qui l'emmènera vers d'autres horizons. Cinq minutes plus tard nous sommes dans le bus, même scène que la veille, départ 6 heures. Les paysages défilent, enfin de l'asphalte, mais faux espoir l'asphalte est pleine de trous, donc les secousses continuent. Vivement que la période des grands travaux soit terminée, d'ici trois ans peut-être.
Vers 15 heures nous arrivons à Addis Ababa, nous débarquons à Macanania, sans doute la plus grosse station de bus urbains de la ville, une bonne centaine de bus, taxis et d'autocars s'y croisent dans une sorte de chaos que seuls les conducteurs peuvent déchiffrer. A l'écoute du nom de notre destination scandée par les ticketmen à l'affût de clients, nous finissons par trouver notre minibus qui nous emmène jusque chez Nardos, où nous pensons restez un jour ou deux avant de repartir pour Kaffa, dans le sud-ouest. Mais c'était sans compter sur la force de persuasion de Nardos. Nous resterons finalement 5 jours dans ce petit Neuilly Addis Ababien. Nous en profiterons pour affiner notre connaissance de la capitale. Nous prenons contact avec Jean-Paul, un contact français que nous avait donne une amie, qui nous fait découvrir les plaisirs de la vie nocturne d'Addis. On commence soft par un bar-restaurant de musique traditionnelle pour finir dans un bar à la lumière tamisée, avec des chanteuses aux tenues très suggestives…
Nous passerons aussi à la "Coffee and Tea Autority", nous y glanerons quelques informations à propos du café. Nous apprenons qu'il se classe en cinq qualités de 1 a 5, et en Washed et Unwashed. Les meilleurs cafés sont en général les Washed, mais il faut une exception puisque le meilleur café d'Ethiopie est le Harrar, qualité 2 et Unwashed ; en effet, il est récolté avec tellement de soin qu'il ne nécessite pas de lavage ; le deuxième meilleur café d'Ethiopie est le Yarga Cheffe classe 4, Washed. On ne lave que les cafés qui permettent d'avoir une plus-value. Si cela continue nous allons devenir des experts…
Vendredi départ pour Jima, 350 km plus au sud, nous décidons de partir vers midi, pour Walkite ville moyenne sur la route de Jima. Après trois heures de bus sur un asphalte parfait, et un changement à Waliso, nous arrivons. Nous trouvons à nous loger dans un motel, au passage j'apprendrais les règles du billard éthiopien. Un savant mélange entre le snoocker, la pétanque et le bowling. Dès le lendemain matin nous repartons pour Jima. Etant donné les prix du bus, qui ont doublés par rapport à la partie nord du pays nous choisissons l'option autostop. A peine le temps d'arriver à la sortie du village qu'un truck s'arrête et nous embarque pour notre destination finale. Nous surplombons la route, avec une vue à 180 degrés sur les montagnes, Laetitia sur un siège à suspension, le bonheur du voyageur éthiopien ! Nous serpentons pendant une bonne heure, et nous prenons une pause dans une ancienne base datant de l'occupation italienne, le chauffeur se chargera au Tchat pour se remettre de sa cuite au Whisky. Il nous apprend qu'il se rend à la frontière soudanaise pour livrer du matos et que la route peut être dangereuse la nuit, il en profite pour nous montrer son 7.65 made in USSR. Heureusement qu'il nous avait dit avant qu'il est routier pour l'UN et qu'il va livrer du matériel de construction pour un camp de réfugiés…Nous reprenons la route où l'asphalte se dégrade de plus en plus. Le soleil descend lentement et nous ne sommes toujours pas en vue de Jima ; le soleil finit par se coucher, un pneu du camion en profite pour éclater. Nous voilà à changer une roue dans la nuit noire. Pendant que le mécano s'occupe de refroidir l'essieu le chauffeur remonte dans sa cabine et ressort avec son flingue, petit moment d'angoisse quand il le pointe vers moi. Heureusement il le retourne et me dis de faire attention car il est chargé. De voyageur, je suis promu garde du corps… La roue changée, nous repartons ; trois quarts d'heure plus tard nous arrivons enfin. Le chauffeur nous déposera devant l'hôtel principal et refusera tout dédommagement. L'hôtel est plein, nous nous en rendons dans le plus proche qui est plein aussi. Le réceptionniste nous apprend que le lendemain a lieu la remise des diplômes à l'université de Jima et que tous les hôtels de la ville sont complets. Il est 22h30. Deux personnes de l'hôtel partent explorer la ville pour nous, ils reviennent bredouilles. Le frère du patron de retour de Seattle, nous propose de dormir à même le sol dans un des bureaux, nous acceptons sans hésitation. Enfin nous pouvons utiliser nos sacs de couchage!



8 novembre 2007

J+40-42 / Pèlerinage en auto-stop!

Cinq heures trente, je me lève pour m’entraîner dans une salle de Taekwendo, avec des éthiopiens qui ont bien voulu d’un Farenji pendant leur entraînement. De retour à l’hôtel, nous prenons notre petit déjeuner et nous quittons Bahar-Dar pour nous rendre à Lalibela, ville aux 11 églises creusées à même la roche. Elle se situe à plus de 300 km à l’est du Lac Tana, perchée à 2800 m, le seul moyen d’y accéder est d’emprunter la piste chinoise. Comme à notre habitude nous perdons un peu de temps et nous ne quitterons la ville qu’en début d’après-midi à bord d’un bus qui nous déposera à Wareta. Il est trop tard pour aller plus loin et c’est là que nous passerons la nuit. Le premier hôtel propose un prix aussi attractif que les toilettes sont répulsifs ; nous irons finalement au Paradise Hôtel. Le lendemain nous décidons de continuer notre chemin en auto-stop, nous nous rendons à pied à la sortie de la ville sous un soleil brûlant. Un long ruban d’asphalte se déroule devant nous. Nous croiserons quelques vautours en train de finir de dépecer une vache sur le bord de la route. Arrivés à la bifurcation pour Lalibela nous nous installons et attendons notre première voiture. Nous n’aurons pas longtemps à attendre au bout d’un quart d’heure le premier 4x4 arrive et nous charge ainsi que nos sacs. Puis ce sera au tour d’un bus, et pour terminer notre journée nous finirons à l’arrière d’un camion où nous pourrons apprécier le goût de la poussière que chaque véhicule laisse derrière lui.

Il est 17 heures, la nuit tombe sur Gayinet nous devons trouver un hôtel dans cette ville à l’ambiance farwest avant que nous ne soyons dans une totale obscurité. Nous visiterons quatre hôtels avant de trouver le bon. Ce sera un petit « hôtel cellules » au confort rudimentaire, où nous croiserons un médecin de l’United Nation qui y passe également la nuit. Il nous invitera à dîner dans un petit restaurant perdu dans des ruelles sombres en raison d’une coupure d’électricité. A 19h30 retour dans notre cellule éclairée à la bougie.

Nous serons réveillés le lendemain par l’hôtelier qui tambourine à la porte nous faisant comprendre que nous devons plier bagages avant 8 h. Le petit déjeuner avalé, nous nous mettons en marche direction la sortie de la ville pour taper le stop. Une heure plus tard et quelques paysages plus loin un camion s’arrête, nous ferons un bout de piste avec lui, puis nous finirons dans un semi-remorque qui nous déposera à l’embranchement pour Lalibela. Pour quelques birrs nous prendrons un déjeuner local, suivit de deux excellents cafés. Et nous repartons sous le soleil, au bout de quelques minutes nous quittons le plateau pour plonger dans une vallée magnifique d’où les montagnes s’étendent jusqu'à la limite de notre vue. Une nouvelle fois ce sera un routier qui nous sortira de cette piste poussiéreuse. Apres deux heures de poussière, de cailloux et de virages, nous arrivons enfin à Lalibela. Sans soucis nous trouvons notre hôtel qui est parfait, cour fleurie, décoration agréable, eau chaude, toilettes en bon état et un prix tout à fait raisonnable.

Demain nous pourrons allez donner nos offrandes monétaires à l’entrée des églises de Lalibela.

J+37-39 / A la source du Nil bleu

Bahar Dar n’est pas une ville exceptionnelle mais elle a l’avantage d’être extrêmement bien située, au bord du Lac Tana, le plus grand lac d’Ethiopie, 3500 km2, sur lequel se trouvent une trentaines d’îles qui abritent des monastères, et à proximité des Chutes du Nil et de la source du fleuve du même nom. Dès que nous sortons de notre hôtel on nous propose des ballades en bateau à tous les prix et nous décidons d’attendre un peu de voir quelles sont les possibilités. Pour la première journée, nous décidons d’explorer la région à vélo. Contrairement aux autres villes éthiopiennes, Bahar Dar et ses environs sont totalement plats et beaucoup de monde utilise ce mode de transport. Nous louons donc deux bicyclettes tout a fait identiques et partons et allons jusqu’au pont qui enjambe le Nil. Il est gardé par deux soldats, un à chaque bout comme sur chaque pont d’Ethiopie, pour assurer la sécurité et empêcher les gens de prendre des photos. Nous ne verrons pas les hippopotames et les crocodiles dont parlait le guide mais c’est tout de même impressionnant de se retrouver au dessus d’un des deux plus grands fleuves du monde. Nous rejoignons des chemins qui s’enfoncent dans les terres où se mêlent habitations, cultures et forêt. Nous atteindrons les bords du lac Tana où des enfants se lavent et se baignent, parfait pour une petite pause. Nous aurons l’occasion de voir des pêcheurs partir sur leur tankwa, une embarcation traditionnelle ressemblant à une pirogue, faite de papyrus et datant des temps pharaoniques. Nous reprenons nos vélos et nous laissons guider sur les chemins caillouteux avant de rejoindre la route principale. C’est vraiment agréable de se balader sur ces routes avec si peu de circulation, les paysages sont magnifiques et nous parcourons de bonnes distances sans nous en rendre compte. De retour à l’hôtel, nous rencontrons un jeune homme qui nous propose une sortie en bateau le surlendemain pour visiter les monastères. Sa proposition nous intéresse mais nous avons un doute quant à son honnêteté. Nous refusons tout d’abord de lui verser les arrhes, il ne peut nous fournir de reçu, nous lui donnons rendez-vous le lendemain matin et nous laissons la nuit pour réfléchir. Ce soir c’est mon anniversaire, puisque nous sommes en 2000, je fête mes 27 ans et non mes 34 ! Après nous être fait tout propre et tout beau, nous nous installons au restaurant de l’hôtel pour fêter ça, au bord du lac, une chandelle sur la table et un feu tout près. Stan m’a offert une paire de boucles d’oreilles en argent d’artisanat local que nous avions achetée à Addis, et que, pour la petite histoire, j‘ai du payer moi-même, il avait oublié sa carte bleue ! Le lendemain, au programme : visite des Chutes du Nil. Avant de partir nous retrouvons Mola pour voir si cette fois il nous fourni un reçu en échange des arrhes. C’est le cas, nous sommes rassurés et prenons le pari que tout se passera bien pour le bateau. Après une heure de bus nous arrivons dans un village près des chutes. Nous nous acquittons du droit d’entrée et partons à leur recherche, non sans avoir refusé l’aide des dizaines de guides locaux, nous savons que nous n’en avons pas besoin. En chemin nous croisons une foule de personnes qui se rendent au marché dans le village avec leurs ânes, chèvres, vaches et des sacs de nourriture. Après une bonne heure et demie de marche nous les voyons enfin. Elles sont impressionnantes - attendez de voir les photos - mais malheureusement bien moins qu’auparavant, un barrage retient 90 % du débit en amont. Sur le chemin du retour, pendant que j‘attend Stan parti photographier un petit pont de pierre avec l’autorisation du militaire, un homme me propose de me vendre sa Kalachnikov parce qu’il a besoin d’argent. J’ai été surprise et en ai oublié de demander le prix par curiosité !

Dimanche, pendant que certains vont à la messe, nous nous préparons à partir en bateau visiter les monastères. Nous espérons que Mola sera au rendez-vous et nous tombons sur lui des la sortie de l’hôtel. Nous embarquons avec une heure de retard. Le bateau semble très lent et nous nous demandons comment nous aurons le temps de visiter les 5 monastères dans les 5 heures que doit durer la promenade. Nous irons également sur une péninsule sur laquelle nous pourrons trouver des plantations de café. Cela nous intéresse d’ailleurs plus que les monuments religieux. Nous arrivons sur une première ile et au vu du prix exorbitant qui nous est demandé pour entrer, nous refusons, d’autant que nous savons que sur la péninsule se trouve l’un des plus beaux. Direction cette fameuse péninsule ou nous tombons tout de suite sur une semi-foret de caféiers.

J+35-36 / Direction la source du Nil bleu

Aujourd’hui nous quittons Addis Abeba pour Bahar Dar. Comme à chacun de nos déplacements, nous avons une petite anecdote à raconter ! Pour faire court, cette fois-ci, nous avons failli nous faire éjecter du bus ! Comme nous ne savons toujours pas lire l’amahrique même après trois semaines en Ethiopie, dès notre arrive à la gare routière nous avons montré nos billets aux employés pour qu’ils nous indiquent le bon bus. Il y en a une bonne centaine et ce n’était pas évident. Notre bus n’est pas encore là mais nous attendons comme tout le monde en nous disant qu’il y aura du retard. C’est une fois dans le bus que le contrôleur nous signale que nous ne sommes pas dans le bon ! Il va bien a Bahar Dar mais nos billets sont ceux d‘une autre compagnie et nous devons descendre ! Un comble puisque ce sont les employés qui nous ont indiqué ce bus... Il nous faudra nous fâcher et négocier ferme pour ne pas céder. La solution qu’ils nous proposent ne nous convient pas vraiment, acheter d’autres billets – le bon bus est évidemment déjà parti, à l’heure pour une fois - et prendre le prochain, … le lendemain. Du coup nous serons les deux de trop pendant les longues heures que durera ce voyage. Des passagers ont préféré nous laisser leurs sièges malgré notre insistance et voyager sur un tabouret dans l’allée ! Un sens de l’hospitalité qui nous a beaucoup touchés.

Pour Bahar Dar, deux routes s’offraient a nous. Une première d’un jour et demi sur une route asphaltée et la deuxième moins confortable mais d’une dizaine d’heure « seulement ». Nous nous sommes risqués sur la deuxième en ayant mal estimé la notion de « moins confortable » qu’il fallait traduire par piste caillouteuse avec trous et bosses... Cela n’a en rien enlevé la beauté des paysages, notamment les gorges du Nil qui sont très impressionnantes. Le bus a pris du retard notamment à cause d’une crevaison, qui nous a laisses pendant une heure sur le bord de la route, observés par les villageois et à contempler les sublimes paysages qui nous entourent. Nous n’avons donc pas tiré avantage à avoir choisi la route la plus courte puisque nous avons du nous arrêter pour dormir dans un petit village, les bus ne roulant pas la nuit. C’est donc dans un petit hôtel à 12 birrs soit à peine plus d’un euro que nous avons attendu le lendemain 6h pour continuer notre voyage. Pour ce prix là, le minimum, un lit, une bassine et une bouteille d’eau pour la toilette, en prime, les puces mais ça, nous nous en sommes rendus compte le lendemain matin en comptant nos boutons. Dans le bus nous avions discuté avec Micha et Yeraga qui parlent anglais avec qui nous avons dîné et passé la soirée au cours de laquelle ils nous ont appris un jeu de carte, le Seca, qui peut aussi se jouer à deux – ça changera de la bataille ! Après une dernière crevaison nous sommes enfin arrivés à Bahar Dar au bord du lac Tana. Nous avons élu domicile au Ghion Hôtel, ancien hôtel gouvernemental qui fait face au lac et dont les chambres de plain-pied ont toute un petit jardin exotique. Un peu cher par rapport à d’habitude mais ça fait du bien de se trouver dans un tel cadre et nous ne pouvons résister.